La politique de lutte contre l’alphabétisme mise en place par le Maroc donne des résultats.

En effet, l’analphabétisme y est désormais en baisse, indiquait Afriquinfos le 8 septembre. Selon le chiffre annoncé à l’occasion de la Journée Internationale de l’alphabétisation par la direction de lutte contre l’analphabétisme au Maroc, «seulement» 30% de la population marocaine est aujourd’hui analphabète.

Cette statistique vient récompenser les efforts du gouvernement qui souhaite offrir un accès à l’éducation au plus grand nombre. Ainsi, entre la période 2002/2003 et la période 2010/2011, le nombre de bénéficiaires des programmes d’alphabétisation est passé de 286.000 à 700.000. En 2004, 43% des marocains ne savaient ni lire ni écrire; en 2010, ils n’étaient plus que 30%.

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Vingt années de combat récompensées. Jacqueline Moudeïna, avocate des victimes de l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré, est la première tchadienne à recevoir le Prix Nobel Alternatif, rapporte Human Rights Watch le 29 septembre.

Attribué chaque année depuis 1980 par une Fondation suédoise, le Prix «Right Livelihood Award» 2011, ou Prix Nobel Alternatif, a été décerné conjointement à trois autres lauréats qui se partageront 150.000 euros: Jacqueline Moudeina, l’entrepreneur chinois Huang Ming qui travaille pour le développement de l’énergie solaire, l’organisation internationale Grain qui soutient la lutte des paysans et une sage-femme américaine, Ina May Gaskin.

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Barack Obama, le premier Noir élu président des États-Unis, vient d’inaugurer, le 16 octobre 2011, un monument en l’honneur du Martin Luther King, militant pour des droits civiques. Tout d’abord, il faut mentionner que l’installation d’un locataire « inhabituel » à la Maison Blanche est, en réalité, l’aboutissement d’une contestation amorcée depuis belle lurette.                 

Toutefois  une vérité reste immuable : la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui fut adoptée par l’Assemblée générale des Nations-Unies le 10 décembre 1948, rappelle clairement la notion d’égalité en droit  —  c’est un impératif ! —  qui doit prévaloir  dans les relations humaines.

Au regard de ce qui précède, les « classifications » raciales, avec tous les préjugés irrationnels et les conflits inutiles qu’elles véhiculent, sont des discriminations illégitimes.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet hommage rendu au Révérend King est la preuve tangible de  la reconnaissance de l’héroïque combat mené par cet activiste. Celui-ci  contestait, vigoureusement et inlassablement, les comportements visant à favoriser l’inégalité des races.

Une chose est sûre, lorsqu’on fait une rétrospective historique du chemin parcouru par les Afro-Américains, cet événement mémorable et valorisant est,  indéniablement, une victoire…

À propos des discriminations raciales

Un examen attentif des rapports entre les groupes humains dresse un portrait « déséquilibré » des droits et obligations entre les races. Concernant la société américaine, l’attitude dénigrante à l’égard Noirs remonte à une époque bien lointaine. Ces agissements sont des vestiges du passé esclavagiste de ce pays. Déterminés à se réapproprier leur dignité et leur libertédes membres de la communauté noire, tous sexes confondus, montèrent au créneau pour démontrer publiquement leur refus de se faire traiter comme des citoyens de seconde zone. Si cette révolte est empreinte d’une légitimité incontestable, les revendications, elles, ne recevaient pas l’assentiment de tous car bien des gens, à cause des avantages que leur procuraient ces injustices sociales, souhaitaient maintenir le statu quo. Comme chacun le sait, cette divergence d’opinion a longtemps été —  et demeure encore dans une certaine mesure —   la pierre d’achoppement entre les différents « clans » qui soutiennent tel ou tel autre principe.

Les luttes des Afro-Américains  

 

Parler des acquis de la communauté noire aux États-Unis, c’est une manière de revisiter le passé de ce peuple. Cette démarche permet, inévitablement, de découvrir les moments sombres et les périodes élogieuses cette histoire inspirante et riche d’enseignements. L’inauguration du  Mémorial Martin Luther King résonne, en quelque sorte, comme un devoir de mémoire qui devrait intéresser tant les Noirs installés sur le sol américain que les autres disséminés partout dans le monde.

À titre de rappel,  Martin Luther King prononça, le 28 août 1963, le discours « I Have a Dream » pour rappeler à l’humanité entière sa détermination de poursuivre sa lutte tant et aussi longtemps que son rêve ne se traduira pas par des changements réels. Autrement dit, il avait une profonde conviction que le seul moyen de rétablir les inégalités était de poursuivre, contre vents et marrées, les dénonciations. C’est dans l’optique de combattre la ségrégation raciale que, le 1er décembre 1955, Rosa Parks, une vaillante femme noire installée en Alabama, refusa, comme l’exigeait le règlement, de céder la place à un blanc dans un bus.

Bref, de nos jours beaucoup de gains ont été obtenus. Est-ce pour autant dire que les discriminations raciales sont totalement abolies ? Une mobilisation de la communauté noire pourrait aider à trouver des avenues pour tordre définitivement le coup au racisme. Rappelons aussi que cette communauté est constamment  diabolisée clichés raciaux…

Qu’on se le dire clairement, où que nous soyons, d’une manière ou d’une autre, nous subissons, au même titre que les Afro-Américains, toutes sortes d’injustices fondées sur la race. D’où la nécessité de suivre les traces des militants des droits civiques pour inoculer le virus de la résistance la jeunesse.

En tout cas, le Mémorial  Martin Luther King est, lui aussi, une concrétisation des luttes menées par notre héros.

Le 16 octobre 2011.

par Ghislaine Sathoud

Lu sur Tolerance.ca 

Les petites filles marocaines ne pourront plus faire la «bonne» pour des employeurs peu scrupuleux, grâce à un nouveau projet de loi adopté par le gouvernement marocain le 12 octobre. Le texte vise à interdire les emplois domestiques pour les enfants de moins de quinze ans, en grande majorité des filles. Le site d’information Au fait Maroc rappelle que le débat sur le travail et la violence sur les enfants avait ressurgi en juillet dernier avec plusieurs faits divers, dont la mort de Khadija, 11 ans, après avoir subi les sévices corporels de son employeuse.

D’après le gouvernement, ce projet de loi qui doit encore être voté par le Parlement et promulgué:

«définit la nature du travail domestique, interdit le travail des mineurs de moins de 15 ans et garantit des mesures coercitives à l’encontre des contrevenants»

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PAR ***Molefi Kete ASANTE

Prologue
Je pense qu’il s’agit de nouveau du début de la réalisation de nouveaux objectifs, de nouvelles politiques, de nouvelles idées et de nouvelles politiques par les puissances collectives africaines. Je crois que nous lancerons une nouvelle ère de paix parmi les peuples africains. Je vous demande de laisser ceci être une nouvelle ère d’harmonie au cours de laquelle aucun Africain ne sera persécuté, brutalisé ou discriminé en raison de son ethnicité, de sa religion ou de sa croyance. Je vous demande de lutter avec ceux de la diaspora qui combattent contre l’oppression économique, le manque d’opportunité et d’assaut culturel de grande ampleur.

