Richard Turere, un jeune Kenyan d’ethnie maasaï, a résolu un problème auquel son peuple et les lions sont confrontés depuis des générations.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Au Kenya, tuer des lions est un crime puni par la loi. La loi kényane est ici en contradiction avec les coutumes du pays maasaï qui voient le fait de tuer ces animaux comme un rite de passage et un acte d’honneur. Des coutumes probablement liées à la menace récurrente que constituent les lions sur les troupeaux des Maasaïs. Pour faire face à cette menace, le gouvernement kényan avait mis en service des services de vétérinaires. Lorsqu’ils sentaient leurs troupeaux menacés par des lions, les Maasaïs pouvaient ainsi appeler contacter ces médecins qui administreraient des tranquillisants aux animaux.
Lire l’article sur http://nofi.fr/2015/06/a-11-ans-il-cree-une-invention-pour-proteger-ses-troupeaux-sans-tuer-des-lions/19961
Les Rendez-vous de l’Afrique Consciente du 16 Avril 2016
(Une initiative de Diasporas Noires Editions en partenariat avec le Monument de la Renaissance)
L’Afrique Souveraine : Déconstruire et Reconstruire l’Image de l’Afrique
Qu’est ce que le développement pour les africains?
A quoi ressemblerait l’idéale société africaine moderne?
Que pourrait être un indicateur de succès ou un indice d’économie optimale?
Que peut bien vouloir dire démocratie pour les peuples aficain et d’ailleurs quels sont les mots dans les langues locales qui décrivent de façon adéquate cette forme de gouvernance?
Ce sont là entre autres les questions qui ont été soulevées ce samedi 15 avril, lors de la cinquième cession des Rendez-vous conscients de l’Afrique qui s’est tenu au Monument de la Renaissance. Deux illustres penseurs à la fois auteurs et économistes ont présenté leurs ouvrages. Il s’agissait pour Ndongo Samba Sylla de la Fondation Rosa Luxembourg ainsi que le Professeur Felwine Sarr de l’Université Gaston Berger de Saint Louis de déconstruire des concepts et idées qui jusqu’ici ne semblent pas avoir été questionnés.
Pour Mr Sylla, l’auteur de La démocratie contre la République, publié aux Editions L’Harmattan, l’initiative de cet ouvrage a été entamée il y a cinq ans alors qu’il tentait de prouver à travers une recherche sur le commerce équitable ce si la démocratie précède le développement ou si ce dernier serait le produit de la démocratie.
Selon lui, le fin travail qui a mené à la parution du livre avait pour objectif de développer une réflexion autour du mot ‘démocratie’ dont il a donné l’étymologie : ‘Democratie’ vient de democratia et qui veut dire : démos qui se réfère aux pauvres ; puis cratos qui veut dire que les pauvres gouvernent : d’où le concept de la gouvernance exercée par les pauvres du fait de la force qu’ils profèrent à travers leur nombre.
Il a été incité à faire une odyssée des origines de la démocratie en visitant des penseurs de la Grèce antique aux temps modernes tels Aristote et Samuel Huntington et en passant par l’internationalisation du concept de démocratie en 1917.
Il s’agissait pour Mr Sylla de déconstruire les notions qui ont été créées jusqu’ici sur le concept de démocratie, comme l’idée selon laquelle la démocratie aurait été créée par les grecs alors qu’Athène était une puissance esclavagiste et sexiste ; ou que la démocratie est purement américaine tandis que le système américain est selon lui ‘’le système le plus anti démocratique au monde’’.
Selon lui, les performances démocratiques sont en dégression en occident depuis le déclin du communisme à travers la chute du mur de Berlin.
En gros, Mr Sylla appelle à un modèle plus démocrate où le peuple est de plus en plus impliqué. Dans la démocratie, le peuple contrôle et décide mais n’exécute pas car ceux qui exécutent doivent pouvoir le faire.
Mr Felwine Sarr quant à lui invite à travers Afrotopia à la redécouverte du ‘soi’ profond, rejoignant Aminata Traoré, l’ancienne Ministre du Mali qui rappelle que l’Afrique est la solution.
Mr Sarr invite à ‘’refaire l’archéologie de la démocratie’’ car ‘’nous avons des théories toutes faites que nous utilisons sans réévaluer ces notions que nous appliquons au niveau de nos pays.’’
