Pour savoir qui est intellectuel, qui ne l’est pas, il faut au préalable cerner l’incontournable définition de ce mot. Sur ce point, je rejoins l’avis de Rachid Mimouni qui disait qu’un intellectuel est un producteur d’idées.

A cet effet, hautement diplômé est une condition nécessaire mais pas suffisante pour mériter le qualificatif d’intellectuel. Sans diplômes nos ancêtres, dont les expressions proverbiales, si pleines d’intellectualité, nous servent de référence aujourd’hui, géraient leurs sociétés mieux que nous.

Un intellectuel ne doit pas se contenter du rôle de transmission d’idées récoltées, mais, pour mériter son qualificatif, il doit en produire aussi. Et, producteurs d’idées qu’il est, l’intellectuel est mieux placé pour explorer les idées d’autrui, d’où qu’elles viennent. De ce fait, pour que la multitude d’opinions exprimées par les citoyens à travers les médias ne soit pas vaine, il appartient aux intellectuels de les analyser et en tirer une synthèse pouvant refléter la pensée générale de l’Algérien. C’est pour combattre l’arrogance tout en privilégiant la connaissance que Mouloud Mammeri passait des heures à écouter les vieux illettrés dans les champs et sous les aléas du temps.

Parler de l’intellectuel sans penser à la culture, c’est vouloir une naissance sans fécondation. C’est justement le manque de cette fécondation entre l’intellectuel et la culture qui, au lieu de donner naissance à tout le bien qui peut lier notre population, est la cause du matérialisme, au point où l’âme de toute discussion est : « COMBIEN ? ».

Le respect que devait avoir l’argent s’est transformé en égoïsme séparateur de la société et briseur de la culture culturelle. A l’heure actuelle, la responsabilité de tout intellectuel est engagée pour re- sauver notre pays qu’ont déjà sauvé nos martyrs d’une façon la plus intellectuelle.

Il est urgent que la machine à penser de tout intellectuel se mette à fonctionner pour réparer la fissure séparant notre Algérie de celle de nos ancêtres, car le temps travaille pour son élargissement, peut-être, pour son irréversibilité. Unissons les deux parties séparées par cette fissure pour en faire une, avant qu’elles ne se multiplient en se divisant. Je ne termine pas mon texte avant de préciser que ce n’est pas en tant qu’intellectuel que je vous ai sollicités, mais en tant qu’Algérien sensible. A moins que si le sensible est intellectuel aussi qu’un intellectuel est sensible… Parlant justement de sensibilité, je pense qu’il est du devoir de tout intellectuel d’exploiter la sienne pour consolider et faire durer l’amour du pays qu’a provoqué notre équipe nationale de football. Et pourtant,  les footballeurs ne portent pas le titre d’intellectuels. Mais, ils ont su réveiller la fibre patriotique de tous leurs compatriotes. Tout âge, tout sexe, toute couche sociale, toute région et toute tendance politique confondus.

L’intellectualité peut-elle cohabiter avec les vices suivants : l’arrogance, le mépris, la malhonnêteté, l’ingratitude, l’infidélité, l’incivilité, l’égoïsme… ? Moi, je ne pense pas.

Un cerveau sans cœur, aveugle plus qu’il illumine.

ANNARIS AREZKI