J’ai rencontré Thierno, il y’a quelques mois de çà. Juriste et Producteur de l’émission radio,Que proposent les jeunes. Il m’avait alors invité pour un débat sur l’industrie culturelle. J’avais bien apprécié ce moment, qui s’était avéré très enrichissant. Des semaines plus tard, Thierno, accompagné de Djibril Dramé, était venu visiter la Boite à Idée… Autour d’un café, nous avions échangé longuement. Aujourd’hui, à nouveau, de passage dans notre espace culturel, il est venu me parler de son autre casquette, celle de l’écrivain.
Qui es-tu ? Comment te définis-tu ?
«Thierno Niang, C’est juste un jeune , passionné. Et en effet, tous ce que je fais, j’y mets le cœur. C’est normal, je suis un artiste spontané. Il faut cumuler la passion et l’action. Je pense que je suis un artiste dans l’âme, parce que la culture et l’art m’interpellent. Pour moi il faut recentrer le processus de développement de notre pays dans la culture. »
Qu’est ce que c’est pour toi être artiste ?
« C’est d’abord, ne pas faire un art triste. C’est partager, c’est
d’autres genres littéraires. La poésie est importante pour moi, c’est un genre littéraire pointu, qui nécessite beaucoup de maitrise. »
C’est inviter les autres à aller au-delà des apparences. Etre artiste, c’est faire jaillir en soi des messages, qui souvent proviennent du profond de notre être ou d’un Etre supérieur.
La création a pour toi quelque chose de divin ?
« La créature même est divine.. Donc naturellement tout ce qui émane de çà est divin. C’est juste un processus continu. »
Tu as sorti, il y’a un an, un recueil, est ce que tu peux m’en parler ?
«Oui, un recueil de Poésie, intitulé Lumières de la Renaissance. La poésie, c‘est mes premiers amours. Depuis que j’ai 16 ans, j’écris, j’observe. J’ai commencé par la poésie, même si je titille
Lumières de la Renaissance est un recueil de trente-deux poèmes, qui aborde différents thèmes, amours, familles, valeurs africains.
Comment tout ca a commencé ?
« Je vais te faire une confidence, j’ai commencé à 21ans par un roman, j’ai écris une dizaine de pages, et j’ai arrêté. Il est toujours dans ma boite mail. Ensuite, j’ai commencé un autre roman, que je n’ai pas terminé. Après je suis revenu à mes premiers amours, la poésie et j’ai écris…
Devant mes trente-deux textes, je me suis dis : Je dois sortir çà. Je suis allé vers une maison d’éditions sans grand résultat. Puis, j’ai rencontré une femme extra Mame Hulo… Elle était alors au Canada, je lui ai fait transmettre le manuscrit, qu’elle a adoré et fait sortir en ebook. Le 10 Mars 2012, Nous avons fait la sortie de Lumières de la Renaissance à Douta Seck. Une belle cérémonie, avec Annette Mbaye Dernevil ainsi que le Directeur de cabinet du Ministère de la Culture, et Nafissatou Dioufqui a d’ailleurs préfacé le Recueil.
Un an et demi après la sortie, quel est le bilan? As-tu envi d’écrire d’autres choses ?
« En fait, tu sais dans la même veines, j’ai continué à écrire souvent des articles. Si je dois me définir comme un poète, je suis un plus engagé qui n’est pas très lyrique. Meme si tout est sentiment,dans cette vie . Mais il y’a d’autres choses qui me tiennent à cœur. Je suis un jeune sensible à ce qui se passe dans son environnement, dans son pays. Chaque génération a une mission.
Quelle est notre mission ?
« Changer les choses ! J’ai l’habitude de dire, qu’il faut imprimer un tampon évolutif à son époque, pour valoriser son existence. On n’est pas là pour changer tout d’un coup de baguette magique, mais juste pour contribuer aux changements. Il faut le faire. Il ne faut pas se tenir à l’écart. Par effet d’entrainements, les choses bougeront. Telle une vague qui va déferler sur le Sénégal et le reste de l’Afrique. »
C’est quoi tes projets pour 2013 ?
« Y’a déjà une émission. Que proposent les Jeunes. ? , qui donne la parole aux jeunes. C’est ce qui manque ici, on définit la politique pour les jeunes, sans les associer, ni leur demander leur avis. Il serait bien qu’on les consulte. qu’ils disent ce qu’ils attendent des dirigeants. Dans les projets 2013, il y’a aussi le forum des jeunes leaders. Toujours dans la même veine, pour trouver des solutions… Ensuite, y’a quoi… Oui, je continue d’écrire… Mais là, ca sera un projet plus engagé. J’ai envie de donner la parole aux jeunes par écrit cette fois-ci, pour qu’ils parlent .des challenges à venir…etc. Crier pour Construire. Il faut dépasser la phase de contestation. Il faut proposer et agir. »
Ou est ce que tu te vois dans cinq ans ?
« Je ferais partir des gens qui changeront ce pays. Ceci est le dessein d’un leader. »
Si tu devais être un livre, lequel serais-tu ?
« Je viens de terminer la solitude du vainqueur de Paolo Coelho. J’ai beaucoup aimé ce livre. Quelque soit le succès qui sera au rdv, il faut avoir les pieds sur terre. J’aime bien aussi IKbal. Pour le coté spirituel. Je suis un humaniste, donc toute œuvre humaniste ancrée dans la personne, dans son bien être, me parle…Je pourrais aussi te parler de Gabriel Marquez, l’amour au temps du choléra. Tous ces livres te donnent des facettes de la vie… »
Que penses-tu de la scène littéraire contemporaine ?
« Y’a beaucoup de gens talentueux. Je pense qu’en général, il y’a de bon écrivains. NaturellementNafissatou Dia Diouf, qui a préfacé mon recueil. Au-delà d’elle, Soleymane Bachir Diagne, le professeur. Sokhna Bengua. Salla Dieng, Felwine Sarr, Boubacar Boris Diop.. Je lis tellement d’œuvres, que je ne peux tous les citer. Tous ce qui est bien fait, bien écris… Me touche forcément. »mais je n’ose pas omettre le livre de Sogué Diarisso Mémoires de l’espoir qui pour moi est bréviaire pour la §jeunesse à lire absolument
As-tu un Coup de gueule une parole de sagesse, un mot de la fin ?
« J’ai foi profondément en l’avenir, en la jeunesse. Je suis très content de venir ici, de voir ce que tu fais. De voir des jeunes comme toi, qui en veulent, qui sont décomplexés. Y’a une phrase qui me vient en tête. Ecrite par Eva Mayérovitch,une auteure soufi
« Si un spermatozoïde a pu devenir un Mozart ou un Einstein, C’est parce qu’en chacun de nous, il y’a un absolu qu’il faut découvrir. »
Dîner de gala des éditions »Diasporas noires », samedi à l’Hôtel de Almadies
2012-11-26 20:15:17 GMT
Dakar, 26 nov (APS) – Les éditions ‘’Diasporas noires’’ organisent vendredi à l’Hôtel des Almadies un dîner de gala qui sera animé par l’artiste-musicien Abdou Guité Seck et son groupe, annonce un communiqué de la structure reçu à l’Agence de presse sénégalaise.