La diaspora à travers le monde
Qu’est-ce que signifie une diaspora ? Comment la comprenons-nous au regard de la possibilité d’une renaissance africaine ? Quelles sont les interfaces nécessaires entre nous et ceux qui soulageront la moitié du millénium de désespoir qui affecte tant de nos communautés, celles au sein même des nations africaines et celles dominées par les non Africains ? Comment comprenons-nous les efforts courageux des Vénézuéliens africains tel que le président Hugo Chavez Frias de défendre la liberté, d’intégrer et d’unifier les peuples indépendants. La population africaine du Vénézuéla tel que Jésus Chucho Garcia de Rio Chico (Barlovento), inspiré par les exemples du continent africain, conduisent une nouvelle renaissance dans leur pays. Cela se produit à travers toute l’Amérique centrale et du Sud.

Le terme diaspora dérive du grec et a été éminemment utilisé pour faire référence à la dispersion des Juifs de Palestine après la captivité babylonienne. Son étymologie en grec, du mot diaspeirein, suggère l’idée d’une dispersion. Elle en est venue à signifier la dispersion de tout groupe de gens en dehors de sa mère patrie. Il est donc possible de parler d’une diaspora africaine dans un contexte large, qui est un contexte continental, ou d’une diaspora au sens national, telle que la diaspora algérienne en France ou la diaspora ghanéenne en Grande Bretagne.

Ce que nous entendons par diaspora
Il y a un sens selon lequel la mère patrie africaine est une mère patrie pour l’ensemble de la race humaine. D’après les dernières études scientifiques, on peut faire remonter l’origine de l’ADN de tous les êtres humains à des femmes africaines qui ont vécu il y a quelques 250 000 années en Afrique de l’Est. Il s’agit d’une réalité biologique de tous les êtres humains. Nous savons de l’archéologie et de la paléontologie que les restes de squelette des hominidés peut être daté d’il y a 6 millions d’années au Tchad et de presque 4 millions d’années en Ethiopie. Néanmoins, dans la ligne d’évolution de l’être humain jusqu’à aujourd’hui, nous disposons de suffisamment de preuves pour suggérer que les mitachondries de l’ADN, qui se trouvent en chaque être humain, descendent de la femme africaine, de la mère africaine. Cependant, notre notion actuelle de diaspora est relativement récente, essentiellement dans les cinq cent dernières années pendant lesquelles les Africains ont été attaqués, brimés, colonisés et asservis par ceux qui vivaient en dehors du continent. Notre diaspora est vaste, comprend des millions de gens et beaucoup de nations.

Les intellectuels africains ont éminemment utilisé le terme de diaspora depuis 1950 lorsque de nombreux érudits et militants africains ont commencé à adopter le terme de diaspora comme une déclaration de solidarité aux luttes du continent africain. Bien qu’il ait existé, depuis les temps les plus reculés, un sentiment d’appartenance à l’Afrique dans les écrits d’Edward Blyden, de Martin Delany, d’Abdias do Nascimento, de Marcus Garvey et d’autres, c’est la libération du continent africain qui a apporté une nouvelle ère de fierté et de dignité. L’utilisation du terme « Ethiopie » a été prédominante dans le discours de  » Memory and Return » et on avait le sentiment de ne plus être désormais des enfants sans mère loin de la maison. Notre maison se trouvait en Afrique.

En dépit de l’opposition et de la critique de la part de ceux qui avaient abandonné l’idée d’une mère patrie, notre histoire est plus riche en déclarations universelles de solidarité avec le monde africain dans les travaux d’Edward Blyden des Iles de Virginie ; de Marcus Garvey, de Léonard Barrett et de Mutabaruka de la Jamaique ; de Sheila Walker, de Wade Nobles et d’Asa Hilliard des Etats-Unis ; d’Arthur Schomberg et de Marta Vega de Puerto Rico ; de Jean Price-Mars d’Haiti ; de George Padmore, de C.L.R. James, de Kwame Ture et de Khafra Kambon de la Trinité; de Georges James, de Norman Cameron, d’Ivan Van Sertima et de Walter Rodney de la Guyane ; d’Aimé Césaire et de René Maran de la Martinique ; de George Lamming et de Kamau Brathwaite de Barbade; de Maryse Condé, d’Ama Mazama et de Simone Schwartz-Bart de la Guadeloupe ; de Nicolas Guillen de Cuba, d’Abdias do Nascimento et de Bénédita da Silva du Brésil, et ainsi de suite.

Ainsi, pendant que nous reconnaissons qu’il y a des Africains aux Etats-Unis, au Canada, en Grande Bretagne, en Jamaique, au Vénézuéla et dans d’autres endroits qui remettent en cause toute connexion avec l’Afrique et crachent sur la mémoire de leurs pères et mères parce qu’on leur a dit des mensonges sur l’Afrique et qu’ils y croient, la majorité écrasante des Africains de la diaspora maintiennent une croyance en leur africanité. Ils souhaitent une Afrique qui se porte bien même s’ils ne savent pas comment réaliser leur désir. Cela constitue donc notre défi. Il est de notre devoir pour l’avenir de faire en sorte que le désir des Africains à travers le globe soit de voir se produire la renaissance.

Les trois éléments de la diaspora africaine
Il devrait être clair désormais que la diaspora africaine comporte trois éléments : le concept, le processus et la situation. Au niveau conceptuel, nous réalisons notre potentiel pan-africain à travers la manifestation d’une interface diasporique dans tous les segments de la population africaine. Nous devons nous observer. L’idée du processus est une continuation, un devenir, khepera, dans notre langage usuel, qui n’est pas encore achevé, mais toujours en mouvement. Quand nous parlons de situation, nous voulons dire par là l’endroit où nous sommes domiciliés, c’est-à-dire là où nous vivons.

Le concept est politique, c’est-à-dire qu’il contient le potentiel d’influencer les questions économiques et sociales. Il est également spirituel lorsque l’affirmation de nos ancêtres en tant que philosophes, agriculteurs, métallurgistes, intellectuels, artistes et guérisseurs se situent à la tête de notre revitalisation. Ainsi, être dans la diaspora en tant qu’Africain brésilien, qu’Africain canadien, qu’Africain jamaicain ou qu’Africain britannique, c’est prendre conscience des similitudes et des éléments en commun dans la mémoire, mais également surmonter les obstacles, les barrières et les défis.

