Le village de Kalom, dans la communauté rurale de Ngayokheme, dans l’est du Sénégal, a acquis sa centrale électrique à biomasse à la fin-juin 2012. Une électrification rurale qui se fait grâce aux coques d’arachide et tiges de mil sèches devenues une source d’énergie à conserver.
D’un coût de 130 millions de francs CFA (environ 245.283 dollars), cette centrale permet d’assurer la lumière dans les maisons, pour l’éclairage public, et l’ensemble des matériels à usage électrique, notamment le moulin à mil dont se servent les femmes à travers leurs activités quotidiennes. La centrale de Kalom est le fruit de la coopération entre le village et la fondation allemande Stadtwerke Mainz.
Pour un début, cette centrale qui a une puissance de 32 kilowatts, n’exploite que 15 pour cent de sa capacité normale, selon Almami N’diaye, un technicien chargé du contrôle du bon fonctionnement de l’installation.
«Pour éclairer le village pendant une semaine, il nous faut plus de trois tonnes de coques d’arachides ou de tiges de mil. Actuellement, nous n’en manquons pas parce que les villageois ont l’habitude de conserver ces résidus» après les récoltes, explique-t-il à IPS.
Ndiaye ajoute que ces résidus, qui étaient sans utilité, sont devenus une denrée essentielle pour les populations qui les ramassent en grandes quantités pour les besoins d’alimentation de la centrale électrique.
«Avant, pour charger les batteries de nos téléphones portables, tout le monde cotisait 100 FCFA (moins d’un cent US) par appareil qu’on remettait à un jeune qu’on envoyait à Fatick, la ville la plus proche à plus de 20 kilomètres. Et, il fallait attendre encore une semaine pour aller les recharger», déclare Abdoulaye Faye, un enseignant de Kalom. «Maintenant, nous chargeons nos batteries à la maison. Notre village est un exemple pilote».
Selon Faye, les coques d’arachides et les tiges de mil sont devenues source de richesse pour les populations. «Les résidus sont pesés et cette activité occupe notamment les jeunes car un kilogramme est vendu à 125 FCFA au moins en fonction de la qualité des résidus. Je suis aussi parfois tenté de le faire», dit-il à IPS.
François Sène, un paysan du village, affirme que depuis que la centrale a commencé à fonctionner, lui et toute sa famille vont, chaque jour, à la recherche des résidus pour les vendre.
«Par jour, on peut gagner 5.000 FCFA (environ, 9,5 dollars). Après les activités champêtres, avec mes cinq garçons et mes deux femmes, nous allons à recherche de résidus avant de rentrer. C’est une aubaine pour nous de gagner un peu d’argent avec cette activité…», indique-t-il à IPS.
La sage-femme de la localité, Ami Mbaye, est heureuse d’avoir maintenant la lumière électrique grâce à la centrale. Avant, déclare-t-elle, il fallait des lampes tempêtes pour accoucher une femme la nuit, mais avec l’électrification du centre de santé, c’est plus facile et agréable de soigner les patientes.
«Cela n’a pas été facile pour nous de travailler pendant la nuit…Actuellement, on n’a plus de problème. Il reste seulement que l’Etat nous fasse l’installation de certaines machines pour plus d’efficacité dans nos travaux», affirme-t-elle à IPS.
Wolla Ndiaye, sénateur et cadre du village, explique que face à certaines charges liées au paiement de la facture mensuelle qui varie de 50.000 à 60.000 FCFA (entre 94 et 113 dollars), pour tout Kalom, il serait important que les 15 autres villages de la communauté rurale, puissent être connectés au réseau de la centrale.
Selon Ndiaye, chaque maison doit payer, pour sa consommation, suivant le nombre d’ampoules ou de matériels électriques qu’elle utilise, et le prix du kilowatt est 250 FCFA (environ 47 cents).
«Grâce à ce joyau, les 1.300 âmes qui vivent dans les 115 concessions du village, où est implantée la centrale à biomasse, sont connectées au réseau, sauf trois maisons actuellement en construction. Et on a une production en électricité non consommée de plus de 80 pour cent», affirme-t-il à IPS.
Le ministre sénégalais de l’Energie et des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, a promis d’étudier les moyens d’exporter l’électricité de la centrale de Kalom vers d’autres localités et d’accorder à ce village l’autorisation de vendre l’énergie produite sur place.
«Non seulement vous avez le droit d’avoir de l’électricité au même titre que les populations des villes, mais aussi en tant qu’originaire du monde rural, je sais comment le manque de courant peut freiner le développement de la cité», déclare le ministre à IPS. Il a promis d’en discuter avec l’Agence sénégalaise pour l’électrification rurale afin d’obtenir que la production énergétique générée à Kalom puisse servir aux autres villages de la communauté rurale.
Selon Alioune Diouf, responsable du suivi des projets du Programme national de biogaz au ministère de l’Energie et des Mines (PNB), le gouvernement avait initié le PNB au Sénégal en 2006 dont l’objectif était d’assurer durablement l’approvisionnement des ménages péri-urbains et ruraux en énergie pour l’éclairage et la cuisson.
« Ainsi des projets d’électrification à base de résidus ont été lancés en 2008 dans les régions de Kaolack, Fatick (ouest du pays), Ziguinchor et Kolda (sud) », dit-il à IPS, indiquant que 325 biodigesteurs ont été installés dans les régions concernées de juin 2010 à la mi-2012. « Nous envisageons environ 8.000 d’ici à 2013 », ajoute Diouf.
PAR KOFFIGAN E. ADIGBLI
Lu sur http://fr.allafrica.com