Le programme de la soirée prévoit, outre le concert, un récital de poésie, du slam, une opération de soutien à deux associations d’aide aux Albinos (associations ANAS et ANIDA), précise la même source.
La veille de cette manifestation, ‘’Diasporas noires’’ organise vendredi la première édition de leur rentrée littéraire, prélude à une soirée de gala, indique le communiqué, signalant que cette seconde activité est prévue à partir de 15 heures au siège de l’Association des écrivains du Sénégal (AES), Kër Birago (Point E).
Le programme prévoit une conférence de presse, une présentation de la maison d’édition ‘’Diasporas noires’’ et de la revue du même nom. Il est aussi prévu une séance de signatures d’ouvrages.
Les objectifs du dîner de gala sont, entre autres, de contribuer à une visibilité de l’Afrique, de ‘’valoriser le patrimoine littéraire des cultures et sociétés d’Afrique et de ses diasporas à travers le monde’’.
Il s’agit aussi de présenter la ‘’Revue des bonnes nouvelles d’Afrique’’ afin de ‘’privilégier l’émergence d’un paradigme positif, optimiste et volontaire, par l’impulsion d’une nouvelle conscience partout en Afrique’’
Le dîner vise à offrir à des associations d’aide aux Albinos (nationale ANAS et internationale ANIDA) une tribune afin de mettre en lumière les discriminations qu’ils subissent et les problèmes qu’ils vivent au quotidien et à lancer un appel aux stylistes africains pour le projet Mode Albinos 2012.
Les bénéfices de l’événement sont destinés à financer le développement des activités de ‘’Diasporas noires’’, l’impression des livres et mettre en place un réseau de distribution afin d’être présent dans toutes les librairies des capitales africaines en 2013. La maison est déjà à la librairie Athéna à Dakar.
L’organisateur compte offrir 20% de ces bénéfices aux associations d’aide aux Albinos (nationale ANAS et internationale ANIDA) et contribuer ainsi à financer leurs actions et à les protéger du soleil en les équipant en crèmes solaires, lunettes et chapeaux.
Fondée en octobre 2011 à Montréal, au Canada, par sa directrice Mame Hulo la maison d’édition ‘’Diasporas noires’’ est installée depuis peu à Dakar. Sa fondatrice, âgée de 52 ans, est une Franco-sénégalaise, consultante en technologie de l’information et en organisation des grandes entreprises.
Son objectif est de ‘’promouvoir les auteurs africains et afro-descendants qu’ils résident en Afrique ou partout dans le monde, ainsi que les auteurs issus de tous horizons qui aiment l’Afrique et qui veulent mettre en exergue sa culture et ses valeurs’’, souligne une note de présentation.
‘’+Diasporas noires+, convaincue que le 3e millénaire sera africain, a pour but d’accompagner cette renaissance africaine et de contribuer le plus possible à un large éveil des consciences.’’
D’octobre 2011 à septembre 2012, 18 auteurs de 6 nationalités différentes — dont 9 auteurs sénégalais — ont rejoint ‘’Diasporas noires’’, 19 livres ont été publiés dans 6 collections différentes.
NFS – Bonjour Thierno, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
TSDN – Je suis Thierno Souleymane Diop Niang , je suis né à Dakar et j’ai fait mes humanités dans la capitale.
NFS – Tu viens de publier ton premier recueil de poèmes, peux-tu nous en dire davantage ?
TSDN – Oui, je viens de mettre sur le Marché mon premier opus . Je remercie tout d’abord Dieu car comme j’ai eu à le dire, dans la présentation, toute évolution positive dans la vie d’un individu, doit être ponctuée d’une attitude de gratitude. Je rends hommage aussi à Mame Hulo qui dirige les Editions Diasporas noires et qui m’a donné la chance de publier les « lumières de la Renaissance ».
NFS – Ton recueil a été préfacé par Nafissatou Dia Diouf, as-tu d’autres contacts privilégiés avec d’autres auteurs ou poètes ?
TSDN – C’est vrai qu’elle m’a fait l’honneur de le préfacer, je dis encore merci à la Grande Sœur Nafi pour son humilité et la sympathie dont elle a fait montre à mon égard. Je crois qu’il m’est arrivé ces dernières années de rencontrer souvent de grandes personnalités de divers horizons et les échanges avec eux sont toujours fructueux. Mais je dois avouer que ma rencontre avec des écrivains ou poètes se passe souvent par le canal de leurs œuvres (rires).Toutefois je nourris le rêve de connaitre personnellement certains auteurs dont les écrits m’ont interpellé.
NFS – Quel poète es-tu ?
TSDN – Il n’est pas aisé d’apporter des réponses précises à cette question, car à mon avis le poète est celui qui couche sur du papier ses émotions. Cela peut être motivé par son vécu, son environnement ou ses aspirations … Je dois dire que pour ma part, je me définirai comme un poète libre, sensible au devenir de l’humanité et qui veut aussi incarner les messages contenus dans ma poésie.
NFS – D’où te vient l’inspiration ?
TSDN – Faire de la poésie n’est pas une entreprise aisée. Je crois que parce que c’est un genre littéraire assez pointu, taxé par certains de cénacle d’initiés, il faut relativement un don, une certaine capacité à communier avec son environnement, mais je considère fondamentalement que le secret de la poésie réside dans la spontanéité c’est là simplement qu’on pourra atteindre les cœurs.
NFS- Que représente l’écriture pour toi ?
TSDN – Liberté, c’est cela que signifie l’écriture pour moi. Libérer mes émotions, partager avec les autres. Car j’ai compris, que si on a la chance de pouvoir manier la plume, il faut avoir le courage de se positionner comme analyste, sentinelle, pour décrire avec froideur les situations de sa société. Je suis aujourd’hui persuadé, que l’écriture sera une discipline qui participera au formatage de cette conscience africaine nouvelle à laquelle aspire ma génération décomplexée, encline à conduire ce continent vers les terres ensoleillées du développement pour que les choses changent. C’est pourquoi je ne me limite pas simplement à la poésie.
NFS – Pourquoi le titre « Lumières de la renaissance » ?
TSDN – Je te renvoie à la préface de Nafissatou Dia Diouf qui dit je cite » que ce premier recueil est la lumière pour la naissance d’un citoyen nouveau libre, conscient, agissant en mot humain « .
NFS – En dehors de la poésie, quelles sont tes activités ?
TSDN – Je suis juriste de formation et depuis longtemps j’ai compris que sur ce continent les jeunes n’entreprenaient pas trop. Je me suis lancé dans ce domaine avec parfois des échecs, ce qui est normal du fait du manque d’expérience. Mais étant de nature optimiste, il y a quelques mois nous avons lancé avec des amis une structure qui s’appelle SMS Consulting (So Many Solutions), dans le but d’insuffler une dynamique nouvelle, dans le domaine de la communication de l’évènementiel… Nous projetons ainsi d’organiser le Forum des Jeunes Leaders, une plateforme inédite, pour dire aux jeunes comme nous que c’est difficile mais c’est possible de réaliser ses rêves à domicile. Dans cette optique, nous avons tenu une randonnée pédestre pour joindre notre voix contre la transmission du VIH mère enfant…
NFS – A-t-il été facile de trouver une maison d’édition pour ton recueil ?
