(Agence Ecofin) – La ville de Kolda, au Sénégal (670 km au sud de Dakar), teste une expérience inédite: la déclaration de naissance par téléphone mobile. L’initiative est un partenariat entre l’ONG Aide et Action, l’opérateur Sonatel et l’Etat sénégalais. Elle se déroule dans un environnement où de nombreuses personnes n’ont pas d’extrait de naissance, y compris des élèves arrivant en classe d’examen. C’est le problème qu’a voulu résoudre Aide et Action. Si l’expérience de Kolda est concluante, la déclaration de naissance par téléphone sera progressivement étendue aux autres régions du Sénégal, voire à d’autres endroits dans le monde, les mêmes difficultés se retrouvant dans beaucoup de pays en développement.

Expliquant le projet état civil, Ousmane Diallo, coordonnateur d’Aide et Action au Sénégal indique au quotidien Le Soleil qu’il « vise à faciliter la déclaration des naissances dans ces villages cibles pour que tous les enfants nés durant le mois puissent être déclarés auprès de leur centre d’état civil [dans] un processus qui associe le téléphone portable dans la déclaration des naissances auprès des parents, des chefs de villages et des centres d’état civil ». Les premiers résultats paraissent satisfaisants, avec 300 déclarations de naissance enregistrées en deux mois.

Le processus est sécurisé, avec un logiciel qui gère le système et une base de données pour stocker les informations. « Chaque téléphone d’un village est rattaché à son centre d’état civil qui dispose d’un téléphone codé », tout comme le chef de village, affirme le coordonnateur de l’ONG qui n’exclut pas que les actes de mariage et de décès puissent aussi, plus tard, faire l’objet de services du même type.

Les initiateurs sont aujourd’hui en train de recenser les difficultés que rencontrent les utilisateurs afin d’y apporter les améliorations nécessaires. Ingénieure en recherche développement d’Orange France, Valérie Le Dunois, chargée de la conception du programme sur les déclarations des naissances, estime que les résultats obtenus témoignent de l’engouement des populations pour ce type d’application.

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Plusieurs rêvent d’un emploi. D’autres le créent. Devant les tristes “cimetières” de mangues pourries, Gratitude Ntonda Mandiangu a eu l’idée de préserver les richesses naturelles gaspillées du Bas-Congo en République démocratique du Congo et a créé sa propre entreprise.
Un cliquetis de bouteilles dans son local de 25 mètres carrés. “Voilà les jus de maracujas, ici le jus de mangues, au fond les jus de gingembre et d’orange, et ici le miel pour sucrer les boissons, et l’hydromel, le vin de miel.”


C’est ici que cette jeune entrepreneure de 25 ans, diplômée en technique agroalimentaire, transforme et conserve les fruits qui certes font la richesse du Bas-Congo mais qui meurent dans les champs. L’absence de véhicules et la pauvreté du réseau routier du pays ne permettent pas de les acheminer au marché à temps. “Il fallait leur trouver une valeur ajoutée au lieu de perdre toute cette matière première disponible à bas prix.”

Relever le défi

Mademoiselle Gratitude, comme elle tient à se faire appeler, emploie une vingtaine de femmes de sa région de Kisantu. Elles aident à nettoyer, couper, réduire en purée, stériliser et embouteiller les fruits. Sa micro-entreprise, le Cetrapal, (Centre de transformation de produits agro alimentaires locaux ) a été créée en 2008 avec un petit fonds de démarrage de l’Union Européenne qui lui a permis d’acheter les appareils nécessaires.

Les efforts de certains pour la décourager ont eu l’effet contraire : elle a redoublé d’efforts pour relever le défi et prouver qu’une femme peut réussir. “Je me suis lancée”, dit-elle. Ses parents, actifs eux aussi dans le domaine agricole l’ont beaucoup encouragée à fonder son entreprise. A quelques pas du local, sa mère gère quelques champs qui ont l’avantage de ne pas être éloignés du centre de transformation. Une entreprise familiale ? Résolument non, répond la maman : “Elle devra réussir par ses propres moyens”. Car faire intervenir la famille dans ces contrées, explique-t-elle, risquerait de faire faillir l’entreprise. Elle n’en dit pas plus.

Marketing

Une telle petite entreprise peut-elle survivre alors que les multinationales disposent déjà de réseaux de distribution efficaces de boissons sucrées et colorées à des prix inférieurs aux succulents jus embouteillés localement? A quelques kilomètres d’ici, au café terrasse de l’impressionnant jardin botanique de Kisantu, la journaliste commande un jus local. On ne sert que les cocas habituels dans cette institution qui s’enorgueillit de préserver le patrimoine agricole de cette région fertile du Bas-Congo qui, si elle s’organisait, pourrait nourrir tout le pays.

Mademoiselle Gratitude rêve de synergie avec les grandes compagnies, et aussi avec ses concurrents en Afrique de l’Ouest, plus avancés dans ce domaine. Elle veut s’en inspirer “et même les dépasser”. Pour l’instant – et c’est déjà une victoire dont elle est fière – ses jus Cetrapal sont vendus dans un supermarché à quelques heures de route dans la capitale Kinshasa, et ailleurs en RDC. Elle rêve de conquérir tout le pays, l’Afrique, et pourquoi pas, le reste du monde.

Agriculture moderne

Car l’avenir du pays est dans l’agriculture, affirme Gratitude, de concert avec nombre d’organisations internationales et de gouvernements africains. Mais l’agriculture, où il faut travailler dur sans rien gagner, n’intéresse pas les jeunes congolais, déplore-t-elle. Ce n’est pas cette agriculture “de l’antiquité” à la houe qu’il faut privilégier, mais une agriculture moderne mécanisée. C’est là que se trouve l’avenir. “Quand le peuple congolais mangera très bien, tout s’arrangera.”

HELENE MICHAUD

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