L’AFROPESSIMISME (Chronique d’une manipulation… par NGOMBULU
Quiconque est habitué à regarder les chaînes de télévision occidentales, finit par croire que la misère est une normalité en Afrique. Une ribambelle de gamins crasseux au coin d’une rue implorant la pitié du dieu dollar ; des cadavres jonchant les trottoirs des cités désertes en Somalie ; des caniveaux remplis d’ordures ménagères ; des malades du sida agonisant dans des hospices mal éclairés et tutti quanti. C’est ce genre de reportages qui fait exploser l’audimat en Occident. Voir des Nègres languir, conforte certains Occidentaux dans leurs fantasmes. L’émission Envoyé spécial est spécialiste en la matière. Au lieu de parcourir autant de kilomètres pour chercher le désastre en Afrique, les équipes de reporters feraient mieux d’aller filmer dans les Balkans, mais aussi les oubliés de l’Europe. Il suffirait de se rendre à Groznyï ou dans n’importe quelle cité tchétchène pour trouver des enfants squelettiques ou des populations sous alimentées. En Albanie, Roumanie, Moldavie (pour ne citer que ces trois pays), les mendiants professionnels se comptent par milliers. A Chisinau, des jeunes filles se prostituent pour le prix d’une bouteille de coca-cola ; à Constanza, la mendicité infantile est flagrante. En Albanie, des familles sillonnent les campagnes pour trouver de quoi se mettre sous la dent. La signalisation routière à Tirana n’a rien à envier à celle d’un village. Pour les trafiquants d’organe, ces pays européens sont des grandes surfaces bon marché, où chacun s’approvisionne en reins, foie, poumons, bras, jambes, cœur… Prélever des organes sur des vivants ou des cadavres, les chirurgiens s’en donnent à cœur joie. Apparemment, ce commerce est très juteux dans une région du monde dit civilisé. La vente du corps humain en pièce détachée au cœur de l’Europe, ne semble pas émouvoir grand monde. Tout cela est bien triste. Et pourtant, les mêmes chaînes de télévision s’abstiennent de montrer cette réalité et se focalisent uniquement sur celle des pays africains. Pour quelles raisons ? Inciter les Africains à se renier, et ça marche !
L’Europe se préoccupe de cacher ses lambeaux, mais n’hésite pas à exhiber ceux des autres. L’objectivité voudrait qu’elle montre toute sa garde robe. L’Afrique coquette existe. Pourquoi est-elle occultée ? Les taudis de Lisbonne, Naples, Athènes, Nicosie… n’apparaîtront jamais sur les écrans en Afrique. Chypre se vide de sa population à cause de la misère. Celle-ci émigre en masse au Royaume-Uni sans que cela ne fasse grand bruit dans les médias. Les téléspectateurs africains auront toujours droit aux images de la Tour Effel, la Cathédrale de la Sagrada familia, Tower bridge ou la verte pelouse de Black Heath. Toutes ces images ont un impact considérable sur les téléspectateurs incultes. Elles provoquent un afro-pessimisme obsessionnel. « Oh ! L’Afrique, c’est la fille aînée de la pauvreté », clament les cassandres.
Pour se démarquer de leurs congénères et échapper au mépris, de nombreux Africains vivant dans l’Hexagone se désafricanisent en se faisant appeler Afropéens, une identité artificielle reconnue nulle part. Les plus « raffinés » se considèrent comme des métis culturels, malgré leur fort accent et leur goût prononcé pour la sauce gombo. Ces derniers se bousculent lors des meetings politiques pour être au premier rang. Sourire forcé aux lèvres, ils applaudissent des négrophobes patentés dans l’optique d’obtenir un strapontin. Conseiller municipal dans un hameau, voilà une fonction qui ferait la fierté d’un Afropéen, même s’il méritait mieux. Curieusement, ce sont ces mêmes cancres qui se plaignent de l’arrivée massive des Chinois en Afrique. Les Chinois sont très clairvoyants. Ils savent que derrière chaque calamité en Afrique se cache un gisement de diamant ou de coltan. Ils ne se laissent pas décourager par des propagandistes bien rémunérés. Ce peuple a compris, qu’avec les médias occidentaux, il faut tout le temps réinterpréter l’actualité, surtout celle concernant les pays du Tiers-monde. Contrairement aux Afropéens, les Chinois sont hermétiques à toute propagande. En Chine, une mauvaise actualité sur l’Afrique fait grimper la bourse. Les demandes de visa dans les consulats africains en Chine sont des indices révélateurs. Le chinois ordinaire n’espère qu’une chose, s’installer en Afrique pour devenir grand. Une fois le visa accordé, Mr Li Shen Chang rassemblera quelques babioles fabriquées à Shangaï ou Guangzhou et débarquera en « Enfer » pour concurrencer ceux qui y font la pluie et le beau temps, c’est-à-dire les mastodontes occidentaux.