Dans la mesure où le concept est politique et spirituel, le processus de la diaspora est social. Ceux d’entre nous qui quittent le continent de manière volontaire pour trouver une formation, un travail, des relations et des objectifs personnels constituent une couche supplémentaire de la diaspora. Dans certains cas, ces diaspora restent essentiellement distinctes ; cependant, dans une même génération, ils deviennent partie de l’ancienne diaspora et, en tant qu’enfants des nouveaux venus, adoptent les symboles, la langue, les styles et les ambitions de l’ancienne diaspora, et cela tout en enrichissant l’ancienne diaspora avec de nouveaux signes, de nouveaux symboles, de nouvelles formes artistiques et musicales. Ce que nous devons faire, c’est faire avancer l’intégration de nos cultures avec les meilleures méthodes pour faire avancer l’Afrique. Au niveau du processus, nous sommes toujours en devenir.

L’Afrique n’est pas statique ; on ne peut pas dire que l’Afrique est l’Afrique d’y il y a cent, cinquante ou cinq ans. Le continent est réputé être un endroit dynamique pour la transformation. Nous sommes les catalystes de ce changement. Dans la diaspora, c’est la même chose. Les nouvelles diasporas sont en train de se créer dans la Corne arabe laquelle est composée des Africains du continent aussi bien que d’autres parties du monde. Dans la mesure où les gens entrent dans les pays européens, les Amériques, l’Asie et les Caraibes, nous formons un réseau inévitable de coopération internationale et une unité d’esprit.

Cependant, il est vrai que la diaspora est également une situation. Certains d’entre nous sont mieux placés depuis longtemps. Il y a la diaspora afro-asiatique trouvée dans les différentes nations asiatiques. Il y a également les races noires d’Australie qui réclament leurs origines africaines. On doit donner le sentiment aux Dalites indiennes, aux Siddis indiennes, aux Africains des Etats-Unis, du Brésil, de Mexico, du Honduras, du Nicaragua, du Vénézuela, du Panama, de Colombie, du Costa Rica, d’Equateur, de Guadeloupe, de Martinique, de la Trinité et Tobago, de Cuba, du Pérou, du Surinam, d’Uruguay et de Guyane qu’ils font partie de ce grand mouvement de prise de conscience.

Un frère de Montevidéo (Urugway) est venu pour me voir à Philadelphie et m’a dit qu’il existait des cinémas qui discriminaient les Africains dans ce pays. Je pense qu’il est nécessaire pour les ambassadeurs africains de tels pays de s’interroger sur les conditions de vie des Africains dans ces pays. Quel que soit le protocole diplomatique, il doit en général être dans l’intérêt des peuples africains. Permettre aux enfants de ces communautés oubliées de voir les Africains agissant au nom des autres Africains. C’est ce que signifie reconnaître notre situation.

Notre histoire abonde en créativité, en résistance et en noblesse. Mais nous devons enseigner à nos enfants de partager en héritage les victoires respectives du continent et de la diaspora. Aucun d’entre nous ne se trouve sans culture. En réalité, être sans culture est être sans ancêtres et nous sommes tous les enfants de nos ancêtres. Parfois nous ne les respectons et nous ne les honorons pas, et cela constitue peut-être le début du crime contre notre propre histoire. Disons aujourd’hui que nous avons transformé notre manière de nous approcher et la manière dont nous voyons le monde.

Notre réalisation est connue de tout le monde
Aucun peuple ne peut prétendre à plus de créativité que les peuples africains. Nous avons été les premiers, ce n’est pas pour se vanter mais il s’agit là d’un fait, à ériger une architecture monumentale comme nous l’avons fait dans la Vallée du Nil et dans l’Empire d’Axoum. Nous avons été les premiers à créer une calculatrice comme les Isonghee comptaient avec les os il y a trois mille ans au Congo. Nous avons été les premiers à organiser la médecine, à créer la géométrie, l’astronomie, la loi, la politique, les coutumes de parenté, la théologie, l’art, l’écriture et la sculpture. En fait, Erastotènes, bibliothécaire à Rhacoste, ville rebaptisée Alexandrie pour honorer le conquérant grec, a raconté que les navires égyptiens en papyrus avaient navigué jusqu’à Ceylan, aujourd’hui le Sri Lanka. En réalité, dans Histoire naturelle Plines, l’historien romain a dit que les Africains étaient allés aussi loin que l’embouchure de la rivière du Gange dans la vallée de l’Indus. Nous tenons, bien sûr, d’Hérodote et d’autres sources que Sesostris avait conduit ses armées dans la région de la mer Noire. Nous savons que Thutmoses III était le plus grand conquérant de l’Antiquité. Nous savons qu’Hérodote a écrit que Nécho le pharaon avait envoyé une flotte pour naviguer autour de l’Afrique. Nous savons que le grand roi, Ramses II, User-maat-re, Setep-en-re, avait son portrait et ses inscriptions placés en trois endroits sur les falaises de Phénicie. Il y a quelques années, à environ minuit, je suis resté debout avec Théophile Obenga et soixante autre personnes au grand temple d’Abou Simbel, là où Ramses trône, et j’ai entendu Obenga dire, « Ramses, nous sommes tes enfants ! ». Il avait raison parce que nous, les Africains, nous sommes les seuls dans le monde qui pouvons parler de Ramses.

Les cinq cent dernières années ont, cependant, constitué un test pour notre détermination et nous ont mis en contact avec une culture vorace et agressive qui a tenté de saper les bases mêmes de notre humanité. C’est la résistance de notre continent et de la diaspora qui nous a fortifié. Comme les palmiers qui oscillent dans la tempête mais qui ne cassent pas, nous avons encaissé les coups, les coups brutaux du colonialisme et de l’esclavage, et nous avons survécu. Il est vrai, cependant, que certains d’entre nous ont été cassés, indignés par les attaques, blessés dans l’esprit et stoppés dans notre croissance par des assauts, mais notre résistance a été noble en grande partie.

Le commerce de l’esclavage européen n’était pas d’origine africaine
Notre capacité à lutter et à résister dans chaque partie du globe a constitué une inspiration pour d’autres peuples du monde. Les Américains d’origine ont perdu tout un continent. Cela fut destin des races noires d’Australie. Cela devait être la fin de l’Afrique, mais cela n’est pas arrivé. Bien sûr, la dévastation de l’Afrique en termes de ressources humaines et matérielles est immense. Pendant que je suis sur ce sujet, permettez-moi d’être clair sur le fait que l’Afrique n’était pas responsable de sa propre dévastation. L’esclavage des Africains n’était pas une initiative des Africains. Aucun Etat africain n’a construit des bateaux pour transporter les Africains à travers l’Océan. Aucun Etat ou royaume africain n’a jamais organisé de flotte pour le commerce des esclaves. Aucun peuple africain n’a jamais utilisé l’esclavage comme le principal mode de production. Nous devons donc autoriser l’Europe à mettre sur l’agenda le discours concernant l’esclavage de nos peuples, et cela tout en essayant de minimiser le rôle de l’Europe et de maximiser le rôle des Africains. En fait, il y avait des Africains, certains très colorés, qui ont collaboré avec les Européens, mais ils n’ont jamais constitué la majorité et n’ont pas été les instigateurs de ces affaires diaboliques. Des Juifs ont collaboré avec les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale européenne et des Africains ont participé au maintien de l’ordre dans le régime de gouvernement blanc sud-africain. Mais en aucun cas nous ne pourrions blâmer les collaborateurs pour l’initiative de ces horreurs. Ils ont été eux-mêmes des victimes de multiples façons. On nous respecte parce que nous avons été capables de faire face aux problèmes auxquels nous étions confrontés. Le 21ème siècle est l’ouverture de la renaissance.