TSDN – En fait ce qui est extraordinaire c’est que la première Maison d’Editions à laquelle je me suis adressée prenait du temps à me répondre et voilà que je rencontre Hulo qui toute suite m’a fait confiance et par la suite Diasporas noires a publié le recueil… Et il y’a quelques temps la maison d’Editions Harmattan m’a témoigné son intérêt pour mon œuvre…
Le recueil de poésies est disponible sur : HTTPS://DIASPORAS-NOIRES.COM/LIBRAIRIE-1/POEMES-LUMIERE.
NFS – Nous sommes à une semaine des élections présidentielles au Sénégal quelle lecture fais-tu des événements récents ?
TSDN – C’est vrai que, la situation est tendue dans ce pays . Mais j’ai appris en droit que les hommes et les régimes passent, donc nous avons en commun ce pays nous avons l’obligation de le sauvegarder et moi je vote pour la paix, c’est mon candidat mais dans l’expression plurielle de toutes les sensibilités car c’est encore cela notre richesse. Une mosaïque d’obédiences cheminant vers un même but.
NFS – Et le mot de la fin ?
TSDN – Quand tu es perdu dans un tourbillon de conjectures, vivotant jusqu’à l’usure, parce qu’un coup du destin t’a couvert d’une chape de mélancolie, parcoure le tréfonds de ton Etat, arraches y cette volonté surnaturelle qui au bout des peines te feras luire. Lorsque tu glisses sur une pente raide, au risque d’être broyé dans la nuit. Surtout reste affable, car ne se hissent jamais au pinacle les esprits faibles. Cherche, en toi sont minées les solutions. Il t’a accordé la primeur dans sa création. Le voyage est tendancieux, la destination reculée mais les moyens palpables. Tu as le pouvoir d’imprimer ta marque indélébile en haut sur le tableau noir sans opposition. Alors recommence, jette aux orties ce faux pas car tu respires encore point de trépas. Rends lui grâce d’autres ont connu fortune diverse et sont coincés dans l’impasse. Souris, n’entends-tu pas tambouriner le bruit de ton salut à grands pas. Ceci était ta destinée, depuis ton premier souffle, tu avais le devoir de triompher de ce combat seul.
RENCONTRE AVEC MAME HULO, écrivaine et éditrice franco‑sénégalaise :
S’il y a une femme de culture en Afrique qui va marquer les consciences dans les années à venir, c’est bien Mame Hulo. Sa fougue, son optimisme contagieux et sa foi en l’avenir de l’Afrique l’ont amené à créer la « Revue des bonnes nouvelles d’Afrique » et une maison d’édition « Diasporas Noires » qui se veulent être le creuset de la rencontre et du partage des écrivains africains et de la diaspora et de tous ceux qui croient au sursaut du continent de Mandela. L’éditrice franco sénégalaise a bien voulu répondre à nos questions au moment même où elle projette de déménager de Montréal à Dakar.
Qui êtes-vous Mame Hulo ?
Je suis Franco-Sénégalaise, consultante en organisation et, chef de projets en technologie de l’information, j’ai créé la maison d’édition « Diasporas Noires » depuis octobre 2011. Je suis passionnée d’écriture et de littérature depuis l’enfance. Je vis actuellement à Montréal mais je rentre m’installer le mois prochain à Dakar…
Parlez-nous un peu de votre site et votre édition Diasporas Noires
Je suis une afro-optimiste et c’est pour cela que j’ai créé la « Revue des bonnes nouvelles d’Afrique », pour faire savoir au monde entier que le 3e millénaire sera africain malgré les apparences actuelles. Mon credo est que l’Afrique est en train de se relever même si cela n’est pas encore évident pour tout le monde. Il y a beaucoup des bonnes nouvelles en Afrique, même si elles ne sont pas relayées dans 99% des médias…D’autre part, pour la partie Edition, je veux donner une tribune aux Africains de tous horizons, aux afro-descendants, car en matière d’édition, les Africains sont souvent obligés de faire éditer leurs livres par des éditeurs occidentaux, quand ils sont acceptés, et il y a très peu d’élus… J’appelle de mes vœux une nouvelle ère en Afrique, où les Africains maitriseront eux-mêmes leur édition, le contenu de leurs livres, leur réseau de distribution, et ainsi maitriseront leur culture. Pour le moment, le domaine de l’édition en Afrique est malheureusement sinistré. Et pourtant, il y a beaucoup d’écrivains qui ont beaucoup de choses à dire… Surtout la jeunesse africaine qui est bouillonnante, créative, décomplexée, prête à prendre ses responsabilités. J’ai un grand espoir pour l’Afrique car cette jeunesse-là est plus vertueuse que ses ainés, et plus volontaire et audacieuse, il me semble, que quand elle arrivera au pouvoir et aux affaires dans quelques années, tous les espoirs seront permis… d’où mon afro-optimisme forcené… C’est Baden-Powell qui disait : « L’optimisme est une forme de courage qui donne confiance aux autres et qui mène au succès. »
Quelle est la ligne éditoriale que vous défendez ?
Notre ligne éditoriale est la promotion d’une Afrique positive, optimiste, une renaissance passant par la prise en charge de notre propre avenir dans tous les domaines, en rejetant la victimisation systématique. Nous pensons que toutes les vérités peuvent être dites mais d’une manière positive et optimiste. Gandhi a dit « soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». Donc, la décision de changement nous appartient entièrement, quand nous en aurons véritablement conscience, nous aurons une force d’action extraordinaire.
Y a-t-il des genres précis que reçoit votre maison d’édition ?
Nous avons des collections qui reflètent tous les genres, tous les styles, de la poésie, du Slam, des nouvelles, des romans, des essais, des livres pour enfants, etc.
Au moment où on parle d’intégration et de mondialisation « Diasporas Noires » semble voguer à contre-courant en se limitant au monde noir.
