” Apporter la connaissance, l’aide et l’espoir “, voilà le rêve que l’Américain du nom de George Verwer a eu il y a 34 ans quand il s’engagea dans le ministère de la librairie flottante. Aujourd’hui, ce ministère est une institution reconnue dans le monde : La seconde plus grande librairie flottante dans le monde.

Logos II

A la veille de son retrait de la navigation, le LOGOS II est venu comme pour dire au revoir aux Camerounais, tirant sa révérence pour laisser le podium à LOGOS HOPE. Nous avons rencontré un membre de l’équipage, Sonja Voelkle qui a accepté de nous conduire dans l’historique et les coulisses de ce ministère.

EPS: Je suis très heureux de ce que vous ayez accepté de consacrer quelques minutes de votre précieux temps pour nous accorder un entretien. Pour commencer, parlons du ministère qui parraine le LOGOS II; le ministère OPERATION MOBILISATION: depuis quand fonctionne-t-il? Qui en est le fondateur?

Sonja Voelkle: Nous avons 34 ans d’existence, depuis 1970. Le ministère est aussi âgé que moi. En fait le porteur de la vision c’est un Américain du nom de George Verwer. Il était un jeune étudiant quand il a donné sa vie au Seigneur. C’est alors qu’il s’est engagé dans la jeunesse chrétienne lors d’une campagne d’évangélisation de Billy Graham. Par la suite il réussit à convaincre d’autres jeunes de son âge à voyager pour le Mexique par voiture, dans le but d’y distribuer des tracts chrétiens. Plus tard, ce groupe consacrait certaines de ses vacances pour aller en Europe avec pour seule vision d’y distribuer des tracts. Ils priaient beaucoup pour l’avancement de l’Évangile dans le monde et le Seigneur leur a révélé le besoin en Inde. Il manquait de la littérature chrétienne dans cette partie du monde. Ils ont organisé plusieurs voyages de la Grande Bretagne en Inde en voiture pour y distribuer tracts et livres. Mais ils sont arrivés en Inde avec leurs vieilles Volkswagen quasiment en ruine. L’expérience ne pouvait être recommencée. De plus la quantité de livres transportée en voiture s’est vite avérée trop petite. Pourtant ils brûlaient de désir d’arroser l’Inde avec de la littérature chrétienne. Et pendant qu’ils priaient sur la mappe monde, le Seigneur leur a fait remarquer que les 2/3 du globe terrestre sont couverts par de l’eau. Ainsi pour accomplir leur vision, ils avaient besoin d’un bateau rempli de millions de livres.

EPS: Voilà la vision. Maintenant certainement il fallait prier pour les stratégies.

SV: Effectivement ils n’avaient ni bateau, ni capitaine, ni argent, … Le fondateur avait une seule chose avec lui, la conviction que le Seigneur qui avait donné la vision pourvoirait. D’ailleurs du haut de ses 65 ans aujourd’hui, quoi que retraité, il continue d’œuvrer pour l’avancement de l’Évangile. Il a eu la grâce de partager sa vision avec des personnes qui ont accepté de financer le ministère. Par la grâce de Dieu, l’argent a été rassemblé et LOGOS I a pu être acheté. Et le ministère était né: Opération Mobilisation (OM). C’est un ministère international à vocation missionnaire qui travaille dans plus de 90 pays, avec plus de 3000 ouvriers pour la gloire du Seigneur. Plus tard vint le DOULOS.

Sonja VoelkleSonja Voelkle

EPS: Mais où est donc LOGOS I aujourd’hui?

SV: En 1988 au sud du Chili, le LOGOS I a heurté un roc et a coulé. Mais tout l’équipage a pu être sauvé. Seul le matériel était perdu, gloire à Dieu. Les membres du ministère ont quand même été très secoués, prêt du découragement, se demandant comment le Seigneur avait pu permettre cela. C’est plus tard qu’ils ont eu la réponse à leur question: Le LOGOS I était déjà trop petit pour le ministère et le Seigneur voulait le mettre de côté. Il a touché les cœurs de plusieurs personnes dans le monde, les amis du LOGOS I et, en un an seulement, des fonds ont pu être collectés pour acheter le LOGOS II que vous voyez aujourd’hui dans le port de Douala.

EPS: Si vous voulez bien, parlons de la différence entre LOGOS II et DOULOS.

SV: Voyez-vous, nous travaillons essentiellement sur deux bateaux: LOGOS II et DOULOS. En 2002, les populations du Cameroun et de Douala ont eu le privilège de recevoir le DOULOS. Ce dernier est actuellement le plus vieux bateau marchand transportant des passagers dans le monde. Le DOULOS transporte 350 personnes. Le LOGOS II est un peu plus récent et plus petit. Il transporte 200 personnes de 45 pays différents. Tous les membres de l’équipage sont des bénévoles, depuis le capitaine jusqu’au cuisinier. Nous ne recevons absolument aucun salaire. Nous avons donc besoin des églises et des individus pour nous soutenir financièrement.

