▪ L’Afrique du Sud fait depuis peu partie des BRICS, le “S” ayant été ajouté au “BRIC” pour l’inclure. Mais l’Afrique toute entière ne serait-elle pas elle-même un simple BRIC ?
C’est l’hypothèse émise par le Boston Consulting Group dans un rapport de juin 2010 : même taille (environ un milliard d’habitants), même croissance moyenne depuis 10 ans. Alors que le continent africain reste majoritairement extraverti (il commerce plus facilement avec le reste du monde qu’avec lui-même), les échanges internes ne représentent que 9% des échanges totaux de l’Afrique. Ils sont toutefois orientés vers une hausse rapide, si… les administrations des pays le veulent bien.
L’un des indicateurs de ces obstacles à l’échange est ce qu’il est convenu de qualifier de “temps d’attente à la frontière”. Il est calculé sur la base du nombre de documents douaniers multipliés par le nombre de signatures requises et le temps de franchissement du poste-frontière !
Mais le potentiel est là, à saisir ! Il suffirait d’un changement dans la manière de commercer, dans les infrastructures pour que le continent entier (bon, j’exagère) décolle. D’ores et déjà, certains pays sont bien partis, et d’une manière générale, le commerce international ne peut que progresser pour l’Afrique.
L’Afrique, vue globalement, pèse autant que l’Inde et plus que le Brésil. Le continent africain a une croissance supérieure à la moyenne mondiale. Les exportations ont cru de 18% par an depuis les années 2000. Cette performance recouvre des disparités sensibles, bien sûr. Mais si on se limite à l’Afrique sub-saharienne, de vraies locomotives économiques sont nées : Afrique du Sud, Nigéria, Botswana, bénéficiant d’une stabilité politique, de l’émergence du consommateur africain, et de l’encouragement à l’investissement privé.
▪ Et le commerce extérieur, dans tout ça ?
Encore aujourd’hui, l’Afrique reste à la traîne pour ce qui est du commerce mondial. La part de l’Afrique dans les exportations mondiales reste toutefois très faible : 2%. Les routes commerciales contournent le continent à l’est avec le canal de Suez, à l’ouest avec la route traditionnelle par Le Cap, sans que de très grands ports n’aient été créés jusqu’à maintenant.
Récemment pourtant, on note de gros progrès, notamment grâce au commerce avec la Chine. Le commerce entre la Chine et l’Afrique a atteint 100 milliards de dollars en 2008, et a dépassé le commerce entre l’Afrique et les Etats-Unis — l’Europe reste toujours pour l’instant son premier partenaire. L’Asie aura probablement dépassé l’Europe comme partenaire commercial principal d’ici 2030 (dans 15 ans à peine !), et la route commerciale Afrique-Extrême Orient sera alors prépondérante. Pour mémoire, le commerce sud-sud est destiné à s’envoler pour atteindre 40% du commerce mondial (contre 18% aujourd’hui et 7% en 1990). Il est bien sûr corrélé à la croissance du PIB des émergents.
Les autres pays émergents augmentent leurs échanges avec le continent noir, et bien que le commerce nord-sud soit encore dominant, un changement est en cours qu’il va bien falloir soutenir logistiquement.
Actuellement, le commerce de l’Afrique est dominé par l’exportation de pétrole, et les échanges commerciaux restent localisés dans un nombre réduit d’Etats les plus riches. Mais la course aux infrastructures doit changer la donne, et relancer le niveau de participation de l’Afrique dans le commerce mondial.
Compte tenu de la rapide croissance du commerce mondial et de la sous- performance de l’Afrique dans les dernières décennies, il y a un potentiel énorme pour que la part de l’Afrique s’apprécie au fur et à mesure que le continent se rapprochera de son potentiel réel.
En gros, vous partez de pas grand-chose et les frémissements d’une croissance se font sentir. Mais dès qu’elle sera en place, quelle croissance ce sera !
[NDLR : Comment profiter de cette tendance ? Un peu de patience… Nous vous révélons tout dans quelques jours !]
28 mars 2012 | Jean-Claude Périvier |
Lu sur La Chronique Agora