[Infographie] Kenya, startups et innovation : les raisons d’un succès africain
Sourceur, accélérateur et financeur de startups du monde entier (avec un focus particulier sur les pays émergents et notamment les BRICS) SeedStars est un accélérateur et un fonds d’investissement suisse – basé à Genève – qui vient d’achever un périple de plusieurs mois pour identifier les meilleurs startups à l’international, à travers l’organisation de mini-concours locaux. Chaque finaliste par pays étant invité à participer à la finale du 4 février à Genève (inscription ici).

SeedStars vient de produire une infographie particulièrement intéressante qui détaille le fonctionnement de l’écosystème innovation au Kenya : avec ses 44 millions d’habitants et une économie où 31% du PIB passe par le e-payment (notamment via les services de paiments mobile proposée par Success Story nationale M-Pesa, le fleuron de l’opérateur Safaricom), le Kenya commence à faire figure de poids lourd de l’économie numérique sur le continent africain, aux côtés du Nigéria et de l’Afrique du Sud. Et loin (et parfois très loin) devant des pays possédant une démographie comparable comme le Cameroun ou la République Démocratique du Congo. A tel point que plusieurs observateurs parlent maintenant de l’émergence d’une Savannah Valley du côté de Nairobi, à l’image de la mondialement célèbre Silicon Valley Californienne.

Autre point fort à relever, l’implication des pouvoirs publics dans l’amélioration des infrastructures et pour soutenir un secteur privé très actif pour aider les startups kényannes : on dénombre aujourd’hui plus de 1200 business angels et fonds d’investissements privés au Kenya, tandis que le gouvernement a investi près de 140 millions d’US$ dans des startups locales.

NAIROBI infographic 1 [Infographie] Kenya, startups et innovation : les raisons dun succès africain

 

Lu sur http://startupbrics.com/infographie-kenya-startups-et-innovation-les-raisons-dun-succes-africain/#%21

Leolein

Découvrez aujourd’hui le portrait de Leolein WADO JOUSSE. Ce jeune ingénieur de 26 ans, a conçu une éplucheuse à pommes de terre “made in Cameroon”. Leolein nous donne une fois de plus, l’opportunité d’exposer un génie dans la jeunesse camerounaise. A travers ce portrait, revivez  la genèse du produit, les difficultés qu’il a rencontrées mais surtout la réalisation d’un rêve.

Bonjour Leolein, avant de découvrir cette éplucheuse à pommes de terre, peux-tu  en quelques lignes te présenter à nos lecteurs ?

Bonjour, je me nomme WADO JOUSSE Leolein et je suis né le 19 mars 1987. J’ai commencé mes études secondaires dans l’enseignement général pour ensuite me réorienter dans l’enseignement technique, en spécialité « Fabrication mécanique ». J’ai obtenu un Baccalauréat F1 en 2008.

Au terme de ces études secondaires, j’ai été admis au concours d’entrée à l’ENSET.  Cette dernière est une école de l’Université de Douala ayant pour objectif de former les professeurs des lycées d’enseignement technique. Autrement dit, les ingénieurs pédagogues. J’y ai passé cinq années d’études et je suis donc titulaire d’un DIPET II, qui est le Diplôme de Professeur d’Enseignement Technique de deuxième grade.

Comment t’est venue l’idée de concevoir cette éplucheuse à pommes de terre ?

L’idée m’est venue quand j’ai intégré l’ENSET en 2008. J’avais pris l’habitude de me rendre au restaurant universitaire avec mon camarade Arthur Ngongang, et je m’étais rendu compte que nous commandions systématiquement les mêmes menus. Il s’agissait essentiellement de ceux composés de riz et de spaghettis. Un midi, dans les rangs pour le service, las de la routine, j’ai demandé à Arthur s’il n’est pas possible que les responsables de la cantine, pour changer, nous servent des pommes de terre.  Arthur me rappela alors qu’au vu du nombre d’étudiants que comptait l’université de Douala (33 000 à l’époque), il serait impossible d’éplucher la quantité de pommes de terre nécessaire.

De retour en classe, me rappelant que dans le cadre de l’obtention de leur diplôme, les étudiants doivent rédiger un projet qui apporte une solution aux problèmes de la société, j’ai proposé à Arthur de concevoir une machine à éplucher les pommes de terre. Réticent au départ, j’ai fini par le convaincre en lui expliquant que la mission première des ingénieurs que nous aspirions à devenir est de concevoir des systèmes mécaniques qui facilitent le quotidien de la population.  Il a adhéré à la proposition de projet et nous avons conçu et réalisé une éplucheuse à pommes de terre en 2010.

Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées  tout au long du processus de conception de cette machine ?

Nous avons rencontré de nombreux obstacles. Nous n’étions que deux même si nous nous sommes fait accompagner par nos encadreurs, notamment le  Directeur Adjoint de l’ENSET,  le Professeur Ebenezer NDJEUGNA que je tiens à remercier pour avoir pris le temps de travailler avec nous.

Nous avons eu d’énormes difficultés techniques au niveau de la conception de l’abrasif qui est à l’intérieur du cylindre : nous avions pensé à un sablage alimentaire, mais nous avons eu de la peine à trouver une colle qui fasse adhérer le sable sur la paroi. Les colles généralement utilisées étant nocives pour l’organisme.

L’autre difficulté majeure a été le dispositif d’arrosage. Tel que nous avions conçu la machine, il fallait fixer un dispositif d’arrosage relié à une vanne avec un automate programmable géré par des capteurs, de manière à faire automatiquement démarrer le moteur dès que la pomme de terre  est présente dans la cuve. Etant donné l’absence de moyens financiers conséquents, nous avons abandonné cette idée pour procéder de façon mécanique.

Cette machine a donc été entièrement fabriquée à la main : du cintrage à la soudure !

Quel est le processus pour breveter une telle invention  au Cameroun ?

Le processus est simple. Nous avons eu la chance de participer aux Journées Technologiques en 2011. Pour l’occasion, il nous avait été demandé de faire une demande de brevet. Nous avons déposé la demande au Ministère des Industries, des Mines et du Développement Technologique. Le brevet nous a été accordé et nos travaux de recherche sont depuis lors subventionnés par le Ministère.

Je voudrais préciser aux jeunes étudiants inventeurs/concepteurs que nous gagnons à faire breveter nos mémoires et projets de recherche. La subvention du Ministère est de l’ordre de 65 000 Francs CFA par an pour les cinq première années, puis de 100 000 Francs CFA de la cinquième à la dixième année. Le brevet garantit une protection de la propriété intellectuelle pour 20 ans.

IMG_0444

Comment envisages-tu ton avenir professionnel ?

Je suis titulaire d’un DIPEG II, Diplôme de Professeur d’Enseignement Technique de deuxième grade en Fabrication mécanique. Je souhaite poursuivre un Master en Mécatronique et pourquoi pas, décrocher un Doctorat.

La mécatronique est une combinaison synergique et systémique entre l’informatique, l’électronique et la mécanique. Je veux allier l’électronique et l’informatique pour concevoir des systèmes beaucoup plus sophistiqués. Je souhaite parfaire ma formation à l’étranger et revenir au Cameroun pour monter une entreprise de fabrication de machines et de pièces pour l’industrie agroalimentaire.

S’agissant de la machine conçue, penses-tu qu’il existe une demande conséquente vis-à-vis de ton produit au Cameroun ?

J’ai fait une étude de marché en 2010. Cette étude était axée sur les unités de restauration, d’hôtellerie, les entreprises de production de chips et les ménages. Je me suis rendu compte que cette machine est en demande par les unités de restauration, d’hôtellerie et les industries de production des chips et de biscuits.

Le volume important de la machine n’est par contre pas propice à un usage ménager. Nous avons donc entrepris de concevoir un modèle à l’attention des ménages ; il devrait être mis sur pieds sous peu.

Si le produit venait à être mis sur le marché, à quel prix envisagerais-tu sa mise en vente?

Vous savez que le prix d’un produit est fonction de la quantité demandée. Pour le moment, j’envisagerai de l’écouler à 500 000 F CFA l’unité.

As-tu rencontré des personnes/organismes qui assistent les ingénieurs dans la conception et la commercialisation de leurs produits ?

Je n’ai pas connaissance d’une telle institution. Si jamais vous connaissez des plates-formes qui peuvent venir en aide aux  jeunes comme moi, ça me ferait énormément plaisir.

Qu’est-ce que tu pourrais attendre d’une telle plate-forme ?

J’attendrais d’une telle plate-forme qu’elle m’aide à acquérir des compétences managériales pour faire une étude de marché plus précise ; ainsi que des compétences commerciales pour m’aider à commercialiser cette machine à grande échelle.

Merci Léolein de nous avoir permis, à travers cette interview, de découvrir le génie de la Jeunesse Camerounaise.

 

Lu sur http://sjc-online.com/leolein-wado-ingenieur/