(Xinhua) — Invention pour la médecine cardiologique mise au point par un jeune ingénieur polytechnicien camerounais, Marc Arthur Zang Adzaba, près de 25 ans, le Cardio Pad, sera bientôt disponible dans les hôpitaux, a appris Xinhua.

Trois ans après sa conception en 2009, l’appareil subit en ce moment des tests d’utilisation avant sa mise à disposition au profit des patients cardiaques à travers la remise le mois prochain d’un lot de dix exemplaires au ministère de la Santé publique, a révélé le concepteur.

Le Cardio Pad, breveté à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI, basée à Yaoundé), est en fait trois appareils en un : un électrocardiographe, un radioscope et un tensiomètre numérique. Le prix de vente est fixé entre 1,9 et 2 millions de francs CFA (entre 3.800 et 4.000 USD).

Cet appareil, pour Arthur Zang, « permet d’effectuer des examens cardiaques, en particulier l’électrocardiogramme, et de transmettre le résultat de ces examens à distance via une connexion GPRS dont la tablette est munie.

Il se connecte au réseau téléphonique mobile, c’est-à-dire on met une puce à l’intérieur, autrement dit une carte SIM ». Avec sa partie matérielle semblable à celle des tablettes, cet appareil est en outre décrit comme étant portable.

« C’est-à-dire qu’on peut transmettre un électrocardiogramme de n’importe quel village vers les villes, ce qui permet aux cardiologues en ville de diagnostiquer les patients dans les villages sans se déplacer ».

« Une grande partie de la première production sera d’abord destinée aux hôpitaux camerounais. Parce qu’il faut savoir que ces exemplaires ont été fabriqués grâce à une subvention du ministère de la Santé publique, sur instructions du chef de l’Etat. Donc, nous avons reçu une somme de 20 millions de francs CFA (40.000 USD) », a fait savoir dans un entretien à Xinhua Marc Arthur Zang Adzaba.

Les 10 premiers exemplaires font partie d’un ensemble de trente spécimens récemment fabriqués en Chine grâce aux fonds reçus, un soutien rare pour les inventeurs camerounais qui témoigne à l’observation de l’intérêt des pouvoirs publics à l’égard de cette innovation.

« En Chine, on fabrique uniquement les pièces de l’appareil, mais les appareils sont montés à Yaoundé, et tous les logiciels sont conçus et développés à Yaoundé. La société Himore Medical que nous avons fondée en avril, est chargée de manufacturer et de distribuer les différents appareils », informe Zang, diplômé de l’Ecole nationale supérieure polytechnique (ENSP) de Yaoundé.

Dans un pays où l’on dénombre moins de 40 cardiologues pour plus de 20 millions d’habitants, exerçant presque exclusivement à Yaoundé et Douala, le Cardio Pad est considéré comme une bouffée d’oxygène offerte autant aux patients qu’aux médecins.

« C’est un appareil conçu pour résoudre un problème bien précis : équiper les hôpitaux de district qui n’ont pas assez de moyens. Il est livré en kit-mallette à l’intérieur duquel on a le Cardio Pad (et) les amplificateurs, c’est-à-dire tous les éléments électroniques qui permettent de faire l’examen cardiaque », explique Marc Arthur Zang Adzaba.

Dans sa micro-entreprise installée en face du campus de l’Université de Yaoundé I, deux amis, Jean Cédric Evina Ondoa, ingénieur en informatique, également sorti de l’Ecole nationale supérieure polytechnique, et Jean-Pierre Abessolo, informaticien diplômé pour sa part de l’Université de Yaoundé I, sont venus s’associer à l’aventure.

Ignorée par les banques et les investisseurs auxquels le jeune homme avait appel pour donner corps à son projet, cette invention a finalement pu évoluer pour sa phase de prototypage grâce à un crédit de 700.000 francs CFA (1.400 USD) contracté par sa mère, infirmière dans un hôpital public.

« Tout a commencé en 2009, j’avais vu le fonctionnement d’un appareil médical dans un livre d’informatique, j’ai trouvé ça très intéressant, la manière avec laquelle on applique l’informatique pour résoudre les problèmes de médecine. Alors, je me suis dit qu’il faudrait que j’en fasse de même », se souvient-il.

Une rencontre avec le Pr. Samuel Kingue, alors responsable du service de cardiologie à l’Hôpital général de Yaoundé, marquera le déclic du processus de mise au point du Cardio Pad.

Marqué par l’intérêt du jeune Camerounais pour l’ingénierie médicale, le Pr. Kingué accepte de le prendre sous sa férule. Il l’encadrera, d’abord dans l’initiation au mécanisme de traitement du signal cardiaque, et plus tard dans l’acquisition des connaissances dans le domaine de la médecine et de la cardiologie, puis la transmission des données pour l’interprétation.

Avec son invention, le jeune ingénieur de conception, de père professeur de français à l’Université de Yaoundé I, dit appréhender « un avenir radieux », « vu l’intérêt des pays qui nous ont contactés ».

Lu sur http://www.afriscoop.net