Les espoirs suscités par les déclarations des gouvernants africains quant à leur volonté de développer les énergies renouvelables (autres que l’énergie hydraulique) sont souvent douchés par le manque de stratégie ambitieuse et de réalisations concrètes mises en place dans leur pays. Dans ce contexte, il est important de souligner les actions sur le continent qui vont dans le sens d’une utilisation accrue de ces énergies pour soutenir le développement auquel aspirent les populations africaines.
Dans ce domaine, différents projets sont en cours de réalisation sur le continent, notamment dans le domaine solaire. Parmi les plus importants, figure le projet de centrale solaire CSP (Concentrated Solar Power Plant) prévu à Upington en Afrique du Sud. Le rendement espéré de cette centrale solaire, de type thermodynamique, est compris entre 60% et 65% et il est prévu qu’elle fournisse 100 MWe. En comparaison, les centrales thermiques à cycle combiné ont un rendement de l’ordre de 60% et 100 Mwe, c’est la consommation d’une ville de 100 000 habitants avec des standards de vie européens.
Certes la puissance prévue pour cette centrale ne représente qu’une infime partie des 45 000 MW environ de capacités installées en Afrique du Sud mais sa réalisation constitue une étape importante dans la volonté de l’Afrique d’utiliser toutes ses potentialités pour assurer son développement.
En effet, la centrale CSP, participera à satisfaire la demande croissante d’électricité en Afrique du Sud. Selon les prévisions de la compagnie électrique nationale ESKOM, cette demande atteindra 80 000 MW en 2025, soit le double de la demande actuelle. Cette centrale, si elle fonctionne normalement en base comme prévu, constituera un exemple de la fiabilité de ces technologies tant critiquées sur cet aspect. L’intégration de cette technologie dans le SAPP (équivalent du WAPP en Afrique de l’Ouest) sera donc envisageable, vu le potentiel de la région estimée à 20 000 MW.
De plus, cette centrale constitue un pas important dans le développement de cette technologie (CSP) parce que c’est le premier projet au monde d’une telle taille (100 MWe) avec une technologie de miroirs pour concentrer la chaleur, deux tours de refroidissement, utilisant des sels fondus comme fluide de transfert et un centre de stockage thermique. L’Afrique, à travers l’Afrique du Sud, peut donc être considérée comme pionnière en la matière.
Dans un pays où plus de 90% de la production électrique est faite à partir de charbon avec tous les impacts négatifs sur la production de gaz à effet de serre que cela comporte, un tel projet est en ligne avec les engagements de l’Afrique du Sud de promouvoir un développement à faible intensité carbonique. Ce projet permettra ainsi d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique sud-africain, et de faire un premier pas vers la réduction de 44% à horizon 2025 des émissions de gaz à effet de serre prévue dans la stratégie du pays pour le climat (Climate Change Response Strategy).
Enfin, le fait qu’un tel projet, d’une valeur de 881.154.380 UAC[1], soit financé par divers organismes tels que la BAD, la Banque Mondiale, l’AFD, KFW et la BEI peut être perçu comme un gage de sérieux et de professionnalisme (s’il en fallait encore un ) d’ESKOM. C’est bien la preuve que lorsque les Africains allient compétence et rigueur, ils peuvent décrocher des financements comme n’importe quelle entreprise crédible. Le coût relativement élevé du projet (2,5 fois le coût du MW nucléaire installé par exemple) doit être relativisé au vu du potentiel effet de série envisageable s’il s’avère concluant et du nombre d’emplois qu’il va générer dans la région (jusqu’à 2000 emplois pendant la phase de construction).
En conclusion, il est important d’encourager l’initiative du gouvernement sud-africain dans la mesure où elle permet à l’Afrique d’exploiter ses immenses richesses, d’espérer un leadership dans ce domaine stratégique et de montrer la voie aux autres pays Africains. En espérant que ces derniers s’en inspirent…
Stéphane MADOU
Lu sur http://terangaweb.com