Comme Ndongo Sylla, Felwine Sarr a aussi procédé à l’historique de l’image faite de l’Afrique, ce continent qui évolue de celle d’où apparaissent puis disparaissent les animaux et nouvelles espèces à celui à présent considéré comme celui de la richesse et du futur.
Dans cette entreprise de reconquête de l’Afrique, il est important de réécrire son futur. Et pour cela, il faudrait, comme l’aurait suggéré Howard Zehr, le père fondateur de la justice restorative, changer les lunettes à travers lesquelles certaines réalités sont perçues afin de mieux réécrire l’histoire du continent. Ce travail ne pourrait se faire qu’en interrogeant les épistémies, en questionnant certaines notions et concepts comme celui de développement, éviter de mimer des formes de réussites même si elles ont réussi dans un autre continent car il ne peut exister une formule universelle de développement ou un système d’économie qui s’applique à tous les contextes.
En outre, le fait que les africains ou peuples jusque-là aliénés par les puissances occidentales n’aient eu le privilège de participer aux débats afin de contribuer aux questions sur les types de sociétés qui leur sont utiles et qui seraient l’idéal est une contrainte réelle. Pour lui, il est devenu impératif de changer les mentalités, il ne s’agit pas d’aller de l’afro pessimisme à l’afro euphorie mais de contribuer à mettre en place des sociétés qui donnent des espaces qui cultivent la dignité ; car le problème fondamental est le fait que l’africain soit devenu incapable de réfléchir sur le sens qu’il donne à sa vie, sonnant l’urgence de mettre un frein à la course frénétique pour prendre le temps de faire un état des lieux et redéfinir les points de repère pour identifier et baliser le chemin à suivre.
Ce livre est une invitation à reprendre le travail à la base et à se poser des questions sur la modernité et post modernité. De plus, il est un plaidoyer pour la jeunesse qui a besoin de confiance et pour qui il est important de retravailler à déconstruire l’imaginaire de la réussite, ce qui pourrait permettre de dire que ‘nous pouvons amener le continent à un autre niveau et accroître la densité de la conscience humaine.’
Selon Mame Hulo, Directrice de Diaspora Noires et fondatrice de l’initiative des Rendez-Vous de l’Afrique Consciente, qui a acclamé la philosophie de Mr Ndongo Sylla en proclamant que ‘’la démocratie représentative est l’une des plus grandes arnaques du monde’’ ces livres sont une source intarissable de notions importantes et offrent une boîte à outil bien garnie.
Penser et repenser l’Afrique, c’est la thématique qui était tout à son honneur lors de ce panel, surtout lorsque le modérateur, Gaindé Ndiaye, a clôturé le débat en demandant aux deux auteurs de définir ‘l’espoir’ ; une notion qu’il fallait recadrer et déconstruire selon les lunettes de l’intervenant.
Woré Ndiaye
Sunu Capital Humain (SunucapH)
communication@sunucapitalhumain.com
Elle est l’oeuvre du groupe Cerco, selon sa vision »une école, un incubateur, une usine ». La pose de la première pierre de l’usine, jeudi 26 mars, a donné lieu à une cérémonie rehaussée par la présence du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
En parallèle avec la grève dans les universités, Gnamien Konan a salué la vision du groupe Cerco. « Il faut donner du crédit à la formation ; qu’on augmente le taux d’employabilité des étudiants. Une école, un incubateur, une école ; c’est le système qu’il nous faut. L’école, c’est fini. A la fin de chaque Ufr (Unité de formation de recherche), il doit y avoir un incubateur « , a affirmé le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Il n’a pas caché son afro-scepticisme, au regard des réalités de l’école en Afrique, de façon générale, et de la Côte d’Ivoire en particulier, où les universités accueillent 65 mille étudiants au lieu de 17 mille. Mais, depuis un moment, sa vision des choses a changé, notamment par le travail abattu par des jeunes tel le président directeur général du groupe Cerco, Dr Alain Capo-Chichi. » L’Afrique va finalement s’en sortir car nous sommes obligés de trouver des solutions « , s’est convaincu Gnamien Konan après avoir vu les œuvres (porte-clés électroniques, fontaines électroniques, serveurs d’informations en langue locale) réalisées par les étudiants. Pour atteindre cet objectif, le ministre a indiqué que » les établissements doivent s’engager à trouver du travail, à défaut un stage à l’étudiant, qu’il reçoit à la fin de sa formation, sinon ils doivent fermer « . Car, argue-t-il, » les étudiants ne peuvent pas payer pour être formés à ne rien faire. On ne peut plus former pour former « .