EPS: Est-ce à dire que chaque membre de l’équipage doit forcément apporter ses propres sponsors?

SV: En réalité, l’argent ne doit pas venir d’une seule ressource, ce serait trop lourd pour une seule église. Les églises sont invitées à donner avec joie dans la mesure de leurs possibilités. Il est cependant recommandable que chaque missionnaire à bord suscite des fonds auprès de ses amis et de ses familles. Dans mon cas personnellement, j’ai une amie qui donne 5 dollars US par mois. Je peux vous dire que c’est une grande bénédiction pour moi. Imaginez un seul instant que plusieurs chrétiens s’engagent à donner autant.

EPS: Si un Camerounais veut faire partie de l’équipage, que doit-il faire?

SV: Disons qu’en général pour faire partie de l’équipage de OM comme missionnaire, vous devez remplir les conditions suivantes:
– Être un chrétien né de nouveau parce que nous sommes tous missionnaires à bord et nous avons le même objectif que de glorifier Jésus-Christ et de le faire connaître. Voilà notre raison d’être sur ces bateaux.
– Parler anglais au minimum à 70%
– Avoir une église ou un ministère qui vous soutient dans la prière et dans les finances. En tant que missionnaires, nous comptons beaucoup sur la prière de nos églises locales pour nous.
– Présenter quelques lettres de recommandation sur votre moralité et de ce que vous faites avec le Seigneur.
– Contacter notre bureau en Afrique du Sud qui va organiser un entretien.
– Avant de monter à bord, le candidat va suivre une formation de 6 mois en Afrique du Sud avec des financements venant de son église locale ou de ses sponsors.
Normalement chaque membre de l’équipage reste 2 ans à bord.

EPS: A supposer que le Saint-Esprit mette à cœur à un chrétien de soutenir le ministère Opération Mobilisation. Comment devrait-il s’y prendre pour envoyer les fonds?

SV: Les sponsors peuvent envoyer les fonds pour un membre bien précis au travers d’une de nos agences. Mais le montant minimum du soutien par membre de l’équipage varie de pays en pays selon la situation économique du pays. Je crois que pour le Cameroun, le candidat doit justifier de 300 dollars US par mois, soit environ 150.000 FCFA. Selon les cas, on peut aussi accepter que vous justifiiez de 80% de la somme requise pour vous donner accès à l’équipage. Pour ce qui est du Cameroun, il est rattaché à notre agence en Afrique du Sud. Tout contact avec OM venant du Cameroun doit transiter par l’Afrique du Sud.

EPS: Les sponsors sont-il fidèles ou alors vous arrive-t-il d’être lâchés une fois l’engagement pris et que le missionnaire est à bord?

SV: Il arrive que certains membres de l’équipage aient des problèmes de fidélité parce que c’est un défi pour les conditions économiques dans leur pays que de rassembler les fonds. Mais le Seigneur Est Fidèle. Il pourvoit toujours. Il nous revient aussi, à nous membres de l’équipage, de prier et de réactiver nos sponsors. Nous ne mobilisons pas des fonds mais nous partageons la vision à nos relations. Il arrive qu’une personne décide de se priver d’un repas dans la semaine pour commencer à donner l’équivalent pour nous soutenir. Nous louons toujours le Seigneur pour de telles initiatives.

EPS: A vous entendre, OM ne flotte pas dans de l’argent. Alors un mois à quai à Douala, qui paie?

SV: Voyez-vous, OM est un organisme de charité à but non lucratif. De plus nous vendons les livres à des prix raisonnables pour les rendre accessibles à plusieurs. Ainsi le bénéfice de la vente des livres couvre environ 20% de nos charges de fonctionnement. Voilà pourquoi nous faisons recours à des personnes et à des ministères qui soutiennent OM en lui-même et non plus des personnes particulières. Ceux-là qui ont un fardeau pour ce ministère peuvent par exemple choisir de financer le carburant ou d’autres charges d’exploitation. Quoi qu’il en soit, nous sollicitons et obtenons souvent des exonérations et des réductions pour les droits d’amarrage, les visas, les taxes, etc.….

EPS: Jetons un coup d’œil dans le quotidien de LOGOS II. Comment ce mélange de nationalités cohabite-t-il?

SV: Souvenez-vous que nous sommes une communauté internationale intégrant 45 nationalités. Nous sommes donc forcément interdénominationaux. Voilà pourquoi nous ne parlons pas de dénominations, nous ne parlons pas de ce qui pourrait nous diviser. Nous parlons des choses que nous avons en commun, c’est-à-dire Jésus-Christ et les évangiles. Nous commençons chaque journée par une dévotion matinale de tout l’équipage. Ensuite peuvent suivre des dévotions par département (Mécanique, cuisine, librairie, etc.). Chacun après cela vaque à ses occupations. Une fois par semaine nous avons une nuit de prière avec tout l’équipage. N’allez pas croire que nous nous ennuyons dans le bateau. En fait le LOGOS II passe 80% de son temps dans les ports parce notre ministère est destiné aux populations dans les pays et non aux poissons en mer. Les périodes de navigation d’un pays à l’autre sont consacrées à la formation et au repos pour ceux qui n’ont pas le mal de mer.

