L’édition 2012 du Prix littéraire de la Porte Dorée récompense Une enfant de Poto-Poto d’Henri Lopes, Éditions Gallimard – collection Continents noirs.
Le prix littéraire de la Porte Dorée récompense un roman ou un récit écrit en français traitant du thème de l’exil. Ce prix est doté de 4 000 euros par l’Association de soutien à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration.
Mercredi 6 juin 2012, les membres du jury du prix littéraire de la Porte Dorée ont décidé de récompenser le dernier roman d’Henri Lopes Une enfant de Poto-Poto parmi onze titres présélectionnés par un comité de lecture.
- “Un roman élégant et parsemé d’humour : des vers de Clément Marot viennent se poser sur une chanson congolaise, Socrate, Diogène et Confucius ressuscitent à Bacongo et à Poto-Poto. Le tout se déploie sur un fond musical de rumba quasi permanent et dans une langue française « congolisée » propice aux fines analyses psychologiques comme aux descriptions poétiques. Une réussite.” Michaël Ferrier, écrivain, lauréat du prix 2011 et président du jury 2012.
- “Un trio amoureux inédit, exprimé dans un français finement teinté de touches exotiques, pour mieux illustrer une appartenance biculturelle conçue comme une richesse partagée.” Henriette Walter, linguiste.
- “Une écriture dépouillée et pétillante pour dire trois destins liés, déliés par l’amitié et l’amour au pays bantou.” Nathacha Appanah, journaliste et écrivain.
- “Dans le style classique et élégant que l’on lui connaît, Henri Lopes nous révèle toute la musicalité d’un pays, d’une langue, nostalgique d’une époque où Brazzaville était capitale de la France libre.” Nathalie Philippe, rédactrice en chef de Cultures Sud.
Henri Lopes
Né en 1937, Henri Lopès est un écrivain congolais (Brazzaville). Il a assumé de hautes fonctions politiques et administratives dans son pays (Premier ministre de 1973 à 1975) avant de devenir (depuis 1982) fonctionnaire international de l’Unesco à Paris.
Henri Lopes a obtenu le Grand Prix de la francophonie de l’Académie française en 1993. Une enfant de Poto-Poto est son huitième roman.
Ses écrits réalisés au Congo révèlent les contradictions de l’Afrique indépendante évoquant surtout le combat que l’individu mène contre les entités collectives en s’appuyant sur la lecture et le savoir. Son œuvre parisienne très intimiste est une quête identitaire de ses principaux personnages à travers le temps.
Une enfant de Poto-Poto
Le 15 août 1960, à Brazzaville, on fête l’indépendance. C’est « la nuit des espoirs. Des espoirs insensés ». Kimia, la narratrice et son amie Pélagie fréquentent le même lycée, où leur amitié se teinte de rivalité et de jalousie. Leur professeur de lettres, Franceschini, les fascine. Ce Moundélé, comme on appelle les Blancs, danse comme un Noir et parle « en langue ». Après les « Trois Glorieuses » d’août 1963, les dirigeants troquent les vêtements de la sape contre le battle dress, et « même la rumba se dansa sur un rythme révolutionnaire ». Kimia part pour les Etats-Unis où elle devient écrivain, Pélagie rejoint Franceschini à Paris, mais ces trois-là resteront unis. Leur histoire, Kimia rêvait déjà de l’écrire quand elle vivait encore au Congo : « une éducation sentimentale écrite avec l’accent de chez nous ». Ce double féminin d’Henri Lopes ajoute : « Je vis à l’étranger, mais la substance de mes romans est une pâte extraite de la terre africaine ».
Lu sur http://www.histoire-immigration.fr