Le médecin Denis Mukwege VOA.jpg

Depuis quatorze ans, ce gynécologue congolais vient en aide aux femmes victimes de viols en République démocratique du Congo (RDC). Aujourd’hui, il reçoit le prix Right Livelihood.

Le gynécologue congolais Denis Mukwege est le lauréat du prix Right Livelihood, aussi appelé « prix Nobel alternatif ». Il est récompensé pour son travail en faveur des femmes victimes de violences sexuelles en RDC. Avec son équipe, à l’hôpital Panzi de Kinshasa, Denis Mukwege a soigné quelque 40 000 femmes et enfants qui ont été violés et mutilés dans les combats de l’est de la RDC.

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NELSON MANDELA – Ses cheveux en grains de poivre. Ses mains à la peau glabre et satinée, tendue, aux doigts replets. Ses poings fermés et pourtant doux comme deux amphores d’huile sacrée moulées de terre glaise pétrie et polie. La terre de Qunu. Ce balancement d’une jambe vers l’autre, ce sourire tendre et ces paupières pudiques, ces poings parant le plexus, non pour se protéger comme un boxeur, mais pour rythmer cette danse de la sérénité. La nation arc-en-ciel est proclamée, les résultats des premières élections libres, que certains appellent multiraciales, sont sans appel.

C’est la première fois que je foule le sol sud-africain. Mais c’est déjà la deuxième fois que je rencontreNelson Mandela.

Je m’étais blottie contre lui à Paris, en un lieu pourtant solennel, au ministère des Affaires étrangères. Sous le ciel d’un bleu austral, sous cette lumière à la fois vive et cordiale, il danse. Je suis fascinée. Figée comme un colibri ébloui par un alpinia fredonnant. Je le reverrai plusieurs fois. Et chaque fois, je cèderai au magnétisme.

Mais dès la première fois, ce pays inconnu m’est familier. Par la grâce de ses incomparables auteurs, de littérature, d’arts, de musique, de toutes expressions qui font la langue commune des hommes, sous toutes les latitudes où l’on refuse l’oppression, l’exclusion, la violence, l’aliénation, l’arbitraire. Et voilà la Terre, toute étonnée de se voir et se savoir assez ronde pour se mirer dans ce rêve grandiose d’une fraternité en actes, rêve si prompt à se dérober.

Voilà pourquoi Madiba est à nous tous. Voilà pourquoi quatre générations se sont emparées de ce sourire d’aurore, de cette voix pulmonneuse, de cette démarche qui s’assure à chaque pas que le sol ne se détourne pas. Voilà pourquoi nous n’avons pas le droit, même si nos esprits sont en lambeaux et nos âmes éperdues, même si l’horizon joue à s’esquiver, même si le monde est désorienté, nous n’avons pas le droit d’en faire une icône. De le désincarner. De le poncer, le lisser.

Tant d’élégance dans la fermeté, tant de douceur dans l’exigence, tant de constance et de clairvoyance, tant d’intelligence des moments et des lieux, déjà au temps des querelles fratricides, tant d’aptitudes à saisir en totalité cette humanité asynchrone, appellent au moins notre fidélité et la précision de nos mémoires: Madiba est un rebelle, généreux et résolu, courtois et buté, cultivant l’ambition d’entendre à la fois la voix intérieure qui dit le chemin de l’intégrité et le chant du monde sous le vacarme des égoïsmes, des insatiables voracités, des fureurs mégalomaniaques, des embardées de bons sentiments.

Je pleure, je ris, je frémis, je scande en écoutant Amandla! Miles Davis cherche, poursuit, aspire de sa trompette le saxophone de Kenny Garrett, Marcus Miller flatte vigoureusement sa basse, Joe Sample extorque à son piano des notes sans vacillation, et Bashiri Johnson percute, percute.
J’ai envie de me réconforter moi-même, de me consoler. Et je me dis, quoiqu’il arrive, le monde qui a donné naissance à Rolihlahla « celui qui vient poser des problèmes » et n’a pu l’empêcher de devenir Madiba, malgré, malgré tant et tout, ce monde ne sombrera plus jamais dans l’ignoble et l’horreur. Mais je sais qu’en ce moment même, je me mens. Alors, désemparée, avec Pablo Neruda je cède:

« Si je pouvais pleurer de peur dans une maison abandonnée
Si je pouvais m’arracher les yeux et les manger
Je le ferais pour ta voix d’oranger endeuillé
Et pour ta poésie qui jaillit en criant
Parce que pour toi poussent les écoles
Et les hérissons s’envolent vers le ciel »

Repose en paix, Madiba. Nos cœurs, ton linceul.
CHRISTIANE TAUBIRA
Lu sur le http://www.huffingtonpost.fr/christiane-taubira/nelson-mandela–rolihlahla-monde_b_4394382.html

Voici une vidéo qui reflète bien l’Homme magnifique qu’était MADIBA

 

Ndeyssane MADIBA D’AMOUR 
Va en paix maintenant, tu en as tellement fait
Va dans la Lumière et continue de nous éclairer de ton amour inconditionnel
Va te reposer avec la reconnaissance de l’Humanité toute entière pour avoir prouvé qu’un être humain a en lui une force inaltérable, une volonté extraordinaire, l’amour et le pardon pour ses ennemis les plus féroces…
Merci de nous avoir montré qui nous sommes et qui nous pouvons être…
MERCI pour tout ce que tu as fait pour l’Afrique
Nous t’aimons !

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Nelson Mandela, les chemins inattendus

par Achille Mbembe

Son nom scandé sur les cinq continents est synonyme de résistance, de libération, d’universalité. Lutteur entêté autant que malicieux, Nelson Mandela a fêté ses 95 ans. L’idée même que l’on se prosterne au pied de sa statue l’a toujours exaspéré : mieux vaut aller de l’avant et poursuivre la tâche immense de l’émancipation.

Une fois Nelson Mandela éteint, l’on sera en droit de déclarer la fin du XXe siècle. L’homme qui, aujourd’hui, se trouve au crépuscule de sa vie en aura été l’une des figures emblématiques. Exception faite de Fidel Castro, il est peut-être le dernier d’une lignée de grands hommes vouée à l’extinction, tant notre époque est pressée d’en finir une fois pour toutes avec les mythes.

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