Autant d’honneur pour une personnalité prouve à suffisance qu’un bienfait n’est jamais ignoré. Inspiré par Gandhi, Nelson Mandela symbolise le « Père » de l’Afrique du Sud nouvelle. 

Nelson Mandela, est né le 18 juillet 1918 à Mvezo, petit village en Afrique du Sud. Après le décès de son père, chef de la tribu en 1927, âgé de neuf ans, il est confié à son oncle. À seize ans, Nelson Mandela est initié pour devenir un homme, selon la coutume Xhosa. Il part ensuite poursuivre ses études dans un établissement anglais renommé, le Clarkebury Institute. Élève doué, il obtient son brevet scolaire en deux ans au lieu de trois. En 1937, il intègre le lycée de Fort Beaufort puis l’année suivante la très élitiste université anglaise de Fort Hare, sorte de Cambridge local destiné à former les futurs cadres administratifs d’Afrique du Sud. Ici, Mandela prend véritablement conscience de la situation faite aux noirs dans leur propre pays. Désigné représentant du Conseil des étudiants, il y commence ses premiers combats contre l’administration blanche toute puissante, ce qui lui vaut d’être exclu de l’université. Plus tard, il se retrouve chez Walter Sisulu, qui le fait engager comme stagiaire au bureau de l’avocat Lazar Sidelsky. Nelson Mandela y travaillera tout en poursuivant ses études à l’université de Witwatersrand jusqu’à l’obtention d’une Licence en Droit en 1942. En 1943, il participe à sa première manifestation, puis adhère à l’ANC et co-fonde en 1944 la Ligue de la Jeunesse de l’ANC en compagnie de Walter Sisulu, Oliver Tambo et Anton Lembede. En 1948, le Parti National Afrikaner remporte les élections. Daniel Malan, nommé premier ministre, s’engage dans une intense politique d’apartheid. L’ANC riposte et se transforme en grande organisation politique. Walter Sisulu est élu secrétaire général, Oliver Tambo et Nelson Mandela deviennent membres de la direction nationale. Après le vote d’une loi interdisant le communisme, l’ANC et le SACP feront alliance, modifiant ainsi le rapport des forces politiques en Afrique du Sud. En 1952, la campagne de désobéissance civile incitant les noirs à ne pas respecter les lois racistes connaît un grand succès. Nelson Mandela, devenu avocat des Noirs en butte à l’injustice des règles administratives, est arrêté par la police le 30 juillet 1952 et condamné à neuf mois de travaux forcés, mais la sentence reste suspendue. En 1955, il participe à la rédaction de la Charte de la liberté dont l’objectif est de lutter contre la ségrégation raciale et l’apartheid. Il voyage en Afrique et au Royaume-Uni. En décembre 1956, il est arrêté avec 150 militants de l’ANC et accusé de trahison mais tous seront acquittés après un long procès en 1961. Entre-temps, Nelson Mandela a épousé en 1958 Winnie Madikizela. Après le massacre de Sharpeville en 1960 qui voit la police sud-africaine tirer sur la foule et tuer 69 manifestants, le Congrès National Africain est officiellement interdit en Afrique du Sud. Nelson Mandela crée alors un mouvement armé clandestin baptisé « Umkhonto we Sizwe » (Lance de la Nation), dont il devient le commandant en chef. Il est arrêté en 1962 et condamné à cinq ans de prison pour avoir quitté le territoire sans autorisation et incité à la grève. L’année suivante, il est inculpé de sabotage et haute trahison, condamné en 1964 avec sept autres militants à la prison à perpétuité et incarcéré sur l’îlot-bagne de Robben Island, au large du Cap.

Du célèbre détenu au prix Nobel de la paix

Le détenu numéro 46664 croupit en prison pendant plus de 26 ans, jusqu’en février 1990, après avoir toutefois bénéficié d’un régime de résidence surveillée à partir de 1988. Il devient, au fil des années, le prisonnier politique le plus célèbre de l’histoire. À sa libération, il prend la tête de l’ANC (redevenu en 1990 parti politique autorisé) et entreprend des négociations avec le gouvernement blanc de Frederik de Klerk qui aboutissent à la fin de la politique d’apartheid et à des élections générales au suffrage universel. Ce travail commun contre le racisme et pour l’établissement de la démocratie dans le pays, malgré les oppositions et les violences, vaudra aux deux hommes le Prix Nobel de la Paix 1993. Nelson Mandela est élu le 27 avril 1994, après la victoire de l’ANC qui obtient 62,65% des voix. Sa prestation de serment le 10 mai 1994, devant 180 délégations étrangères et de nombreux chefs d’Etat du monde entier (Al Gore et Hillary Clinton, Fidel Castro, le prince Philip pour Elizabeth II, etc), marque le retour de l’Afrique du Sud dans le concert des nations. La date du 27 avril devient le « Jour de la Liberté », désormais jour férié national. Nelson Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud, fonction qu’il occupe jusqu’en 1999 avec deux vice-présidents à ses côtés, le noir Thabo Mbeki et le blanc Frederik de Klerk, et un gouvernement d’union nationale composé de l’ANC, du Parti National Afrikaner et du parti zoulou Inkhata. Son but était de bâtir une « nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et le monde ». Il crée la commission « Vérité et réconciliation », présidée par l’archevêque anglican et prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, afin de juger des exactions et des crimes commis pendant l’apartheid. Après avoir divorcé en 1996 avec Winnie, il épouse en 1998 Graça Machel, veuve de l’ancien président mozambicain Samora Machel. En 1999, il ne se représente pas pour un second mandat et laisse Thabo Mbeki, déjà président de l’ANC depuis 1997, lui succéder à la présidence de l’Afrique du Sud. Mandela devient alors le premier dirigeant noir de l’Afrique du Sud. En 2004, il est élu première personnalité sud-africaine. Aujourd’hui, malgré son âge avancé, il garde un grand intérêt à la lutte contre le vih/sida surtout en Afrique qui regorge de 22,4 millions de personnes séropositives (en 2007). (Source Rep. Des Lettres)
Par Jamil Thiam

Lu sur Le Nouvel Afrique