Déterminons nos propres priorités
Il est peut-être temps pour nous de faire appel à la diaspora comme instrument de notre renaissance. Est-il possible que nous examinions nos propres cultures et langues en faveur d’une revitalisation du continent et de nos vies ? Je sais que nous pouvons. Je suis sur que nous devons. La raison pour laquelle certains d’entre nous ont bêtement suivi les traces de l’Occident est que nous n’avons pas examiné la possibilité que nos propres cultures contiennent les germes d’une autre manière d’approcher la modernisation, l’intégration et la revitalisation. Il est difficile de penser de cette manière étant donné les bénéfices de carrière qui ont nous été légués par les organisations qui comptent dans le monde occidental. L’Occident est venu pour dicter les termes de notre recherche et la manière dont nous élaborons le rapport du contenu de ces recherches. On doit rédiger ces rapports dans les revues les plus connues en Occident, au sens littéral les revues européennes. Ceci est un piège que nos meilleurs intellectuels doivent éviter avec l’aide des gouvernements africains. S’il doit exister des avantages pour des bourses d’études d’une manière matérielle, laissons l’Afrique poser les termes, laissons les gouvernements africains établir les récompenses qui attireront les meilleurs cerveaux à travailler dans l’intérêt de l’Afrique.

Affirmer une position vers la victoire
Il y a plusieurs mesures que nous pourrions prendre pour renier les mauvaises conceptions de la diaspora. En premier lieu, nous devons affirmer une position afrocentrique sur tout ce qui touche à l’Afrique. Cela signifie que nous ne pouvons pas affirmer que les idées promues par les non-Africains sont universelles et neutres. Beaucoup d’idées promues par l’Europe en particulier ont été dangereuses pour les peuples africains. Prendre une position afrocentrique signifie se placer et placer sa culture au centre de l’histoire et ainsi commencer le processus de prise de contact avec les autres grâce à une connaissance approfondie de la réalité déjà vécue. L’un de mes étudiants est venu me voir pour discuter de Jésus-Christ. Il s’agissait d’un étudiant brillant, un que j’avais appris à apprécier pour son humilité, sa vivacité d’esprit dans mes cours et sa sincérité profonde. Je lui ai dit : « D’où venez vous ? ». Il m’a dit : « Je suis du Zimbabwé ». Je lui ai dit, « Oh, j’ai vécu au Zimbabwé « . Il m’a dit qu’il était de Hararé au Zimbabwé et je lui ai dit : « Connaissez-vous Chaminuka ? » Il m’a dit « Qui ? », je lui ai dit : « Chaminuka le prophète ». Il a été bafoué et je pouvais lire l’intonation sur sa figure. Je lui ai dit, « Jeune homme, va et informe-toi auprès de tes parents et des anciens sur Chaminuka, et à ton retour, parlons de Chaminuka et de Jésus ».

Nous engager en Afrique et pour les intérêts africains de la diaspora
Je vous demande, frères et soeurs, de vous interroger sur toutes les idées qui sont non-africaines, de ne pas les rejeter parce qu’elles sont étrangères, mais de voir si elles sont en corrélation avec nos objectifs et nos buts. Chacun d’entre nous doit apprendre à être les peuples de nos ancêtres, et non les serviteurs des maîtres impérialistes internationaux. Cela constitue l’origine de notre victoire et la résurrection de la gloire qui nous réunit les uns avec les autres. Nous devons parler et nous devons agir. Nous devons harmoniser et nous devons être prêts à créer le chaos dans les vies de ceux qui chercheront à prendre le contrôle sur les peuples africains. On ne doit pas permettre à nos intellectuels et à nos politiciens de nous laisser à notre propre sort face au cauchemar des impérialistes qui cherchent, même lorsqu’ils dorment, à regagner les contrôle de l’Afrique à travers le fondamentalisme des religions anti-africaines. Souvenons-nous des mots de Tsegaye Gabre-Medhin, il y a près de vingt cinq ans ici à Dakar, lors du premier pré-colloque de la troisième FESTAC. Gabre-Medhin a déclaré, « Il est temps que nous laissions les peuples africains exprimer la volonté des ancêtres toujours présents à l’esprit pour reconstituer leur langue perdue, pour scolariser leurs enfants en harmonie avec le devenir de l’humanité, avec la nature et le cosmos, et avant que le précipice nucléaire de la culture des hobglobines ne nous prenne par surprise, pour laisser les peuples africains raisonner par eux-mêmes et laisser nos brillants prédécesseurs toujours présents dans nos esprits ranimer un nouvel ordre culturel en chaque homme ».

Une idéologie afro-centrique
Ce dont nous avons besoin, et je ne suis pas le premier à faire cette suggestion, c’est d’une idéologie centrant la pensée sur l’Afrique elle-même. Il s’agit d’une perspective centrée sur l’Afrique où nous regardons dans nos propres cultures et expériences afin d’être capables d’avoir une meilleure vision le reste du monde. L’afrocentricité est une qualité de pensée et d’action qui permet à l’africain de se voir comme un agent et un acteur dans l’histoire humaine, pas simplement comme quelqu’un qui exécute. Cela nous donne une perspective de sujet, et non des marges, à savoir d’être des victimes ou un objet dans le monde de quelqu’un d’autre. Nous sommes les créateurs, les initiateurs et les fournisseurs de notre éthique, de nos valeurs, de nos économies ainsi que de nos coutumes. Nous ne cherchons à remplacer personne ; nous cherchons seulement à être pour nous-mêmes comme une manière d’être face au monde. En tant que minimum nous devons accepter l’idée selon laquelle :

* les civilisations africaines classiques sont des points de référence et des ressources nécessaires pour le concept afrocentrique de formation et de recherche et qu’une compréhension adéquate ne peut pas prendre place sans référence ou connections organiques aux cultures africaines classiques ;

* le monde africain existe lorsque les gens eux-mêmes se déclarent Africains. Cela est vrai tant en Afrique, en Asie, dans les Amériques qu’aux Caraibes ;

* les Africains sont des gens qui partagent la même conscience (vision/orientation mondiale), la même culture et les mêmes qualités physiques que ceux de certaines régions africaines ;

* l’afrocentricité établit une approche positive pour toutes les informations et les données ;

* Un objectif et un but réels de recherche afrocentrique est une connaissance émancipatrice. Les gens doivent être libres. Cela signifie que, comme le disait Samora Machel, la libération des femmes ne constitue pas un acte de charité mais une nécessité fondamentale dans le monde africain ;

* « Objectif », « objectivité » et « universel » sont des catégories artificielles qui ont peu à voir avec le monde réel parce qu’ils équivalent par défaut à une subjectivité européenne collective présentant le particularisme européen comme universel.