Marquons une pause pour suivre Envoyé spécial :
« Mesdames et messieurs, après des années de recherches approfondies, l’Institut d’Epidémiologie de Fatalité en Brie vient d’annoncer que d’ici 5 ans, le Swaziland va être rayé de la carte à cause du H.I.V ».
A l’annonce de cette nouvelle catastrophique, les Afropéens seront les premiers à mordre à l’hameçon. Un lavage de cerveau qui dure depuis des siècles ne laisse pas de place aux doutes. Il favorise la crédulité et la naïveté chez celui ou celle qui le subit. De ce fait, la victime s’approprie systématiquement le paradigme du nettoyeur à sec. Il hypothèque deux de ses sens (la vue et l’ouïe) parce que ses yeux et ses oreilles ne lui servent plus à rien. Tout observateur serein sait pertinement que les médias n’informent pas, ils intoxiquent les auditeurs et téléspectateurs à longueur de journée. L’Afrique est le continent le plus convoité, le plus courtisé, le plus pillé et le plus dénigré au monde. C’est celui qui détient également le taux de suicide le plus faible, malgré son appauvrissement. Sa vitalité (40% d’Africains ont moins de 15 ans) et ses immenses réserves de minerais sont comme des aimants qui attirent les chasseurs de trésor. Qui aurait intérêt à en dire du bien ? Même les soldats de la M.O.N.U.C (Mission de l’Organisation des Nations Unies au Congo) se sont livrés au viol des femmes et braconnage d’éléphants dans la province de l’Ituri. En 2008, des dizaines de tonnes d’ivoire ont été découvertes dans l’une de leurs casernes. Cette nouvelle n’a suscité aucun commentaire dans les médias. Pendant ce temps, les Afropéens étaient entrain de papoter sur leur sujet favori (l’intégration). Pauvres aliénés !
A force de s’abreuver à la télévision, les Afropéens se sont vulnérabilisés. Ils succombent facilement au poison. Un poste téléviseur ou radio en panne, serait une bénédiction pour des êtres aussi candides. L’Irak et l’Afghanistan ont été les plus grosses arnaques de ce début du 21e siècle. Les chaînes de télévision occidentales ont vendu les peaux de Saddam Hussein et du Mollah Omar à un prix exorbitant. Kofi Annan a été mis sur écoute par les services secrets de Bush et Blair, pour avoir décelé leur plan macabre. Plus de 100 000 morts pour faire main basse sur les gisements de pétrole irakiens. En Irak, la laïcité a pris fin et en Afghanistan, les Talibans n’ont jamais été aussi forts. Malgré tout, les Afropéens n’ont pas tiré de leçon. Ils sont toujours aussi accrocs aux journaux télévisés.
Dociles et naïfs, les Afropéens ont cru religieusement en la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité ». Mais depuis que Sarko a décidé de retirer la nationalité aux citoyens de seconde zone qui oseraient ferrailler avec des lampistes, les Afropéens se sont soudainement souvenus de leurs origines. Ils auraient dû s’inspirer de l’oncle Koffi Yamgnane, qui a changé son fusil d’épaule pour participer à la chasse aux électeurs au Togo.
Celui ou celle qui osera me reprocher d’être trop africain, je lui dis « M-E-R-D-E ! ».
Devinette : Après les Roms, ce sera les ?
Ngombulu Ya Sangui Ya Mina Bantu LASCONY
Ecrivain, documentariste, historiographe
Institut Cercle-Congo
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NYSYMB LASCONY Écrivain, historiographe, documentariste, conférencier…