Semaine bénie des dieux de la littérature pour le romancier Tierno Monétembo dont  » Le Terroriste Noir », consacré lundi par le prix Erckmamm-Chatrian à Metz (considéré comme le « Goncourt lorrain ») est aussi depuis mardi lauréat du Prix international du Roman Métis de la plus grande cité d’outremer.

Les organisateurs de la troisième édition du prix littéraire dionysien, Association Réunion des Livres, Saint-Denis, Rectorat, Dac Oi… se sont retrouvés hier dans la salle des mariages de l’ancien Hôtel de ville, sous la magnifique toile du peintre de marine Ménardeau, « Les âges de la vie », pour rendre le verdict prononcé par les jurés d’ici et d ’ailleurs placés sous la présidence de l’homme de lettres et journaliste, Mohammed AIssaoui.

Les délibérations ont été portées plusieurs jours durant par la magie satellitaire entre la Réunion et l’autre côté de la mer, donnant finalement une immense majorité des voix sinon la totalité, à l’auteur guinéen qui vit aux Etats-Unis, Tierno Monénembo, pour la qualité de son ouvrage « Le terroriste noir ». Marie-Jo Lo-Thong, l’experte en littérature de l’antenne du ministère de la Culture en cette île a su résumer la pensée de tous ceux qui comme elle ont apprécié l’écriture et l’histoire de ce roman dont l’action se situe dans les Vosges au coeur de la Résistance, pendant la Seconde Guerre mondiale, où s’est illustré un jeune engagé d’origine africaine, héros de cette aventure.

« Un livre qui séduit par sa leçon d’himanisme, le terroriste ici signifiant résistant. Celui qui porte une action remarquable pour la France », expliqua la conseillère livre de la DAC OI ajoutant que, au nom de l’Histoire, ce personnage est un héros.

 » Tierno Monenembo témoigne là d’une belle écriture et d’une magnifique intrigue racontant la vie d’un village où les gens sont contents d’accueillir autrui et sont importants les uns pour les autres. On n’a pas une seconde envie de lâcher ce livre, pris que l’on est par le fil du récit particulièrement éloquent au niveau des émotions », dit encore Marie-Jo Lo-Thong appréciant ce morceau de littérature qui fait avancer le monde avec des armes non vulgaires. « Un vrai bonheur » assure-t-elle, que partage à l’évidence Tahar Ben Jelloum dans un billet adressé aux autres membres du jury où il souligne « la force du roman de Tierno Monenembo, son écriture limpide,tout en retenue, et son contenu en noir et blanc qui, par des détours historiques parle bien de sujets actuels ».

L’auteur primé en cette saison dédiée, aime donc les personnages atypique. Il l’a prouvé avec l’épopée africaine d’Olivier de Sanderval, Français qui devint « roi de Kahel » dans le Fouta-Djalon, au XIXe siècle, et il récidive avec avec l’histoire extraordinaire du tirailleur sénégalais, devenu chef d’un maquis de la Résistance.

Un héros méconnu par une France peu reconnaissante et à laquelle pourtant il rend un puissant hommage. Tierno Monénembo, homme de convictions qui a fui la Guinée de Sékou Touré, n’hésite pas lui-même à s’engager, que ce soit pour condamner l’ingérence des puissances occidentales en Afrique ou pour défendre l’honneur de Nafissatou Diallo… Il a découvert son héros Addi Bâ en lisant la presse quand au début 2000, la médaille de la Résistance fut remise à sa famille à titre posthume. Monenembo est alors parti pour ce village vosgien sur les traces de son « terroriste noir ». Il faudra attendre un mois pour voir l’auteur convié à recevoir son prix le 6 décembre prochain. ce qui nous laisse le temps de lire l’ouvrage déjà à l’honneur… dans toutes les bonnes librairies !

Marine Dusigne

* « Le terroriste noir » de Tierno Monenembo paru au Seuil

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