Redéfinissons-nous par nous mêmes
Affirmer que nous devenons tous afrocentrique nous devons voir l’Océan atlantique comme la mer africaine de l’Occident et l’Océan indien comme la mer africaine de l’Orient. Il n’y a pas de raison réelle à l’exception de l’affirmation selon laquelle les Européens ont appelé l’océan de l’Ouest de l’Afrique, « atlantique », qu’eux et les asiatiques avaient appelé l’océan de l’Est de l’Afrique, « indien ». Le continent africain est la plus grande masse de terre bordant ces deux océans, cependant l’ autorité intellectuelle africaine a été si négligeable que l’Europe a parlé en notre nom. On ne devrait plus permettre à ceci de se reproduire. Lorsqu’il s’agit d’une simple question de musique classique, nous devons vouloir dire notre propre musique classique. Le concert de musique européenne n’occupe pas la principale place dans le Panthéon de notre musique. Nous devons agir comme si nous étions propriétaires de nous mêmes avant que nous puissions réclamer notre droit d’anniversaire en tant qu’Africains dans la tradition de nos ancêtres. Nous ne devons pas permettre aux autres de nous définir en étant extérieur à l’histoire ou au monde. Nous nous plaçons nous mêmes fermement dans nos propres expériences. Nos dirigeants politiques doivent avoir direction bonne, forte, audacieuse et intellectuellement loyale. La loyauté n’implique pas une approbation sans discussion, mais plutôt une intelligentsia qui comprenne la menace planant sur l’Afrique et engagée vers l’Afrique.

Cinq points pour notre approche
Je pense qu’il y a cinq idées importantes dans une approche afrocentrique des situations de l’Afrique et de la diaspora : (1) nous sommes des sujets, (2) nous sommes des agents, (3) nous construisons notre image, (4) nous réclamons les intérêts africains, et (5) nous partageons une conscience de victoire.

sujet – l’angle duquel nous voyons le monde ;
agent – une force causale auto-consciente et auto-déterminante ;
image – une forme ou un mode idéal basés sur des perspectives, une perception et des valeurs culturelles ;
intérêt – des bénéfices, des droits et seulement des prétentions partagées avec d’autres humains (vie, liberté, justice, auto-détermination etc.) ;
une conscience de victoire – l’attention et la reconnaissance d’une agence et d’une capacité africaines ; le rejet de l’auto-doute collectif, la capacité et le courage de remplir les défis et de transcender les difficultés.

Dans la diaspora, nous sommes souvent perçus comme courant après l’Afrique alors qu’en Afrique nous sommes souvent vus comme courant après l’Europe. Dans cette activité singulière, nous devons nous retrouver et il doit y avoir une rencontre heureuse des enfants d’Afrique. Nous ne devons pas permettre à ceux qui ont été, depuis presque cinq cent ans, les ingénieurs de notre désespoir, les architectes de notre désorientation, les concepteurs de notre mauvaise éducation, à continuer leurs assauts sur nos ancêtres, nos traditions, notre moralité, notre éthique et nos valeurs. S’il y a quelque chose, nous devons reprendre un rôle avant-gardiste dans la conduite politique et morale du monde. Nous devons trouver dans nos principes économiques les sources des relations humaines qui sont dynamiques, remplies mutuellement, et sans vice ni corruption. Laissé à ceux qui ont montré un désir de diriger le monde par le biais de la mondialisation, une nouvelle forme de suprématie raciale blanche, nous serons marginalisés dans les poubelles poussiéreuses de l’histoire par une culture hégémonique en faillite éthiquement.

Pan-africanisme et diaspora
Pour prétendre être un membre de la diaspora, je pense qu’il est essentiel que l’on démontre une solidarité pan-africaine avec une communauté africaine mondiale, un désir de revitalisation de l’Afrique, une conscience de victoire, et une certaine responsabilité par rapport aux objectifs de la renaissance africaine. Toute idée nostalgique de la mère patrie doit être vue en termes soit psychologiques, physiques, spirituels ou économiques. Si on ne peut pas retourner en Afrique physiquement, on peut retourner psychologiquement et économiquement. Si on ne peut pas retourner en Afrique physiquement, on peut retourner psychologiquement. Si on ne peut pas retourner en Afrique physiquement, on peut faire avancer l’héritage culturelle africain. Le moins que nous puissions faire est d’arrêter de mépriser les vies de nos ancêtres. On doit élaborer une réponse afrocentrique à toutes les discussions concernant la dégradation de l’Afrique. En décembre 1980, le grand Cheik Anta Diop m’a dit quelque chose que je n’ai jamais oublié lorsque, dans l’exubérance de ma jeunesse, je lui ai annoncé que je désirais dévouer ma carrière à la défense de l’Afrique. Il m’a déclaré : « L’Afrique n’a pas besoin d’être défendue ; elle a seulement besoin d’être avancée. Part et fait avancer l’Afrique ».

Le moteur qui conduira le nouveau pan-africanisme doit être l’afrocentricité, c’est-à-dire qu’il doit s’agir d’une vision non adulte, vigoureuse et non-apologétique pour une Afrique unifiée. Il n’y a pas de justification au prolongement de la discussion sur les éléments qui nous apporteront la renaissance. Nos enfants le demande. Notre avenir en dépend et nous pouvons le faire. Nous le ferons.

Nous n’avons pas commencé à utiliser notre puissance
Alors qu’il est vrai que le plus mouvement massif de populations d’un continent vers les autres fut le mouvement des Africains vers les Amériques et les Caraibes, notre lutte a été constante et conséquente. Nous n’avons jamais acquiescé à la séparation de notre mère patrie. Plus de quatre cent millions d’Africains vivent désormais dans la diaspora et notre population s’accroît. La population africaine approche les 900 millions. Au brésil, les Africains représentent environ 110 millions de personnes. Il y a des millions d’Africains dans d’autres pays d’Amérique du Sud comme au Pérou, au Vénézuela et en Colombie qui comptent des populations importantes. Aux Etats-Unis d’Amérique, il y a 40 millions d’Africains. Les Caraibes ont 50 millions de Noirs. Le Mexique compte environ 100 000 Africains. Nous savons que les populations combinées d’Africains dans des pays tels que la Grande Bretagne, la France, le Portugal, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, la Russie, l’Allemagne, la Turquie et la Suède est de plus de 1 000 000. Ainsi, les peuples de descendance africaine, y compris ceux qui furent dispersés dans le Sud-Ouest et dans le Sud-Est de l’Asie, sont composées de plus d’un milliard d’Africains.

J’espère que les idées suivantes seront incluses dans toutes les recommandations que nous faisons concernant l’intégration de la diaspora et du continent :

1. Les écoles en Afrique doivent inclure dans leur curricula l’information de la diaspora. Il n’ y aucune raison que les enfants africains ne connaissent Mae Jennison, la première femme noire à voler dans l’espace, Guion Bluford et Arnaldo Tamayo, les premiers Africains à voler dans l’espace, l’un des Etats Unis et l’autre de Cuba.