Ce n’est pas un enfermement, une ghettoïsation… Je ne suis pas afrocentriste. Moi, je crois profondément à l’universalisme, c’est ce que dit un philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne : « Aucune vérité ne saurait être la vérité spécifique d’un peuple si elle est vérité. Si elle n’appartient qu’à ce peuple-là, elle n’est pas vraie, elle n’est pas humaine ». Cela étant dit, les Africains et afro-descendants n’ont pas bénéficié pendant trop longtemps des mêmes outils de promotion de leur culture et de leur Histoire que les autres peuples de la Terre. Les Occidentaux par exemple ont toutes les tribunes, les médias, les télévisions, les maisons d’édition, les musées, les manuels scolaires et tous les moyens nécessaires pour promouvoir leur culture et leur Histoire. Quand j’habitais en France, je n’avais pas accès facilement à la culture africaine, aux livres africains, il y avait que peu d’endroits où les trouver, j’allais au Salon du livre pour chercher les deux malheureux stands africains avec peu de livres. Quand je venais à Dakar pour des vacances, j’en profitais pour acheter le maximum de livres pour avoir ensuite un petit stock. Lorsque je dis « Diasporas Noires », ce n’est pas une couleur mais une caractéristique car on dit bien le continent « noir » alors qu’il y a le Maghreb et les blancs du sud de l’Afrique compris dans ce terme… Par ce vocable, je désigne tous les enfants d’Afrique, de toutes les couleurs, de toutes les diasporas du monde, des afro-descendants… Nous ne nous limitons pas au monde noir comme vous dites, puisque nous incluons les pays du Maghreb et les africains blancs du Sud de l’Afrique.
Pouvez-vous être plus claire Hulo ? Des exemples…par exemple ?
Nous avons un auteur Algérien parmi nous et d’autres viendront. D’ailleurs, on peut aussi être édité chez Diasporas Noires parce qu’on aime l’Afrique… Nous en avons déjà une blanche amoureuse de l’Afrique et bientôt nous aurons le livre d’une Française mais qui se sent africaine jusque dans ses tripes, elle écrit sur l’Afrique des poésies émouvantes dans une langue africaine. Elle était tellement heureuse que je la reconnaisse comme l’une des nôtres. A l’inverse, il y a des Noirs qui ne se reconnaissent pas du tout comme africains. L’Amour de l’Afrique n’a pas de couleur ! Mais il fallait bien indiquer le contenu éditorial spécifiquement africain dans notre enseigne. Tout cela pour dire, que l’Afrique doit se doter des mêmes outils et des mêmes moyens que les autres pour la promotion de sa culture, nous avons du retard à rattraper de ce point de vue là… Donc Diasporas Noires est un outil parmi d’autres mais n’est pas un ghetto !
Comment faire un achat sur votre site ?
L’adresse de notre site est WWW.DIASPORAS-NOIRES.COM… Les e-books sont disponibles à l’achat avec un téléchargement immédiat sur le site et la version papier en remplissant un bon de commande toujours sur le site. Prochainement, certains des livres de Diasporas Noires dont « Dior le bonheur volontaire » seront disponibles à la librairie Athéna 33 rue Jules Ferry à Dakar…
Est-ce que l’édition numérique peut avoir la même emprise que l’édition sur papier ?
L’édition numérique est l’avenir dans le monde, même si cela ne marche pas pour l’instant en Afrique. En Amérique du Nord, c’est déjà entré dans les mœurs, les personnes lisent leurs e-books dans le métro avec des appareils appelés « liseuses » ou sur les tablettes tactiles. Dans ces appareils, on peut stocker des centaines de e-books et les mettre dans la poche, se balader partout avec. C’est comme au début du téléphone portable ou de l’internet. Donc, l’Afrique doit s’y mettre maintenant au lieu d’attendre d’être complètement dépassée. Il ne faut pas perdre de vue que l’Internet est désormais la mémoire de l’Humanité. Maintenant, en un seul clic, on visite des musées, trouve des extraits de livres d’histoire, etc. Comme pour les autres peuples, il faut aussi qu’il contienne le maximum de données africaines. Cela ne veut pas dire pour autant l’abandon du livre papier. Il faut les deux, Ces deux supports ne sont pas à opposer… Moi, même en tant qu’éditrice numérique, je suis très attachée au livre papier, sur notre site on peut en commander, et dans les mois qui viennent, les livres de Diasporas Noires seront disponibles également en librairie, d’abord à Dakar et pourquoi pas un jour dans toute l’Afrique.
Vous êtes aussi auteure, et je suis entrain de lire en format pdf votre livre « Dior le bonheur volontaire »…
Oui, je suis aussi auteure, j’écris depuis l’enfance. Je n’ai malheureusement pas le temps d’éditer tous mes textes que j’ai dans les tiroirs… C’est l’histoire du cordonnier qui est mal chaussé (Rires). « Dior le Bonheur Volontaire » est mon premier livre édité pour l’instant, sa thématique principale est la volonté et l’acceptation, les deux faces d’une même médaille. C’est le portrait d’une femme volontaire, qui croit pouvoir agir sur son destin, qui croit pouvoir construire son bonheur… Ce livre parle aussi de la détresse enfantine, de l’insouciance des jeunes, de leur naïveté face à l’intransigeance de la société et de ses règles parfois hypocrites qui broient d’une façon ou d’une autre toute individualité et toute volonté d’être heureux hors de ces règles. En fait, mon livre parle de la volonté de bonheur, l’espoir d’être heureux. Les lecteurs peuvent découvrir gratuitement un extrait de 47 pages sur notre site. Nous offrons des extraits pour tous nos livres.
Quel est votre avis sur l’idée selon laquelle seule la valorisation de notre culture peut participer au développement de l’Afrique.
Il y a des choses à inventer, car le modèle économique mondial n’est pas satisfaisant et tout le monde peut le voir aujourd’hui… L’Afrique est créative mais les carcans culturels occidentaux nous emprisonnent dans un complexe d’infériorité dont nous devons absolument sortir. Mais je ne prône pas une afrocentricité à tout crin comme certains. Moi je pense qu’il faut « ajouter » au lieu de « soustraire ». Les Asiatiques ont bien réussi à s’ouvrir au monde tout en gardant leur culture et leur authenticité. C’est cela que je prône. Je pense que l’Afrique ne doit surtout pas se replier sur elle, mais elle doit identifier ses propres valeurs, les mettre en pratique de manière indépendante et être fière de sa culture tout en étant ancrée dans le monde ! Ce n’est pas facile, mais nous le pouvons.
Croyez-vous que les gouvernants africains accordent dans leurs projets une grande place à la culture ?
Non, clairement non ! Cela fait des décennies que rien n’est fait par les gouvernants africains et d’ailleurs c’est le cas dans tellement d’autres domaines, la santé, l’éducation, etc. Mais cela va changer, je suis très fière du Sénégal pour le changement politique imposé par les jeunes. Les jeunes doivent continuer à être vigilants avec le nouveau régime afin qu’il agisse vraiment dans l’intérêt du peuple. L’arrivée de Youssou Ndour au ministère de la Culture est un signe encourageant. Mais il faut que chacun à son niveau prenne désormais les choses en main. C’est ce que je fais de mon côté. Il faut que ce soit le nouveau mode opératoire. Prenons les choses en mains chacun dans son domaine à la place où il est le plus utile !
La thématique de la femme noire vous préoccupe n’est-ce pas ?