Lire l’article sur http://www.black-feelings.com/accueil/detail-actualite/article/un-beninois-monte-une-usine-de-montage-dordinateurs-et-de-tablettes-en-cote-divoire/#Y7gjOrwC7daBI0DD.99
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« L’Éducation en Afrique » était le thème de la conférence du samedi 20 février au Monument de la Renaissance dans le cadre des rendez-vous de l’Afrique consciente qui ont lieu tous les 3e samedis de chaque mois. A l’occasion, l’Afrique consciente prône l’intégration de l’enseignement de Cheikh Anta Diop dans le système éducatif africain.
« … Gayndé Ndiaye, activiste panafricain, professeur en Sciences Politiques à l’ISM a fait une brillante intervention dont le titre était : L’École Africaine de la pédagogie critique à la libération. Il a retracé l’histoire de la transmission de la connaissance, de l’Egypte Antique à nos jours. Il a décrit la verticalité du savoir. Selon lui dans le système traditionnel africain notamment en Egypte, la transmission du savoir suit un système holistique qui fait appel à l’éveil du savoir qui est déjà ancré en l’individu. Plus tard, les Grecs se chargeront de la démocratisation du savoir.
À travers une description de la cérémonie Suigui des Dogons organisée tous les 60 ans, narrée par Marcel Griot, il a su prouver que l’Afrique, au-delà de l’Egypte ancienne, est dotée d’une science qu’il faudrait redécouvrir en fouillant sous les traditions.
La pédagogie des Opprimés de Paulo Freire était au rendez-vous, mettant en exergue l’importance de la libération de l’esprit afin de permettre au savoir de donner libre cours et de contribuer à l’épanouissement de l’individu, tandis que ce dernier se dote d’un esprit critique pour faire la part des choses.
- Ndiaye a étayé son intervention de questionnements: l’école est-elle pour être formé, se transformer ou être formaté?
Selon lui, une révolution devrait s’opérer en Afrique afin de transformer le mécanisme de cette éducation afin de permettre un échange à part entière entre l’élève et son maître, l’enseignant et l’étudiant tout en encourageant la créativité.
Puis vint l’intervention de Mame Hulo activiste panafricaine, écrivain et DG de diasporas noires.
D’après elle, le monde de l’Éducation est en crise partout en Afrique francophone…
La crise n’est pas seulement d’ordre financier ou de reconnaissance de nos enseignants ou de nullité de plus en plus abyssale des élèves et étudiants…
C’est un cancer profond qui le ronge et le plonge dans le malaise depuis des décennies. C’est le cancer de la géographie européenne apprise par cœur, le spectre de ces rois et grands hommes européens qui squattent la tête de nos enfants nuit et jour alors que les nôtres en sont totalement absents. C’est le cancer de cette éducation à l’européenne qui dit à nos enfants que le Saint Graal est d’aller étudier après son bac ou d’aller travailler en Europe coûte que coûte au péril de sa vie.
C’est ce cancer qui insidieusement, montre à nos enfants des images falsifiées d’eux-mêmes quand ils se regardent dans le miroir.
C’est le cancer de la perte d’identité et des valeurs africaines qui créé un dysfonctionnement et une dissonance grave.
Les politiques publiques doivent s’atteler à une refonte courageuse de tout le système éducatif sinon rien ne fonctionnera plus jamais dans ce vieux corps malade… Il est plus que temps !
Comme disait Malcolm X « Il est vraiment idiot de confier à son ennemi l’éducation de ses enfants »
Cette aliénation nous conduit par exemple sous couvert de conservation de patrimoine historique a avoir une énorme statue d’un des plus grands bourreaux de nos ancêtres, qui trône en 2016 sur la plus belle place de Saint-Louis et pire encore, avec une plaque « À Louis Faidherbe, le Sénégal reconnaissant».
Là on ne peut pas pousser plus loin l’aliénation n’est-ce pas ? Glorifier nos bourreaux !
C’est comme si, aujourd’hui, on faisait lire et aimer Mein Kampf aux enfants juifs. C’est aberrant n’est-ce pas ?
Avez-vous remarqué que par contre nos rois sont toujours présentés comme des despotes sanguinaires et injustes envers leurs populations, coupant des têtes pour un oui ou un non ? Avez-vous remarqué notre spiritualité ancestrale est présentée comme de l’animisme ou de la sorcellerie ?
