Sébastien Hervieu Johannesburg
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Les régions si sèches du centre-nord de la Namibie, ce pays d’Afrique australe bordé par l’océan Atlantique, disposent d’un sous-sol gorgé d’eau, selon une étude de Martin Quinger et son équipe germano-namibienne d’hydrogéologues. (DR)
Un immense aquifère a été repéré dans une région aride de Namibie. La découverte en confirme d’autres, récemment cartographiées
Il aura fallu plus de cinq ans à Martin Quinger et à son équipe germano-namibienne d’hydrogéologues pour reconstituer ce «puzzle géant», long de 75 kilomètres et large de 40 km.
«Lorsque, fin 2006, nous sommes tombés sur les premiers indices d’un aquifère situé à 300 mètres sous terre, jamais nous n’aurions pensé qu’il se révélerait si vaste!» se souvient le responsable du projet de l’Institut fédéral allemand de géoscience et de ressources naturelles (BGR).
Après avoir effectué une vingtaine de forages et utilisé l’imagerie électromagnétique, ce scientifique a pu enfin révéler, fin juillet, l’étonnante découverte: Ohangwena et Oshana, les régions si sèches du centre-nord de la Namibie, ce pays d’Afrique australe bordé par l’océan Atlantique, disposent d’un sous-sol gorgé d’eau.
«Au bas mot, 5 milliards de mètres cubes d’eau, mais peut-être jusqu’à trois fois plus, estime Martin Quinger. Il ne s’agit pas d’un immense lac souterrain, mais d’une couche de roche qui est saturée d’eau.»
Depuis une montagne angolaise située de l’autre côté de la frontière, à près de 350 km, l’eau de pluie s’est écoulée puis infiltrée lentement au fil des siècles à travers le sable et les microfissures de la roche. Stoppée par une couche imperméable, elle s’est alors mise à remplir petit à petit les moindres recoins du sous-sol, formant ainsi un réservoir.
Cette découverte pourrait changer la vie des 800 000 Namibiens (40% de la population) qui habitent ces régions très pauvres. L’extraction de cette eau pure datant de 10 000 ans viendrait remplacer le liquide saumâtre acheminé par un vieux canal et limiterait la propagation des maladies.
Le bétail serait mieux abreuvé et le développement de l’irrigation des cultures favoriserait la sécurité alimentaire tout en ralentissant l’exode rural.
Enfin, des autochtones, les Himba, pourraient réclamer l’abandon, une fois pour toutes, d’un projet de barrage proche des chutes d’eau d’Epupa, qui risque d’inonder les terres sur lesquelles ont été enterrés leurs ancêtres.
Lu sur http://www.letemps.ch