Oui, je suis très sensible à cette thématique, car il faut bien dire qu’en Afrique nous vivons dans un système patriarcal voire phallocentrique. Je trouve cela dommage, c’est un frein au développement de l’Afrique car les femmes sont très créatives, elles sont sur tous les fronts notamment au niveau de l’économie informelle, très souvent avec peu de moyens, c’est aussi à elles qu’incombe l’éducation des enfants. Si elles étaient moins bridées, notamment au niveau des études, cela apporterait beaucoup de changements bénéfiques à l’Afrique dans tous les domaines. Je crois profondément qu’un peuple qui opprime une catégorie de sa population quelle qu’elle soit, d’une manière ou d’une autre, ne pourra jamais avancer pleinement. Même si certains invoquent une légitimité d’une culture ou des mœurs spécifiques africaines ou musulmanes. Mon père m’a élevée tout autrement, il m’a inculquée assez tôt une volonté d’autonomie et une indépendance incroyable pour une fille, pour une femme, il m’a appris la liberté de parole et d’action en toute circonstance. Cela m’a permis de vivre facilement en occident sans complexe et d’y revendiquer pleinement mes droits à chaque instant.
Quelles sont les femmes africaines du monde de la culture qui vous ont marquée. Pourquoi ?
Annette Mbaye d’Enerneville, première journaliste au Sénégal, écrivaine talentueuse, Germaine Acogny la chorégraphe pour la beauté aérienne de ses danses africaines et modernes, Jacqueline Scott Lemoine la grande tragédienne sénégalaise, saisissante et habitée par ses rôles, Myriam Makeba la chanteuse magnifique, Mariama Bà l’écrivaine, Wangari Muta Maathai la Kenyane que j’admire pour son engagement en faveur de l’environnement (prix Nobel de la paix), Aminata Traoré la Malienne qui dit courageusement tellement de grandes vérités sur le système qui gouverne et asservit le monde et l’Afrique, Aissa Maiga la comédienne belle et talentueuse, Fatou Diome pour ses textes flamboyants…
Et aussi d’autres femmes noires, Rosa Parks, le courage fait femme, Angela Davis la militante des droits des noirs, Maryse Condé la Guadeloupéenne, une grande conteuse d’histoires, Toni Morisson, immense auteure, captivante dans le fond et dans la forme (prix Nobel de littérature)… Il y en a beaucoup d’autres et aussi beaucoup d’hommes…
Votre pays le Sénégal est certainement le pays où la production féminine est impressionnante. Qu’est-ce qui explique ce foisonnement ?
Premièrement je pense que ce foisonnement de la production littéraire féminine n’est pas spécifique au Sénégal… Ce foisonnement n’est pas spécifiquement féminin au Sénégal, il se trouve que le Sénégal est un pays fortement ancré dans la culture. La raison de cet ancrage est due en partie par le fait que Léopold Sédar Senghor, notre premier président qui est grand homme de lettres, avait privilégié la culture pendant des décennies. De son temps, presque tous les Sénégalais au lycée étudiaient le Latin et le Grec, le théâtre Daniel Sorano battait son plein avec des productions incroyables, il y a avait une grande école de danse africaine moderne avec Germaine Acogny et Maurice Béjart, une école des beaux-arts, une école d’architecture, etc. Depuis, cette fibre est toujours là et ça foisonne toujours autant, même si les moyens ne sont plus les mêmes… Il y a quand même beaucoup d’événements culturels à Dakar, le festival des arts nègres en 2010, récemment la 10e biennale des arts en 2012, le Dak’art qui a beaucoup de succès… J’espère que la nomination de Youssou Ndour apportera encore plus de créativité et plus de moyens.
Dans certains pays la polygamie est dans le domaine de l’officiel. Quelle est la position des femmes intellectuelles de votre pays ?
J’avoue, personnellement, que la polygamie est inconcevable même si je respecte cet état de fait dans mon pays et le libre choix des personnes. Je n’ai pas du tout été élevée dans ce sens, donc je ne suis pas une référence pour en parler objectivement. Je crois que la position des femmes intellectuelles est assez variée sur ce sujet, il y en a qui l’acceptent comme une fatalité ou qui le justifient plus ou moins, notamment par la religion. Moi je pense que toutes les femmes en souffrent au fond d’elles-mêmes quoiqu’elles en disent en surface…
Depuis Une Si Longue Lettre de Mariama Ba, pensez vous que le Sénégal ait fait des bonds qualitatifs en matière de la protection de la femme ?
La loi sénégalaise laisse le choix au moment du mariage entre deux régimes matrimoniaux, polygame ou non et cela a toujours été le cas. Certaines femmes n’ont malheureusement pas le choix à cause du poids social, même si elles se laissent faire de moins en moins individuellement. Celles qui ont le choix essaient de ne pas se retrouver dans ce piège de la polygamie, mais ce n’est pas simple pour elles non plus toujours à cause du poids social. Cela étant dit, de plus en plus d’hommes trouvent cela trop compliqué pour eux et ne s’y aventurent pas, surtout les jeunes…
A votre avis la littérature est‑elle capable de faire avancer les choses positivement en Afrique ?
Oui, bien sûr… La fonction de la Littérature est de faire avancer les choses et les hommes… Un bon livre doit toujours changer ne serait-ce qu’un peu le lecteur, il doit le rendre heureux ou meilleur qu’il n’était avant de le lire, il doit lui permettre de s’identifier, de se poser des questions. L’écrivain a le même rôle en Afrique que partout ailleurs, il doit poser des questions existentielles et philosophiques. Même parfois en divertissant. Je ne sais plus qui a dit : « L’écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre ». Encore faut-il que les africains puissent avoir facilement accès aux livres de qualité. Actuellement, les livres sont un peu chers et il n’y a pas de bibliothèques qui permettent de les emprunter. Voilà les problèmes sur lesquels nous devons travailler !
Quels sont les dix livres africains qui vous ont marqué véritablement ?
·Amkoulel, l’Enfant Peul et le Sage de Bandiagara d’Amadou Hampâté Ba, cela m’a appris l’Afrique dans toute sa splendeur et aussi la sagesse africaine
·Le Dialogue des Cultures de LS Senghor
·Les Bouts de Bois de Dieu, ou encore Le docker de Sembène Ousmane.
·Une si Longue Lettre de Mariama Ba
·En attendant le vote des bêtes sauvages, Allah n’est pas obligé, deux livres superbes et instructifs d’Ahmadou Kourouma, mais j’aime tous ses livres.
·Le vieux Nègre et la Médaille de Ferdinand Oyono m’a rendue profondément triste sur les rapports avec les colons
·Le baobab fou de Ken Bugul
·Le ventre de l’Atlantique de Fatou Diome
Connaissez-vous la littérature ivoirienne ?