2. Les nations africaines devraient disposer de personnes dans les ministères dont le travail consiste à faire l’interface avec la diaspora sur chaque question. S’il est nécessaire de construire une route ou un hôpital, d’ouvrir une poissonnerie, de développer un équipement en communications, il n’y a pas de raison pour laquelle les nations africaines ne pourraient pas mieux comprendre les questions en découvrant les experts des descendants africains qui prendraient à coeur les projets, et cela même si elles doivent traiter en termes d’argent avec les nations occidentales.

3. Nous ne pouvons pas agir à partir de la faiblesse ou de la perception d’une faiblesse. Nous devons tous agir en pleine conscience de notre réalisation.

4. Les dirigeants africains devraient avoir une connaissance précise des communautés de la diaspora africaine. Cela leur permettrait de cibler les communautés en termes de ressources, d’idées, de concepts ainsi qu’en termes de relations politiques et économiques.

5. Le droit de retour de la diaspora africaine est une question légitime pour les gouvernements africains. Il n’y a pas de raison que ceux qui administrent les terres de nos ancêtres empêchent ceux d’entre nous qui ont été enlevés contre leur gré de leur mère patrie de rentrer en tant que citoyens. Cela constituerait un pas important dans notre réconciliation réciproque.

6. La diaspora africaine doit participer à la création des institutions, des organisations et des commissions qui encourageraient la coopération avec l’Afrique. Nos devons faire du lobbying dans nos propres nations en faveur d’une prise de conscience afrocentrique de la part de ceux qui participent aux gouvernements nationaux et nous devons forcer les gouvernements nationaux à examiner l’Afrique d’après l’équation utilisant la taxe en dollars. Cela tracera le chemin d’un respect mutuel et d’une appréciation de toutes les parties des Océans.

J’apprécie ce que Mario Azevedo dit de la diaspora en tant que concept d’analyse. Il est essentiellement préoccupé par l’aspect théorique, mais son point est important. Il écrit : « Au lieu d’utiliser des concepts basés sur des relations politiques d’hégémonie – telles que l’esclavage, la race et le colonialisme – comme modèle d’étude de la population noire, le paradigme de la diaspora place les populations noires au centre de l’étude et du sujet ». Ce que Azevedo comprend c’est que l’ancien paradigme était fondé sur l’hégémonie et sur notre domination. Nous étions considérés comme secondaires dans la grande marche de l’Europe dans l’istoire du monde. Ce temps est révolu. Nous n’irons pas dans le 21ème siècle en place secondaire dans l’étape de l’histoire; Nous n’abandonnerons pas notre place dans l’histoire de l’humanité à ceux qui parlent de civilisation alors que partout ils ont brutalisé les civilisés.

Nos points communs sont plus forts que nos différences
Nous avancerons lorsque nous comprendrons la dimension internationale de nos communautés, toutes avec leurs histoires et expériences propres mais toutes essentiellement africaines dans leur aspect, dans leurs objectifs, dans leurs ambitions et dans leur éthique. L’hégémonie de l’Occident, sous toute ses formes, que ce soit capitaliste ou marxiste, chrétienne ou séculière, socialiste ou mondialiste, a été à l’avantage de l’Europe et au détriment de l’Afrique. C’est la raison pour laquelle je suggère un modèle nouveau et plus puissant basé sur l’idée d’examens comparatifs des descendants des peuples africains. Nous devons faire avancer le monde africain dans toutes ses imbrications sous une perspective afrocentrique .

Cela signifie que nous devons dépendre de nous même. Ne croyez pas que la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, ou la Grande Bretagne, la France, l’Allemagne, le Japon, la Chine ou les Etats-Unis veulent voir les Etats africains atteindre une parité économique avec eux. Il n’y aura pas de sauveur du dehors de l’Afrique.

Nos actions doivent être basées sur une analyse, mais nous ne devrions pas être paralysés par l’analyse. L’une des manières dont les idées sont détruites, c’est par l’analyse qui ne conduit pas à l’action. Qu’est-ce que c’est que d’être une diaspora ? Nous savons par exemple qu’il peut y avoir une multiplicité de diasporas dans une seule nation, comme lorsque vous avez les Sénégalais, les Tchadiens, les Maliens, les Algériens et les Togolais en France. Ils peuvent même interagir entre eux de différentes manières à cause de la classe, du genre, de l’ethnicité, de la relation avec l’Occident et des idées de mondialisation. Nous ne pouvons pas permettre des disparités pour nous arrêter d’agir ensemble dans le meilleur intérêt de l’Afrique. Il est vrai que nous pouvons découvrir des similitudes et des disparités dans nos expériences culturelles et historiques. Je sais que nous avons plus de similitudes que de différences. Plus important, dans la mesure où nous trouvons des similitudes culturelles, nous devrions proposer des moyens pour que nos problèmes politiques, sociaux et économiques communs, puissent être résolus en observant plusieurs diaspora. Nous avons certainement résisté aux ennemis communs, aux tentatives communes de bouleverser l’Afrique et les Africains, et nous avons tenu nos têtes hautes en tant qu’Africains pendant cinq cent ans, en dépit de la vie dans l’ère la plus brutale de l’histoire humaine.

Dévoiler les éléments faux
Nous devons nous préserver des gens perfides qui nous sourient et prennent notre hospitalité pour de l’innocence et notre grâce pour de la stupidité. Nous devons avoir conscience de l’existence de ces meurtriers. Notre force doit venir d’un engagement afrocentrique plus fort que la religion parce que la religion a toujours été utilisée pour nous diviser. Il n’y a rien de plus fort qu’un engagement collectif en faveur de la montée de l’esprit africain.

Tout comme nos expériences ethniques sur le continent diffèrent, les expériences diasporiques diffèrent également. Nos environnements sont souvent différents et les réponses que nous avons apportées au Brésil peuvent être différentes de celles que nous avons faites en Jamaique, à Cuba et au Canada. Cependant, nos similitudes sont fondées sur la manière dont nous avons cherché à maintenir notre rectitude face à l’absence de rectitude par une recherche de l’harmonie au milieu du chaos politique et social. Et aussi par le pan-africanisme et plus tard l’Afrocentricité qui conduit l’idée de la diaspora comme unité d’analyse.

Le pan-africanisme était une innovation diasporique. Séparés de notre continent d’origine, incapables de contrôler nos propres destinées et assaillis de toute part, nous avons cherché un instrument politique d’organisation d’une action collective. Ainsi le pan-africanisme est-il né pour nous réunir dans notre combat pour des droits économiques, sociaux et politiques dans la diaspora et dans les Caraibes, contre la discrimination aux Etats-Unis, contre l’assimilationisme au Brésil et pour la promotion de l’unification des Noirs, en particulier ceux qui vivent sur le continent.

