Au fil du temps, le Cap-Vert, petit archipel de l’Afrique s’illustre par la bonne gouvernance. Il vient d’organiser pour la quatrième fois consécutive, une élection présidentielle avec au bout du compte une alternance démocratique fiable. En battant au deuxième tour Manuel Inocêncio Sousa avec 54,04% des voix, Jorge Carlos Fonseca devient le nouveau Président de la République. Celui qui a été de 1991 à 1993 se voit confier les destinées de l’archipel pour le quinquennat à venir. Agé de soixante ans et avocat de profession, celui qui est considéré comme l’un des pères de la Constitution de ce pays doit se frotter aux réalités de la gestion du pouvoir d’Etat. Il a entre les mains, une économie florissante enviée à travers l’Afrique et dont la principale ressource est générée par le tourisme. En rappel, Le Cap-Vert est un archipel de dix iles situé dans l’océan Atlantique au large des côtes du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie, dans la bande du Sahel. Grâce à ses bonnes performances économiques et sociales au cours des dernières années, il a été élevé au rang de Pays à revenu intermédiaire (PRI). L’alternance démocratique et la bonne gouvernance sont une réalité dans ce pays qui a une jeune démocratie. Indépendant en 1975, le pays s’est inscrit dans le multipartisme à partir de 1990. Depuis, des élections sont organisées sans discontinuer avec, à la clé, le respect des libertés et des pratiques politiques. Au cours de la décennie écoulée, le pays a organisé 4 élections présidentielles et 4 législatives. Elles se sont non seulement déroulées dans des conditions régulières, mais ont aussi été ponctuées par l’alternance démocratique qui semble avoir prise dans la culture politique. Le parcours du Cap-Vert permet d’escompter une bonne évolution de son économie dans les années à venir. Avec une croissance annuelle de 6%, le pays essaie de bâtir une économie stable avec des créneaux porteurs pour ses populations.
L’expression de la vitalité démocratique
En organisant sans discontinuer des élections présidentielles, législatives et municipales, l’archipel démontre qu’il est l’expression d’une vitalité démocratique. C’est le fruit des réformes institutionnelles et économiques que l’archipel a eu le courage de prendre pour se positionner comme un pays qui « veut le développement et s’en donne les moyens ». Depuis 2004, le pays est en pleine réformes pour adapter ses besoins aux réalités de l’archipel. Aujourd’hui, avec la facilitation de création des entreprises, l’on peut créer une entreprise en 24 h sur l’archipel au lieu de 52 jours auparavant. Depuis des décennies la croissance moyenne du PIB est de l’ordre de 5 à 6 % en moyenne. Il est l’un des rares pays sur le continent qui peut espérer atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) selon les spécialistes de la Banque mondiale. Ce, grâce à une croissance robuste et des investissements en capital humain importants. Le taux de pauvreté est passé de 37% à 28% entre 2001 et 2006. La maturité des électeurs et des hommes politiques du Cap-Vert est le résultat de la vitalité de son système éducatif. Un peuple qui n’est pas instruit ne peut pas comprendre les programmes de développement des hommes politiques afin d’élire un programme et non un homme. Le système éducatif favorise l’épanouissement de la jeunesse en même temps qu’il leur permet de se former pour les besoins d’embauche de l’archipel. La promotion du genre occupe une place importante dans le système éducatif. L’égalité des genres, réalisée dans l’éducation primaire, est quasiment atteinte dans le secondaire. Malgré cette relative santé démocratique et économique, des défis restent à relever pour ce pays. Il s’agit notamment de son insularité, et de sa configuration archipélagique qui posent des problèmes techniques et financiers particuliers au développement de l’énergie, l’eau et l’assainissement et des transports. Cette donne renchérit les coûts de production. Les autres défis de l’archipel sont liés entre autres, à la baisse des ressources hydriques et à une salinisation progressive des eaux souterraines en zones côtières. Cette salinisation est imputable aux changements climatiques, à la vulnérabilité aux chocs extérieurs. Cependant, le pays, par son dynamisme travaille à relever ces défis qui tôt ou tard, seront un mauvais souvenir pour les capverdiens. Un penseur disait que ce n’est pas parce que c’est difficile que l’on n’ose pas. Mais plutôt, c’est parce que l’on n’ose pas que c’est difficile. Le Cap-Vert relèvera ces défis quoi qu’il en coûte. Car, le plus dur a déjà été fait.
Par daouda Emile Ouédraogo