Je connais très peu la littérature ivoirienne à part Ahmadou Kourouma que j’aime beaucoup et dont j’ai lu presque tous les livres car vendus dans les librairies en France, j’ai aussi des souvenirs lointains de Bernard Dadié… Chez Diasporas Noires, nous avons deux auteurs ivoiriens, Regina Goueu une jeune ivoirienne qui vit au Gabon, Isaïe Biton Koulibaly qu’on ne présente plus et qui voulait se mettre à l’ère numérique pour voir…
Un message fort à nos lecteurs pour clore cette interview…
Je voudrais parler de l’Ubuntu qui signifie : « Je suis parce que nous sommes » ou « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ». C’est un concept spirituel africain qui a permis la réconciliation en Afrique du Sud, ce qui n’est pas rien. Selon Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix sud-africain : « Quelqu’un d’Ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi – qui vient de la connaissance qu’il ou elle a d’appartenir à quelque chose de plus grand – et qu’il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou oppressés. » Pourquoi ne pas enseigner et appliquer cette philosophie partout en Afrique ? Et pour finir, on pourrait résumer mon état d’esprit par cette phrase de Confucius« Plutôt que de maudire les ténèbres, allumons une chandelle, si petite soit-elle. »
ETTY Macaire
Critique littéraire
Cette interview a été publiée dans le quotidien ivoirien LE NOUVEAU COURRIER D’ABIDJAN du vendredi 22 juin 2012
Bonsoir Pierre Laporte, je suis heureuse de vous retrouver, Bonsoir à tous les auditeurs et auditrices.
C’est vrai que nous vous avions déjà reçue comme éditrice, cette fois, vous êtes là en tant qu’auteure.
Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre livre ? Sa thématique.
Je suis franco-sénégalaise, éditrice, j’ai créé la maison d’édition Diasporas Noires et la Revue des bonnes nouvelles d’Afrique… Je suis aussi auteure…
« Dior le bonheur volontaire » est mon premier livre, sa thématique principale est la volonté et l’acceptation, les deux faces d’une même médaille.
C’est le portrait d’une femme volontaire, qui croit pouvoir agir sur son destin, qui croit pouvoir construire son bonheur…
Mon livre parle aussi de la détresse enfantine, du monde inquiétant des adultes qui l’entoure, de l’insouciance des jeunes gens, de leur naïveté face à l’intransigeance de la société et de ses règles parfois hypocrites qui broient d’une façon ou d’une autre toute individualité et toute volonté d’être heureux hors de ces règles…
Donc, ce livre est structuré en deux parties, par quoi a été animé ce découpage ?
En fait, j’ai écrit le premier chapitre par inadvertance, alors que je participais à un atelier d’écrire il y a 20 ans à Paris. On faisait un exercice, écrire un texte en une demi-heure avec comme contrainte une dizaine de mots imposés … Au bout d’une demi-heure chaque texte doit être lu et critiqué par les autres participants… Ce premier chapitre de Dior qui s’appelle « La visiteuse », est sorti donc en une demi-heure, de je ne sais où, quasiment à la virgule prés, sous la pression, comme ça… Moi-même j’ai été abasourdie, d’avoir écrit un truc aussi intime, oublié au fond de moi…
Pour la deuxième partie, c’est un livre que je voulais écrire sur mes parents, mais un peu romancé… Donc là c’était prémédité.
A un moment donné, le fait de rassembler les 2 parties dans un même livre m’a paru évident…
Est-ce que la vision de l’injustice par les yeux d’un enfant obéit à une logique chronologique ou autre ?
Je pense qu’un enfant n’a pas la notion d’injustice pendant qu’il vit des situations données… C’est juste de la détresse et de l’insécurité affective ressenties au plus profond de lui… Qu’il nommera injustice plus tard…
En lisant votre livre, je n’ai pu m’empêcher de penser à Maïmouna d’Abdoulaye Sadji, que pensez-vous de ce rapprochement ?
Je pense que ce rapprochement n’est pas pertinent si on prend les thèmes principaux abordés, le livre d’Abdoulaye Sadji parle des enjeux d’une authenticité africaine face une modernité factice, compare une vie paysanne et humaine, à une vie citadine et mondaine basée sur le paraître, l’auteur parle aussi de l’ambition sociale, de la naïveté, de la tromperie amoureuse…
Pause musicale : Chimes of freedom c’est la chanson que vous avez choisie
Merci à l’Artiste-Ministre Youssou Ndour pour cette chanson optimiste. Le refrain dit : « Et nous avons regardé fixement au-dessus des carillons de la liberté qui éclataient. »… Il faut aussi préciser que c’est une chanson de Bob Dylan à la base.
La condition de la femme est abordée dans ce livre et notamment la soumission à un ordre patriarcal, c’était une volonté de le traiter ou ce sujet s’est-il imposé à vous.
Ce sujet, j’y ai toujours été très sensible, justement parce mon père m’a élevée tout autrement et n’a jamais essayé de m’imposer ce genre de choses, alors que toutes mes amies autour de moi les subissaient… Bien que nous vivions au Sénégal, où cet ordre patriarcal ou même on peut dire phallocentrique est incontournable, il m’a inculquée assez tôt une volonté d’autonomie et une indépendance incroyable pour une fille, pour une femme, il m’a appris à me débrouiller sans compter sur personne, sans compter sur un homme.
Pour vous, une bonne littérature tient elle aussi à son propos ?
Oui, cent fois oui… Car pour moi un bon livre doit toujours changer ne serait-ce qu’un peu le lecteur, il doit le rendre heureux ou meilleur qu’il n’était avant de le lire, il doit lui permettre de s’identifier, de se poser des questions.
Mais une bonne littérature tient aussi à la sonorité des mots, à la fluidité et à l’élégance du style… Sur ce point particulier, j’aime des écrivains comme Marguerite Duras ou Christian Bobin…
D’ailleurs, dans le rap et le slam, les jeunes travaillent sur cette sonorité des mots…
Paul Valery disait « la poésie cette longue hésitation entre le son et le sens ».
Quel est le rôle social de l’écrivain, particulièrement en Afrique ?
L’écrivain a le même rôle en Afrique que partout ailleurs, il doit poser des questions existentielles et philosophiques…. Même parfois en divertissant… Je ne sais plus qui a dit : L’écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre.
Mais j’aime bien ce que dit Christian Bobin : Ce n’est pas pour devenir écrivain qu’on écrit. C’est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour.
Dany Laferrière disait lui « j’ai longtemps cru que mes livres venaient de moi, je commence à croire que je viens de mes livres ».
Est-ce pour vous une réalité encore prégnante en Afrique ou vous nuanceriez le propos aujourd’hui ?
Je pense que cette réalité-là que je décris existe encore en Afrique mais aussi partout dans le monde (j’en reviens toujours à l’universalisme, c’est ce que dit un philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne : Aucune vérité ne saurait être la vérité spécifique d’un peuple si elle est vérité. Si elle n’appartient qu’à ce peuple-là, elle n’est pas vraie, elle n’est pas humaine…)
Cette réalité-là a toujours existé et la littérature en général ne cesse de relater ce même type d’histoire… Tristan et Yseult, Roméo et Juliette, ont fait couler beaucoup d’encre et c’est le même type d’histoire d’amour contrarié par la société sous des prétextes divers et variés… La forme et le motif de la contrariété peut-être être différente selon les cultures ou selon qu’on soit à la campagne ou à la ville… Il y a toujours une histoire de richesse ou non du prétendant, de religion, de bienséance ou d’honneur…
C’est la même chose pour la réalité de fillettes sans leur mère dans un milieu hostile où règne une marâtre, chez nous au Sénégal, on raconte depuis la nuit des temps dans les veillées, l’histoire de « Coumba ame ndeye » (Coumba avec mère) et « Coumba amoul ndeye » (Coumba sans mère), une cendrillon africaine qui finit par triompher d’une méchante marâtre après beaucoup de péripéties et de souffrances…
C’est toujours la même histoire… Ces histoires sont des histoires humaines qui se reproduisent à l’infini… De tout temps et sur toutes les latitudes.