Debout ! Vous gens de valeur
Je suis prêt à nous voir nous établir au centre de la scène mondiale. Je suis prêt à nous voir former une Afrique intégrée où les idées, les énergies et les concepts qui nous ont rendu créatifs, forts et capables sont utilisés pour une direction morale, politique et intellectuelle du monde. On ne devrait pas dire que nous nous tenons debout sur le bas côté pendant que le cadre des enfants Wotaniques tumultueux prévoit un nouveau Ragnarok pour le monde. Je suis prêt à voir rejeter tous les neurones qui sont associés aux legs du colonialisme, à la discrimination et à l’esclavage. Je suis prêt à nous voir accepter nos cultures en héritage être façonnées et modelées plutôt que le bagage jeté sur le bas côté. Je suis prêt à nous à nous voir prendre des initiatives intellectuelles pour notre propre destinée. Nous devons aujourd’hui nous dévouer réciproquement et travailler à notre postérité pour remettre l’Afrique à sa propre place dans l’ordre du monde. Peut-être bientôt, peut-être maintenant, pouvons-nous comprendre le sens d’Harriet Tubman, de Kwame Nkruma, de Malcom X, de Marcus Garvey, debout gens de valeur, vous pouvez faire ce que vous voulez !

***Informations concernant l’auteur
Molefi Kete Asante est professeur en Africologie au Département des études afro-américaines à l’Université de Temple. Il est le fondateur du premier programme de doctorat en études afro-américaines et le concepteur de la théorie afrocentrique. Ses 60 publications couvrent l’histoire de l’Afrique, la culture et les études linguistiques des deux continents. Ses derniers ouvrages sont Encyclopedia of Black Studies et Cheikh Anta Diop : In the Light of Africa

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Les derniers résultats scientifiques obtenus en Afrique suscitent de solides espérances dans la lutte contre ce fléau.

Le fait est trop rare pour ne pas être salué: on enregistre depuis peu une série de progrès importants dans la lutte contre le paludisme. Cette maladie parasitaire demeure certes un problème majeur de santé publique dans différentes régions du monde et tout particulièrement sur le continent africain. Elle a ainsi été à l’origine, en 2009, de près de 800.000 morts prématurées dans les pays africains subsahariens, les victimes étant le plus souvent des enfants âgés de moins de cinq ans.

Mais pour dramatique qu’il soit, un tel bilan ne doit toutefois pas faire oublier le contexte général. C’est ainsi que le lutte menée contre ce fléau parasitaire transmis par des moustiques a, ces dix dernières années, permis de réduire de moitié la mortalité dans plus de dix pays d’Afrique. Un progrès qui permet d’espérer que l’objectif fixé à l’horizon 2015 —parvenir à l’élimination de la maladie dans dix autres pays— pourra être atteint.

Lire l’article sur http://www.slateafrique.com/45751/sante-paludisme-les-vaccins-ne-sont-plus-des-mirages

 

D’origine sénégalaise, Rougui Dia est l’une des rares femmes chef cuisinier en France qui officie dans un restaurant de gastronomie française et de tradition russe. Parcours d’une jeune femme moderne et déterminée.

« Il faut en vouloir et ne pas se décourager pour évoluer dans ce milieu », affirme le nouveau chef du restaurant Petrossian, avec beaucoup de modestie. Et pourtant, Rougui Dia n’aimait pas cuisiner au départ et se destinait plutôt à la couture ou à l’armée, carrières qu’elle a envisagées un moment et oubliées très vite. Tout commence lorsqu’un jour, encore adolescente, elle doit préparer un plat familial peulh, une sauce à base d’épinards, qui s’avère être un véritable succès. L’expérience culinaire la détermine à entrer à l’école hôtelière de Villepinte (région parisienne) pour apprendre les bases des métiers de la table.

Après deux CAP (Certificat d’aptitudes professionnelles) en cuisine et un BEP (Brevet d’études professionnelles) de service en salle, elle connaît les premières difficultés : trouver une entreprise qui veuille bien la recruter. Loin de se décourager et en attendant d’accéder à des fonctions de responsabilité, Rougui fait du service en salle, puis entre en cuisine en tant que commis. En 2001, elle est engagée chez Petrossian et occupe les places de second de cuisine, puis de chef de partie, notamment auprès de Phillipe Conticini, chef pâtissier reconnu dans la profession. Ce qui laisse présager du talent de la jeune femme. Elle excelle donc, sans perdre de vue son objectif : évoluer. La rencontre avec le chef Sébastien Faré sera déterminante pour sa carrière. En Avril 2005, il la nomme à son tour Chef de cuisine, lui confiant ainsi les rênes d’une équipe de huit à neuf personnes.

Une cuisine riche et métissée

Tout en respectant la tradition de la maison Petrossian, Rougui Dia aime innover, toujours à l’affût d’une cuisine ouverte sur le monde. Les spécialités qu’elle cuisine le sont principalement à base de poisson. Dans la boutique juste en bas du restaurant, on trouve plusieurs variétés de caviar russe, de saumon fumé et bien d’autres produits fins. Si l’œuf Petrossian est l’une des recettes phares de la maison, Rougui a eu à relever un défi lors du dernier réveillon, en composant un dîner d’exception à base d’agneau, auquel elle a ajouté des bananes plantains en accompagnement, faisant ainsi un petit clin d’œil à ses origines africaines.

S’il est passionnant, le métier de chef reste exigeant tant au niveau des horaires que de l’investissement physique. Rougui l’admet volontiers, non sans une petite lueur d’excitation dans le regard. Il faut sans cesse créer, trouver des produits rares, de nouvelles alliances, rehausser le goût d’un poisson, lui garder toute sa saveur et son moelleux. La cuisson devient alors un art et le résultat doit éblouir… Le midi, Mme Petrossian vient parfois goûter les plats confectionnés par Rougui et son équipe, pour l’évaluer et donner un avis.

Une cuisine métissée

C’est un travail enrichissant et Rougui s’entend très bien avec ses collègues, pour la plupart rencontrés sur les bancs de l’école et lors de son parcours professionnel. Quant aux clients du restaurant, ils ne demandent qu’à goûter aux nouveaux plats du Chef. Des plats toujours plus épicés, expression de cette recherche constante du mélange des saveurs, la cuisine sénégalaise, indienne ou antillaise, influençant sans conteste le travail de Rougui. Et c’est sans doute ce qui a plu à ses patrons.

Quant on lui demande quelles sont les qualités pour devenir chef, Rougui Dia répond qu’elle estime avoir eu beaucoup de chance et que c’est grâce aux bonnes rencontres qu’elle est là aujourd’hui. D’abord Phillipe Conticini, qui lui a fait confiance et apporté son expérience, puis Sébastien Faré, sans oublier le couple Petrossian, « soucieux d’amener la maison vers de nouveaux horizons culinaires ». Son exemple, espère-t-elle, ouvrira des portes à d’autres jeunes femmes africaines, désireuses de faire ce métier. Et avec un sourire timide, Rougui Dia retourne à ses plats tout en répondant aux nombreuses sollicitations et consciente de l’attention qui lui est faîte. A bientôt trente ans, elle veut continuer de mériter la confiance de ses patrons et impressionner…

Lu sur Afrik.com

 

La téléphonie mobile fête cette années ses 25 ans sur le continent.

