Si vous pensez que l’Afrique est le berceau de l’humanité, que ce continent est tourné vers l’autrefois ou, encore, que le monde se partage entre Afroptimistes et Afropessimistes, alors j’ai une très mauvaise nouvelle pour vous : vous êtes un dinosaure. Pire, une pierre morte, un rebut sourd et aveugle. Et, bien sûr, vous n’avez pas vu venir la lame de fond, dont la hauteur est estimée à plusieurs mètres de hauteur, qui se brise cycliquement sur le rivage de la création africaine. Se brisant, elle libère une foule d’oeuvres audacieuses et sublimes, d’un éclat phosphorescent. Et, bien sûr, vous êtes encore dans l’incapacité de voir leurs auteurs surgir à l’horizon. Pourtant ils sont nombreux à chevaucher cette lame de fond. Ils sont musiciens, cinéastes, plasticiens, photographes, écrivains, vidéastes, commissaires d’exposition ou philosophes. Ils labourent depuis lontemps les prairies de l’imaginaire. Qu’ils viennent du Continent ou des diasporas, l’Afrique est, pour tous, non seulement le berceau de l’humanité mais elle recèle également les formes et les visages du futur. Vous commencez à sortir de votre torpeur; il y a une petite lueur qui luit dans votre prunelle : tout n’est pas perdu pour vous, cher dinosaure. Cette lame de fond a pour nom l’afrofuturisme, un concept inédit en français.

Dans les différentes sélections de cette 65e Festival de Cannes, qui s’ouvre ce mercredi 16 mai, s’affichent cinq films africains. Des réalisateurs venus d’Egypte, d’Algérie, du Maroc et du Sénégal. C’est Yousry Nasrallah, né au Caire en 1952, qui concourt pour la Palme d’or avec une œuvre habitée de sentiments révolutionnaires. Après la bataille sera projeté en première mondiale ce jeudi 17 mai sur la Croisette.

Un, deux, trois, quatre, cinq films venus d’Afrique, est-ce beaucoup ou pas assez pour le plus grand festival au monde ? Chacun des films présentés apportera la réponse. Personne ne saura combien de films africains se retrouvaient parmi les 1 779 films soumis à la sélection qui n’en a au final retenu que 38. Les responsables du festival refusent de donner des informations concernant le nombre de films candidats réalisés par un pays ou un continent : « Ce n’est pas dans l’intérêt du cinéma ».

 

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