« L’AMREF ouvre sa base régionale en Afrique de l’Ouest, au Sénégal, avec l’ambition de venir en aide aux populations vulnérables de toute la région »

 

Silvia Tolve, chargée des programmes de l’AMREF France a rejoint une mission de la toute nouvelle équipe installée à Dakar et dirigée par le Dr Ngom.Depuis quand l’AMREF a-t-elle ouvert un nouveau bureau au Sénégal ?

 

Docteur NGOM : Après quelques mois de recherches, d’analyse des domaines prioritaires d’intervention et l’obtention d’un agrément pour l’exercice de nos activités, nous avons ouvert notre bureau à la fin du mois d’août 2011, dans la ville de Dakar et pu initier notre première mission santé en novembre. Sur cette première mission de trois jours en Casamance, les Flying doctors ont apporté des soins à 30 femmes et ont mené 9 opérations chirurgicales de la fistule vésico-vaginale, pathologie très handicapante pour les femmes.

 

 

Silvia TOLVE : Il faut ajouter que l’idée de l’ouverture d’un bureau régional en Afrique de l’Ouest n’est pas nouvelle pour notre organisation, elle provient d’une demande de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé en 2007. Une fois la mission d’évaluation menée et les premiers financements trouvés grâce notamment au  Club Santé Afrique, le bureau a pu ouvrir à notre très grande satisfaction ! L’AMREF a ouvert cette base régionale en Afrique de l’Ouest, au Sénégal, avec l’ambition de venir en aide aux populations vulnérables de toute la région. 

 

Quelle est la particularité de l’AMREF en Afrique de l’Ouestet quels sont ses liens avec les différents bureaux de l’organisation ?
Silvia TOLVE : Le pôle Afrique de l’Ouest de l’AMREF, a pour vocation d’être un bureau rayonnant sur l’intégralité de la zone pour la coordination des programmes de santé.Cette base régionale sera reliée à celle de Nairobi au Kenya pour la création de programmes panafricain.
Docteur NGOM : Le Sénégal sera le premier pays d’Afrique francophone à bénéficier d’un programme continu de renforcement des systèmes de santé. Nous tenteronsd’utiliser l’expérience de l’AMREF dans les pays d’Afrique de l’Est et de transposer les succès obtenus en les adaptant au contexte de chaque pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal.

 

Qui sont les principaux bénéficiaires des programmes de santé et sur quels domaines l’association intervient-elle?
Silvia TOLVE : A travers ses différentes activités, l’AMREF vise à relever plusieurs défis: la lutte contre les grandes épidémies comme le VIH et le paludisme, la baisse de la mortalité maternelle et infantilela formation de personnel de santé africains, l’accès à l’eau salubre et l’amélioration des conditions sanitaires et d’hygiène. Enfin, sachant que 70% des populations africaines vivent dans les zones rurales, l’AMREF donneaccès aux soins à ces communautés isolées.


 

Docteur NGOM : Le bureau de l’AMREF en Afrique de l’Ouest se concentre sur quatre grands programmes de santé prioritaires :
Nous développons des activités d’assistance médicale dispensée par les Flying Doctors dans les régions reculées comme Matam, Tambacounda, Kédougou, Kolda, Sédhiou, Ziguinchor en ciblant les femmes porteuses de fistules obstétricales : pathologie qui constitue un important facteur de morbidité. Mais aussi les personnes porteuses de cataracte et les enfants qui vivent avec une fente labiopalatine ou bec de lièvre et se trouvent quotidiennement discriminés.  L’AMREF œuvre aussi au renforcement des compétences des agents de santé lors des interventions chirurgicales des Flying doctors. Enfin, il s’agit d’appuyer les laboratoires et mettre en place des programmes de formation E-Learning.
L’équipe travaille également avec des enfants scolarisés au sein des écoles et collèges sur la sensibilisation à l’hygiène, l’accès à l’eau et à l’assainissement avec l’approche PHASE (Personal Hygiene And Sanitation Education). La diffusion de cette méthode pédagogique d’éducation à l’hygiène démarrera en mars 2012 dans deux régions du Sénégal.
Afin de permettre aux populations rurales d’avoir accès aux soins, nous utilisons les NTIC (telles que Internet, la connexion satellite, la téléphonie mobile…) à travers un grand programme pilote de télémédecine qui met en relation les professionnels des villes et ceux des zones rurales.