Vous mettez en exergue de votre livre « tout ce qui arrive est nécessaire » qui est une phrase rappelons le, de Marc Aurèle empereur romain et philosophe stoïcien.
Cette citation est également attribuée à Spinoza
Pourquoi ce choix ?
Pour moi, c’est la conclusion du livre…Cela reflète mon état d’esprit après avoir raconté tous ces événements relatés dans le livre… Cela veut dire, que ces événements m’ont façonnée et que dans ce sens, ils étaient peut-être nécessaires… C’est l’acceptation de la vie et des embuches qu’on rencontre, afin d’évoluer.
La philosophie stoïcienne met en avant l’acceptation du monde tel qu’il est, est-elle en accord avec le propos de votre livre ?
Je suis en accord avec cela, même si pour moi la volonté doit être le pendant parfait de l’acceptation… Je m’explique
Je pense qu’il faut accepter le monde tel qu’il est et se changer plutôt soi-même… pour pouvoir le changer…
Gandhi l’a très bien dit, « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde… »
On peut être très volontaire en agissant sur les événements et le monde qui nous entoure tout en acceptant qu’il ne soit pas parfait, que nos vies ne soient pas parfaites, vivre dans le moment présent en essayant d’être heureux avec ce qu’on a sur le moment, même si on travaille à l’améliorer…
Dans votre ouvrage « Dior, le bonheur volontaire » la volonté est beaucoup plus présente que le bonheur. C’est un parti pris ?
En fait, je voulais surtout parler de la volonté de bonheur, l’espoir d’être heureux, pas du bonheur lui-même
Pause musicale : Nina Simone – My baby just cares for me
Super !!! Merci Pierre
Le sujet de la religion est aussi abordé, via notamment l’interdiction transgressée d’épouser un non-musulman, comment analysez-vous cette endogamie ?
Au Sénégal, Il y a beaucoup de familles ouvertes qui acceptent cela.
Cette interdiction a souvent été transgressée car les 2 communautés musulmane et catholique sont assez imbriquées… Dans presque chaque famille, il y a des musulmans et des catholiques. Dans ma famille cela a toujours été le cas depuis plusieurs générations. Les fêtes religieuses sont fêtées d’un côté comme de l’autre, tous ensemble, tout le monde participe… Moi quand j’étais jeune, bien que catholique, je faisais parfois le ramadan pour faire comme ma grand-mère ou soutenir ma meilleure amie dans son effort…
Pour moi cette interdiction d’épouser un non-musulman, est d’autant plus bizarre que c’est le même Dieu… Mais cela peut servir de prétexte le moment venu pour refuser un prétendant … Et pourtant, Dior et Édouard étaient cousins germains et donc d’une grande proximité familiale…
Et ce drap taché qui est un symbole d’asservissement là devient un symbole de libération ?
Oui, en fait Dior joue à l’apprentie sorcière et transforme ce symbole d’asservissement de la femme en sa faveur… Ces jeunes partent en fait du principe que le déshonneur c’est quand on se fait déflorer sans que les parents sachent où, quand et avec qui… Là, ils ont l’idée de ramener le drap taché, de l’exhiber accompagné d’une demande de mariage… Ils pensent que cela va leur épargner le déshonneur, en tout cas c’est ce qu’ils croient…
On voit aussi comment s’organisent les jeunes pour s’opposer à une décision parentale, le conflit entre les générations est-ce là encore quelque chose de nouveau en Afrique ou ça a toujours existé ?
Je pense que le conflit de générations a toujours existé, jusqu’ici en Afrique, le sacro-saint respect envers les ainés, les anciens, empêchait et freinait toute velléité de révolte de la jeunesse. Mais cela est en train de changer…
J’ai l’impression que les jeunes aujourd’hui prennent plus leurs responsabilités et sont décomplexés de ce point de vue là… On peut citer toutes les révoltes de la jeunesse dernièrement, cela a commencé en Égypte, donc en Afrique… Le mouvement Yen A marre au Sénégal a tenu tête au régime et l’a fait tomber… J’ai un grand espoir pour l’Afrique car cette jeunesse-là est plus vertueuse que ses ainés, et plus volontaire et plus audacieuse, il me semble, que quand elle arrivera au pouvoir et aux affaires dans quelques années, tous les espoirs seront permis… d’où mon afro-optimisme forcené…
Que pensez vous de cette phrase de Nietzsche « tout ce qui se fait par amour se fait par delà le bien et le mal », serait-ce un bon résumé de votre livre ?
Oui, tout à fait… Même si cela ne va pas forcément dans le sens souhaité par les amoureux au final…Moi je fais toujours et systématiquement ce choix-là… Quand des jeunes me demandent un conseil, je leur conseille toujours de choisir les sentiments plutôt que toute autre chose.
Quels sont vos modèles d’écriture, les auteurs qui vous ont inspirée le plus concernant le style ?
Mon style n’est pas inspiré par un écrivain en particulier, mais c’est un amalgame de toutes lectures que je fais depuis l’enfance et de ma propre intériorité…
Je suis plus à l’aise dans le style de la première partie de ce livre qui coule de source telle quelle, à la virgule près, comme venue directement de mon âme…
Alors que la deuxième partie du livre est plus un travail d’écrivain, avec un peu plus d’efforts…
Cela étant dit, je peux quand même dire un mot des livres qui m’ont le plus marquée dans ma vie au niveau du contenu… Je citerai en vrac
Amkoulel l’enfant peul et le Sage de Bandiagara d’Amadou Hampâté Bâ, cela m’a appris l’Afrique dans toute sa splendeur, Mariama Ba : Une si Longue Lettre.
Jazz de Toni Morisson et Si c’est un homme de Primo Levi m’ont beaucoup appris sur la complexité de l’être humain, sur l’ombre et la lumière, La chute d’Albert Camus aussi.
Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez, Ségou de Maryse Condé, L’alchimiste de Paulo Coelho, Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche, etc…
Et pour finir au niveau spirituel, Le livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché et Le prophète de Khalil Gibran… Mais il y en a beaucoup d’autres comme Don Quichotte de Cervantès, qui est un livre IMMENSE à lire et à relire…
Tous ces livres m’ont appris la bienveillance envers le genre humain et l’optimisme.
C’était votre premier roman, Graham Greene dit qu’il est important d’écrire sur ses premières années car c’est là que l’essentiel nous a été donné . Êtes-vous d’accord ? Et si oui que vous ont laissé ses premières années ?