Les mots sont des armes redoutables et ces mots qui nous méprisent pullulent dans notre système éducatif et dans nos systèmes de référence, dans notre subconscient !
Je reprends ci-dessous certains passages de plusieurs articles écrits par Khadim Ndiaye, historien et spécialiste de Cheikh Anta Diop qui habite au Canada.
Dans une lettre du gouverneur du « Sénégal et dépendances » et de l’AOF (Afrique occidentale française). Jean Jubelin du 23 mars 1829, adressée au ministre de la Marine, il est écrit qu’il faut :
« Amener les habitants indigènes à la connaissance et à l’habitude du français et associer pour eux à l’étude de notre langue, celle des notions les plus indispensables. Leur inspirer le goût de nos biens et de nos industries. Enfin créer chaque année parmi eux une pépinière de jeunes sujets propres à devenir l’élite de leurs concitoyens, à éclairer à leur tour et à propager insensiblement les premiers éléments de civilisation européenne chez les peuples de l’intérieur. Tels devaient être les fruits du nouvel établissement. »
Voilà pourquoi l’enseignement de Cheikh Anta Diop doit être intégré dans le système éducatif en Afrique.
« Cheikh Anta Diop a fait le constat du dépérissement de la personnalité de l’Africain, du Noir en général, qui a un besoin réel d’être renforcée par la mise en place d’un cadre culturel approprié : « La personnalité du Noir, écrit-il, est la plus délabrée de toutes, comparée à celles des autres ex-colonisés: ces derniers bénéficient, en général, d’un cadre culturel et d’une superstructure moins entamés, qu’il faut, souvent recréer ici. La création d’une conscience collective nationale, adaptée aux circonstances, et la rénovation de la culture nationale, sont le point de départ de toute action progressiste en Afrique noire. C’est le moyen de prévenir les diverses formes d’agressions culturelles. »
Mame Hulo s’interroge : Quelle réforme de l’enseignement sera mise en œuvre afin de non seulement intégrer les enseignements de Cheikh Anta Diop à l’école et à l’université mais également afin d’extirper tout néocolonialisme globalement de notre système éducatif ? Ces 2 objectifs doivent aller de pair !
Il faut que cela soit fait à partir de l’école primaire partout, afin de façonner positivement les têtes de nos enfants, la survie de l’Afrique en dépend, la souveraineté de l’Afrique en dépend, l’unité de l’Afrique en dépend !
Beaucoup de réactions dans l’assistance et de belles contributions !
Comme celle de M. Babacar Ndiaye, Président Honoraire de la Banque Africaine de Développement (BAD), les jeunes peuvent faire l’histoire. Ils devraient pour ce faire jouer un rôle participatif au lieu d’être des spectateurs afin de contribuer à créer « la recette de l’histoire » dont ils doivent contribuer à trouver les ingrédients.
Ou encore celle M. Mamadou Ndoye ancien ministre de l’Alphabétisation et des Langues Nationales, ancien ministre de l’Éducation de Base et de la Promotion des Langues Nationales qui a partagé son expertise sur la méthodologie éducative et les différentes étapes que devrait suivre une réforme de l’éducation en Afrique. Selon lui, l’Afrique est connue pour être le berceau de l’humanité. Il faudrait donc recréer l’histoire afin qu’à travers l’éveil des consciences ainsi que des pratiques pragmatiques adaptées aux réalités socio-économiques et culturelles du continent, le continent reparte sur ses pieds et mérite son titre de berceau de l’humanité. Il s’est aussi appesanti sur l’identité africaine comme instrument pour la reconstruction de l’intégration africaine.
La modératrice, Mme Woré Ndiaye, Directrice Exécutive de Sunu Capital Humain, écrivain et experte en transformation de conflits, quant à elle, a soulevé la nécessité de comparer le système francophone et celui anglophone en prenant le soin de collecter les bonnes pratiques qu’il faudra répliquer. Citant le Professeur Joseph Ki-Zerbo, elle a rappelé que » l’on ne développe pas un pays, l’on se développe ». D’où l’importance pour l’Afrique de recréer son propre critère de développement autour d’une éducation sociale qui soit égale ou supérieure à l’éducation académique de l’individu, en valorisant des vertus humaines afin de favoriser l’émergence du continent.
Merci à Woré Ndiaye pour ce compte-rendu
(Directrice Exécutive de l’organisation Sunu Capital Humain Ecrivain, Experte en transformation de conflits)