EPS: Sonja, si je demandais à voir les fruits du ministère LOGOS II?

SV: Les cas sont nombreux, des personnes qui ont reçu le Seigneur Jésus-Christ au travers de notre ministère. Tenez dans mon cas par exemple, au cours d’une escale il y a trois ans, alors que je sous-estimais mon niveau d’anglais, j’ai été invitée à donner mon témoignage en liaison avec le LOGOS II dans une école primaire. A la fin de mon propos, l’institutrice a donné sa vie au Seigneur. Au Chili pendant une escale, c’est 50 prisonniers sur 200 qui étaient nés de nouveau après un programme organisé par le LOGOS II dans la prison. Je pourrais vous donner des tas de témoignages pareils. Étant donné notre cour séjour dans les pays, nous tenons à confier les nouveau-nés en Jésus-Christ aux églises locales.

EPS: Si je comprends bien, vous ne voulez pas seulement vendre des livres dans les pays où vous accostez.

SV: Pas du tout. Certes les livres constituent l’activité principale. Nous voulons susciter la croissance spirituelle au travers de la lecture. Une équipe est consacrée à cela. Mais nous avons aussi d’autres activités comme les festivals, les conférences et les descentes dans les églises locales, dans les rues, les universités, les prisons, etc. Pendant ce séjour de LOGOS II au Cameroun, une équipe ira chez les pygmées pour une semaine et une autre ira à N’Gaoundéré pour une semaine aussi. Et une troisième sera dans une île vers Bakassi. La vision du ministère en quelques mots c’est d’annoncer l’Évangile dans toutes les nations en tenant compte des spécificités culturelles des peuples vers qui nous allons. Notre slogan c’est ” Apporter la connaissance, l’aide et l’espoir “.

EPS: George Verwer est-il le leader du ministère? Comment le ministère est-il organisé?

SV: Vu son âge relativement avancé, il a passé le relais l’an dernier à Peter Maiden, un anglais. Tenez, la direction générale du Ministère est à Londres, le bateau est déclaré à Malte et la direction générale des bateaux est en Allemagne. Dans environ 90 pays nous avons des représentations qui font dans l’évangélisation quand elles ne recrutent pas les futurs missionnaires. La coordination générale entre les différents sites est laissée au Saint-Esprit dans la prière et nous travaillons beaucoup par échange d’emails.

EPS: Racontez-nous en quelques mots comment se prépare une sortie comme celle que vous effectuez maintenant à Douala.

SV: Après avoir reçu le pays où nous devons aller, nous prions pour les stratégies d’évangélisation adaptées à ce pays. La prochaine étape, un peu plus compliquée, consiste à obtenir toutes les autorisations dans le pays de destination. C’est mon rôle pour cette mission. Nous essayons d’intéresser les pasteurs locaux à nos programmes, c’est le rôle de John Ip (Ile Maurice). Son épouse, Christine Ip, contacte les artistes pour le côté culturel de la mission. Les relations publiques doivent être préparées; c’est ce que fait Damaris Müller (Allemagne), et Adèle Ntamack (Cameroun) nous sert d’interprète et de secrétaire après avoir servi pendant 2 ans sur le DOULOS.

EPS: Alors que nous tendons vers la fin de cet entretien, j’aimerais que nous parlions un peu de vous-même, Sonja Voelkle.

SV: Je suis célibataire sans enfants. Je suis allemande et je sers sur le LOGOS II depuis trois ans.

EPS: A propos, les familles ou tout au moins les couples sont-ils acceptés sur le LOGOS II?

SV: Bien sûr. Dans le LOGOS II nous avons 15 enfants à bord, une école maternelle, une école primaire et donc des familles. Cependant, le règlement intérieur du bateau nous interdit de commencer des histoires d’amour avec un membre de l’équipage pendant notre première année de ministère. En deuxième année, toute relation naissante doit être au préalable déclarée au leadership du bateau. Qu’à cela ne tienne, beaucoup de mariages aujourd’hui ont commencé pendant que les concernés étaient en mission sur le LOGOS II.

EPS: Comment appréciez-vous l’accueil que l’Église vous a réservé au Cameroun?

SV: En fait au travers du DOULOS, les pasteurs connaissent déjà le ministère. Ils nous reçoivent bien, nous invitent dans leurs églises locales et nous accueillent merveilleusement bien en général. Tous les jeudis à 12heures, nous avons une réunion de prière avec les pasteurs locaux. Nous croyons que le LOGOS II peut aussi contribuer à rapprocher les serviteurs de Dieu au Cameroun.

EPS: Votre mot de fin Sonja?

SV: Mettons-nous ensemble dans l’unité et la prière et ceci pourra faire une grande différence.

Propos recueillis par Rév. Guy Olinga

 

Lu sur http://www.pyramidedusalut.net