Ces premières années m’ont laissé une grande force de caractère je crois, une résilience, beaucoup de volonté mais aussi de capacité d’acceptation, sans désir de revanche, sans rancœur, juste avancer, évoluer, se relever à chaque chute, sourire et repartir de plus belle.
– comment se procurer le livre (particularité).
-adresse du site/ références
Sur le site de Diasporas Noires https://diasporas-noires.com/
Le livre version numérique est disponible pour un achat immédiat sur le site https://diasporas-noires.com/librairie-1/dior
Le livre version papier en remplissant un bon de commande toujours sur le site https://diasporas-noires.com/bon-de-commande
Prochainement, certains des livres de Diasporas Noires dont Dior seront disponibles en version papier à la librairie Athéna 33 rue Jules Ferry à Dakar…
Merci Mame Hulo
Merci Pierre Laporte pour ce bon moment que je viens de passer avec vous, trop court…Et merci à tous les auditeurs auditrices…
‘’Lumières de la renaissance‘’ est ‘’la révélation d’un auteur au talent précoce’’ (préface)
Dakar, 10 mars( APS) – Le recueil de poèmes ‘’Lumières de renaissance’’ de l’auteur Thierno Souleymane Diop Niang est, selon l’écrivain Nafissatou Dia Diouf, ‘’la révélation d’un style et d’un auteur au talent précoce’’.
Ce tout premier opus, +Lumières de la renaissance+ est une lumière pour la renaissance d’un nouveau citoyen libre, conscient, agissant et digne, en un mot, humain’’, a écrit Mme Diouf dans la préface de cet ouvrage présenté samedi à un public constitué de parents, amis et proches de l’auteur.
Cet ouvrage est ‘’la révelation d’un style et d’un auteur au talent précoce’’, a ajouté Nafissatou Dia Diouf, qui a participé à la cérémonie de présentation du livre. ‘’L’Afrique est omniprésente dans l’ouvrage.’’
‘’Avec des accents senghoriens parfois, sa pensée s’exprime en vers libres, en vers rimés ou en prose, dans une maîtrise étonnante de la langue, malgré quelque imperfection‘’, soutient l’auteur de la préface du recueil.
L’auteur Thierno Souleymane Diop Niang, étudiant en droit, soutient que c’est une ‘’expérience’’ accumulée au fil de nombreuses années par la lecture qu’il a voulue faire parler dans son ouvrage.
‘’Jai toujours aimé les livres et j’ai commencé à écrire depuis le lycée. C’est toute une expérience que j’ai acquise au contact des livres au fil des années. A un moment donné, j’ai pensé qu’il fallait exterioriser toute cette expérience là, tout ce talent caché en moi’’, a-t-il affirmé.
‘’Les sources d’inspiration, je ne suis pas allé loin pour en trouver : c’est ma mère. C’est cette dame qui est là, dont je suis le fils unique. [Elle] a tout été pour moi. Malgré mes errements, c’est elle ma muse’’, a-t-il dit, montrant du doigt sa mère assise devant l’assistance.
Ses amis et son environnement l’ont aussi inspiré, a-t-il affirmé. ‘’Ce sont, a-t-il indiqué, les lieux que je fréquente, les bus, les cars rapides et les taxis que je prends et les gens chaleureux que je rencontre qui ont constitué ma muse.’’
Thierno Souleyemane Diop Niang ‘’milite pour un monde plus équilibré, en prônant une conscience nouvelle mue par les valeurs civilisationnelles africaines ou simplement les valeurs humaines fortement secouées par une époque mercantiliste’’, écrit son éditeur, Diasporas noires.
LUMIÈRE DE LA RENAISSANCE» de THIERNO SOULEYMANE DIOP NIANG : Poésie militante pour un monde plus équilibré
LUNDI, 12 MARS 2012 12:34
La Maison de la culture Douta Seck a abrité, samedi, la présentation du recueil de poèmes de l’étudiant Thierno Souleymane Diop Niang. Selon l’écrivain Nafissatou Dia Diouf qui a préfacé ce recueil, l’Afrique est omniprésente dans ce recueil où l’auteur s’insurge contre ceux qui ont ébranché le continent pour bâtir leurs divins jardins.
Thierno Souleymane Diop Niang, étudiant en droit, a procédé samedi à la présentation de son premier recueil de poèmes intitulé « Lumières de la Renaissance », à la Maison de la culture Douta Seck. Cet ouvrage de 64 pages, édité par « Diasporas noires » et riche de trente quatre poèmes, a été préfacé par l’écrivain Nafissatou Dia Diouf. Elle y parle de ce jeune poète qui « traite des thèmes variés dans un style assez singulier, empreint de spiritualité naturelle, et repousse les frontières des règles de la poésie dans son dessein de s’épanouir ». Nafissatou Dia Diouf estime que cette œuvre est « une lumière pour la renaissance d’un citoyen nouveau, libre, conscient, agissant, digne, en un mot, humain ». L’Afrique est omniprésente dans ce recueil où Thierno Souleymane Diop Niang s’insurge contre ceux-là qui l’ont ébranchée pour « bâtir leurs divins jardins ».
« Si sa terre est son thème de prédilection, sa mère demeure son inspiratrice, et l’être aimé, sa muse. Ce qui nous donne à penser que l’auteur se nourrit d’amour et de mots, de raisons et de passions. Oui, il sait aussi se mettre à nu, rendant encore plus touchant ses mots, ses doutes et ses douleurs », apprécie-t-elle. « Avec des accents senghoriens parfois, sa pensée s’exprime en vers libres, en vers rimés ou en prose, dans une maîtrise étonnante de la langue (…)», souligne-elle. « C’est une expérience accumulée au fil de nombreuses années, par la lecture, que j’ai voulu faire parler dans mon recueil. J’ai toujours aimé les livres et j’ai commencé à écrire depuis les classes du niveau secondaire. J’ai acquis toute une expérience au contact des livres. A un moment donné, j’ai pensé qu’il fallait extérioriser toute cette expérience », explique l’auteur Thierno Souleymane D. Niang. M. Niang révèle que sa muse, c’est sa mère, dont il est le fils unique, mais son inspiration lui vient aussi de ses amis et de son environnement. Pour sa part, la directrice de la maison de la culture Douta Seck, Fatou Sidibé G. Diallo, a vivement félicité le jeune écrivain, représentant d’une jeunesse parfois révolutionnaire, mais qui constitue l’espoir du pays.
Venu présider la cérémonie au nom du ministre d’Etat, ministre de la culture, du genre et du cadre de vie, le directeur de cabinet Racine Senghor soutient : « le Sénégal a besoin que sa bibliographie s’agrandisse, et que naissent des poètes ». La beauté de cet ouvrage, souligne-t-il, est liée au fait que « l’auteur utilise beaucoup de ressources à l’image des modes d’expression de chez nous, sans respecter la poésie classique». Quant à son homonyme, il a dit qu’il est « agréablement surpris, car il n’avait jamais décelé chez l’auteur un talent si extraordinaire ». Mme Annette Mbaye D’Enerville est allée dans le même sens, en encourageant le jeune poète.