Ces jeunes qui font bouger l’Afrique : Laetitia Sagno

« Je suis une Afro-optimiste, l’Afrique ne peut qu’aller mieux ! »
« Mes cinq ans en Côte d’Ivoire m’ont rattaché au continent africain. Je suis tombée amoureuse de l’Afrique ! Je me suis dit « je pars faire mes études à l’étranger et ensuite je reviens ! » C’est mon objectif depuis toujours à travers mes études, mon engagement associatif, politique.

Nous étions trois Africains expatriés à Londres et nous avons eu l’idée de faire quelque chose pour marquer le cinquantenaire des indépendances africaines. On a créé OSER l’Afrique au printemps 2009.  Ensuite on a mis en place les journées thématiques du forum. Chacun de nous, déjà engagé dans des associations étudiantes,  a fait fonctionner son réseau et le projet a avancé assez rapidement. Ensuite, ça a drainé les autres associations assez facilement.

OSER l’Afrique est un réseau associatif composé d’étudiants et de jeunes diplômés essentiellement africains. Nous voulons saisir cette année historique pour essayer de positionner la jeunesse africaine et surtout la diaspora. Elle réussit plutôt bien en Europe mais perd alors l’intérêt pour l’Afrique, alors que son rôle est important : être ambassadrice mais aussi transmettre des compétences aux Africains restés aux pays.
Avec OSER l’Afrique, nous faisons le bilan des indépendances de nos pays, mais nous voulons surtout regarder vers l’avenir. Qu’allons nous faire des cinquante années à venir ? Quand nous fêterons le centenaire des indépendances africaines ce sera notre bilan. Notre message c’est qu’il n’y a pas de fatalité. Tout Africain, où qu’il soit, a une responsabilité dans le développement de son continent.

Le cinquantenaire des indépendances africaines c’est important de le célébrer parce que ça permet de faire un bilan, de voir dans quelle direction on va, et de faire entendre notre voix à nous jeunesse africaine.

Des jeunes militants pendant la campagne électorale en Guinée en juin 2010
La polémique autour de la façon dont la France célèbre ces indépendances ? Je pense que si Nicolas Sarkozy avait proposé autre chose ç’aurait été contesté de a même manière. Je pense qu’en toute chose il y a  du positif, et je vois là l’occasion de faire briller l’Afrique, de la faire connaitre à ceux qui la connaissent peu ou pas. Nous-mêmes nous avons été critiqués avec OSER l’Afrique. On ne fera jamais l’unanimité avec ce genre d’évenements, pour certains c’est un passé encore douloureux. Nous n’avons été « achetés »  par personne, nous avons eu la liberté de choisir nos intervenants et nos thèmes de conférence ! On veut faire passer un message, si la France nous y aide tant mieux !

L’ Afrique dans cinquante ans ? Je suis une afro-optimiste. Ça ne peut qu’aller mieux ! Il y a  bien sûr des choses qui nous échappent mais tout passera par un changement de mentalité. Les personnes qui gèrent le pays doivent évoluer et apporter un autre état d’esprit.  Ensuite c’est au cas par cas selon les pays.

Par exemple la Guinée a été l’un des premiers pays à avoir obtenu l’indépendance mais il n’en est pratiquement rien sorti. Cette année en 2010, nous avons eu l’occasion d’entrer dans une nouvelle ère avec les premières élections présidentielles libres et démocratiques. Je me suis engagée dans cette campagne aux côtés de Sidya Touré, le candidat de l’UFR, l’Union des forces républicaines, comme responsable adjointe des relations extérieures de la section France, à laquelle j’appartiens depuis 2006. Nous sommes officiellement arrivés troisièmes à cette présidentielle, mais les résultats sont très contestables. Mais lorsque nous faisions campagne, j’avais le sentiment que notre message passait. Nous voulions amener plus de rigueur, favoriser la jeunesse… Je suis très déçue par le résultat ( NDLR les élections sont soupçonnées d’être entachées de fraudes et le second tour est repoussé ) car il y a eu un très grand décalage entre ce qui a été dit et ce qui se passe. Et je ne suis pas la seule, beaucoup de gens ne veulent plus entendre parler de politique. Ce sera le plus dur, de remotiver les gens.

J’aime me battre pour un idéal et je suis déterminée. La politique me passionne et c’est dans ce domaine que je veux agir. Dans l’absolu je ne m’interdis aucun poste ! Rien n’est impossible. Si nous avions gagné en Guinée, j’aurais peut-être pu travailler dans l’administration.
Pour l’instant ma formation me porte plutôt vers le conseil en communication, j’aimerais monter une structure à destination des hommes politiques africains. Si je le fais à Paris ce sera une entreprise parmi des milliers, alors qu’en Afrique je peux apporter quelque chose de neuf ! Et puis le marché est beaucoup plus ouvert. Ce qui me motive c’est l’idée de bâtir quelque chose dans un continent en pleine construction, dans lequel je crois et sur lequel je parie.

Notre génération a plus voyagé, nous avons étudié à l’étranger, nous avons une autre mentalité que la génération de nos parents. Cela va aussi favoriser l’émergence d’une classe moyenne qui n’existait pas. Le salut de l’Afrique peut passer par là. Ces gens auront plus d’aisance sociale et financière, ça réduira la corruption et permettra de se projeter dans la construction d’une nation plutôt que de se servir pour des intérêts personnels, tribaux… »