La persistance de la crise économique en Europe est en train de modifier les idées reçues. Le nombre d’Africains s’intéressant à l’Europe diminue. L’Asie, l’Amérique du Nord et même l’Amérique latine commencent à émerger comme des pôles de destination.
Mais ce qui est plus nouveau et semble perdurer est la migration de certains Européens eux-mêmes. La classe moyenne, les expertises européennes, ne trouvant plus de débouchés en Europe ou simplement sous-payées ou même marginalisées, notamment les jeunes disposant ou pas d’une compétence, choisissent de plus en plus l’émigration :
* l’Amérique latine, dès lors que l’on maîtrise ou pas d’ailleurs, l’espagnol et le portugais.
Il suffit de citer le Mexique, le Brésil, le Pérou, la Colombie et l’Argentine dès lors que l’on n’a pas la peau noire, car de nombreux héritiers du nazisme y ont trouvé asile.
En moins de 15 ans, le nouvel ordre économique mondial s’est fait malgré les nombreux G7 et G8 qui excluaient pourtant les pays du Sud. Aujourd’hui, le G20 est obligé d’aller les chercher pour « rester » riche.
Alors, on utilise un euphémisme pour parler de la montée des pays considérés comme pauvres il y a encore quelques décennies. Quel retournement du monde !
Mais quel retournement du centre de gravité de la puissance ? Mais rien n’est encore terminé.
Quand l’Afrique se réveillera de sa torpeur institutionnalisée, les cartes de séjour pourraient devenir le seul moyen d’entrer en Afrique pour des gouvernants européens qui seront alors forcés à reconsidérer leur conception de la solidarité. L’Afrique ne peut que les y encourager.
Ceux qui formulent des politiques migratoires fondées sur le concept « d’immigration choisie »pourraient crier à la discrimination dès lors que ce concept se met à s’appliquer à l’encontre des Européens qui commencent à chercher leur bonheur en dehors de l’Union européenne.
Il suffit de voir comment de nombreuses populations grecques n’ont plus rien à perdre et s’interrogent sur les conditions d’émigration vers le côté africain de la Méditerranée…ou encore les Portugais vers les pays lusophones du continent.
Bref, tant que l’Afrique ne considèrera pas que les ressources obtenues gratuitement comme le soleil pour l’énergie solaire, ou l’argile pour ce qui est des matériaux de construction, ou encore l’eau doivent faire l’objet d’un recyclage au profit des Africains en priorité, alors la renaissance africaine se fera par paliers avec d’énormes disparités et d’inégalités.
Les statistiques officielles continueront à repousser l’émergence des économies africaines dans un futur lointain. Il ne s’agit pas de l’émergence des politiciens qui croient qu’il suffit d’affirmer l’émergence d’un Etat pour que cela s’opère comme par magie.
L’émergence, c’est un état d’esprit. Cela ne peut reposer sur l’usurpation de la vérité des urnes, ni sur l’usurpation des richesses africaines au profit d’un petit nombre.
A côté d’une marge de manœuvre économique de plus en plus grande, les pays d’Amérique latine sont en train de faire la démonstration qu’ils peuvent compter sur leur marché intérieur. Comment ? =====>
Ils n’oublient pas d’assurer une protection du pouvoir d’achat et veiller à ce que les populations commencent à avoir les moyens de consommer… Les ressources naturelles diversifiées et abondantes sont systématiquement mises au service du plus grand nombre, même si, ici et là, les inégalités sont encore criardes.
Qui peut croire aujourd’hui en mars 2012 que l’Afrique qui était à la dérive il y a encore une vingtaine d’années serait en train d’émerger d’ici une quinzaine d’années ?
Auteur : Yves Ekoué Amaïzo, né à Lomé au Togo en 1960. Sa formation multidisciplinaire de haut niveau tant en économie, en droit, qu’en gestion des entreprises et ses activités d’enseignement, de conseils, de réflexion et d’influence font de lui une personnalité politique reconnue tant par la population et la Diaspora africaines que par les décideurs d’Afrique et d’ailleurs. Il participe au cercle de réflexion AFROLOGY.