 

Avec qui l’association collabore-t-elle sur place ?
Silvia TOLVE : Ce bureau régional collabore avec le Ministère de la Santé, et le Ministère de l’éducation ainsi que les Conseils Régionaux. Par ailleurs l’AMREF Afrique de l’Ouest entretien des liens forts avec les autres organisations humanitaires locales et internationales présentes sur le terrain.
Docteur NGOM : Nous collaborons en effet avec beaucoup d’institutions, notamment avec un collège d’experts africains présidé par le Professeur Souleymane MBOUP codécouvreur du VIH 2, mais aussi avec les communautés de base.

Que peut-on souhaiter à l’AMREF Afrique de l’Ouest pour son lancement ?

Silvia TOLVE : Je souhaite sincèrement que ce bureau vienne en aide à un maximum de personnes dans le besoin, en particulier dans les zones rurales en totale coopération avec les institutions locales.

Docteur NGOM : J’espère que nous allons pouvoir développer un maximum de programmes de santé pour aider les plus vulnérables de cette région mais aussi renforcer et coordonner les programmes de formation de personnels de santé, contribuer à la réduction de la morbidité liée au paludisme, au VIH/Sida et aux affections liées à l’eau.  Je profite de cette opportunité qui nous est offerte pour vous interpeller :nous avons besoin de votre soutien pour faire évoluer la santé en Afrique de l’Ouest !

Une question plus personnelle, pourquoi avez-vous choisi de vous engager pour l’AMREF?

Silvia TOLVE : J’aime l’idée de travailler pour une association africaine composée quasi intégralement d’africains: médecins, sages-femmes, spécialistes de différents domaines de la santé, laborantins, chargés de programmes, ingénieurs, bénévoles…L’AMREF promeut des réponses africaines aux problématiques de santé africaines en cherchant à offrir des solutions durables gérées par les communautés elles-mêmes et non la transposition d’un modèle occidental.
Docteur NGOM : J’ai été séduit en lisant l’histoire de plus de 50 ans de l’AMREF créée par des chirurgiens qui ont décidé un jour de venir en aide aux populations les plus vulnérables et isolées.  Quand j’ai visité le siège et les programmes mis en œuvre par l’AMREF, j’ai réalisé qu’avec l’aide de cette organisation, les populations sont amenées à identifier leurs problèmes et à participer à leur résolution. Par ailleurs, c’est une organisation très novatrice qui utilise les nouvelles technologies et promeut  la formation de personnel de santé à travers le E-learning, le M-learning et la télémédecine. Enfin, apporter ma modeste contribution en tant qu’africain à une organisation pleinement africaine et participer ainsi à la mise en œuvre des solutions africaines était pour moi primordial.

Propos recueillis par Alice Comte

 

Sur la photo Silvia Tolve, Souleymane Mboup et Mor Ngom

BIOGRAPHIE:

La  coordination des programmes du bureau de l’AMREF en France est assurée par  Silvia TOLVE, experte dans l’utilisation des nouvelles technologies dans les pays à faibles revenus. Silvia travaille dans la solidarité internationale depuis plus de 5 ans.

La coordination des programmes de l’AMREF pour l’Afrique de l’ouest est assurée par  Mor NGOM, médecin expert en Santé Publique depuis plus de vingt ans, il travaille dans l’humanitaire  depuis 1999 sur divers projets de santé et de lutte contre le VIH/Sida.

http://www.amref.fr