Le salon Africa Telecom People, qui s’est tenu les 5 et 6 octobre derniers à Abidjan, a fêté les 25 ans de la téléphonie mobile sur le continent. Une occasion pour les opérateurs, mais aussi les pouvoirs publics de débattre de l’avenir du secteur, tout en jetant un œil critique sur le chemin parcouru depuis la création du premier réseau africain en 1986.

Les licences 3G pleuvent sur le continent. Burundi, Zambie, Swaziland, Liberia et Niger au cours des derniers mois ; Gabon dans quelques jours ; et bientôt CamerounCôte d’IvoireAlgérie… Les trois quarts des pays africains auront bientôt opté pour l’internet mobile. Une étape décisive qui matérialise la possibilité pour des millions d’utilisateurs de portables de communiquer avec leurs proches via emails et réseaux sociaux, mais aussi pour certains de trouver de l’information à valeur ajoutée, de prospecter de nouveaux clients, de réaliser des opérations administratives ou financières…

 

Lire l’article sur http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20111010125532/

(Syfia Mali) À 20 ans, Ismaïla Samassekou ne rêvait que d’Occident. Refoulé aux portes de l’Europe, il a fondé en 2005 avec d’autres anciens migrants clandestins une association. Cette dernière, qui compte plus de 400 membres dans plusieurs régions du Mali, accueille les expulsés et mène des campagnes pour dissuader d’autres jeunes de partir.

Syfia international : L’expulsion est une expérience douloureuse. Comment vous en êtes-vous remis ?
Ismaïla Samassekou : En fait, j’étais plutôt content de revenir, car j’avais peur. J’ai été refoulé à la suite des évènements de Melilla et Ceuta en 2005. Les gens se sont révoltés et voulaient rentrer en Espagne en escaladant les barbelés. Des gardes-frontières ont tiré sur la foule. Des gens sont morts (11 clandestins, Ndlr), certains ont pu entrer en Europe, mais beaucoup comme moi ont été arrêtés.
Quand je suis revenu au Mali, je n’ai eu aucun problème. Mes parents, mes amis, tout le monde m’a bien accueilli. Par contre, ce qui me dérange jusqu’à présent est que ceux qui ont pu aller en Espagne ont dit qu’il fallait être béni pour fouler le sol européen. Ça m’a fait mal d’entendre cela. Un jour j’irai, mais pas pour travailler. Juste pour leur prouver que ce n’est pas par malédiction que je n’y étais pas entré.S.I. : Selon vous, les jeunes sont-ils poussés à l’émigration ?
I.S. : Les responsabilités sont partagées. Les jeunes prennent la décision de partir, mais les parents sont souvent responsables, de même que toute la société. Ainsi, dans certaines parties du Mali, lorsque vous n’émigrez pas, si par exemple vous n’avez aucun parent en France, en Espagne, aux États-Unis ou en Italie, vous ne pourrez pas trouver une épouse. Certains ont perdu leurs fiancées parce qu’ils étaient partis et revenus sans avoir réussi… Il faut que les gens abandonnent ce genre d’idéologie. Ayons foi en nous-mêmes et en notre pays !S.I. : Qu’avez-vous entrepris depuis votre retour au Mali ?
I.S. : Avant de tenter d’émigrer en Espagne, j’étais en première année de Droit à l’Université de Bamako. J’ai donc repris mes études. Mon mémoire porte sur les questions de migrations. Je me consacre également aux activités de l’Association retour, travail, dignité (ARTD). Notre siège héberge pendant trois jours des expulsés d’Europe en attendant qu’ils regagnent leurs familles. La plupart sont en effet de jeunes ruraux qui n’ont pas de parents à Bamako. Ils reviennent très démunis. Nous leur donnons à manger et informons leurs proches. Nous les aidons également à retourner chez eux.
Nous organisons par ailleurs des campagnes d’information sur les dangers de la migration irrégulière. Tous nos membres sont des clandestins refoulés. Nous savons donc que l’Europe n’est plus l’Eldorado et qu’il faut expliquer aux gens les souffrances qu’on peut rencontrer sur la route de l’émigration clandestine. Nous avons sillonné plusieurs régions du Mali pour présenter une pièce de théâtre inspirée de nos expériences. Le 18 décembre dernier, à l’occasion de la Journée internationale des migrants, nous avons été à Kita (environ 160 km au sud de Bamako, Ndlr) avec une ONG espagnole pour sensibiliser les jeunes. Enfin, nous alertons le gouvernement malien pour qu’il intercède auprès des autorités libyennes, afin que nos compatriotes migrants, détenus dans ce pays, soient libérés.

S.I. : Que conseillez-vous aux jeunes qui veulent partir ?
I.S. : Je vois dans mon quartier beaucoup de jeunes qui ont le permis de séjour en Espagne, mais qui sont au Mali depuis plusieurs mois. Ils n’arrivent pas à repartir. Ils disent que c’est parce qu’il n’y a pas de travail là-bas… Les gens ne doivent donc pas risquer leur vie en traversant le Sahara pour chercher ce qui n’existe pas. Le problème est que nous n’avons pas l’ambition de changer les choses dans notre pays. Nous pensons que nous ne pouvons pas réussir sans quitter le Mali. Pourtant, il y a beaucoup d’opportunités offertes par le gouvernement et des organismes comme le CIGEM (Centre d’information et de gestion des migrations à Bamako, structure de l’Union européenne, Ndlr) qui informe et accompagne les gens, notamment à des métiers artisanaux ou agricoles. Nous pouvons aussi bénéficier de l’appui de l’ANPE (Agence nationale pour l’emploi) sans y connaître quelqu’un. Je dis donc aux jeunes qu’ils peuvent réussir ici au Mali.

Imaginé en 2010, ce projet est né de la conviction que l’art est un outil d’ouverture et de partage susceptible d’abolir les frontières et de transformer notre vision du monde.

Le MuMo (pour « musée mobile »), c’est un assemblage de conteneurs pouvant aisément être chargé sur un camion et parvenu à destination il se transforme en un musée, ouvrant sur quatre espaces distincts chacun plongeant les enfants dans un univers différent : peinture, sculpture, installation, vidéo, design, etc. dans cet espace mobile, des œuvres d’art spécialement destinées aux enfants. Et signées de grands noms de l’art contemporain : le Congolais Chéri Samba, le Français Daniel Buren, l’Égyptienne Ghada Amer, l’Algérien Adel Abdessemed, l’Italien Maurizio Cattelan, et bien d’autres. D’octobre 2011 à novembre 2012, ce musée itinérant voulu par Ingrid Brochard, fondatrice de L’Art à l’enfance, parcourra la France, le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin.

 

Lire l’article sur http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2644p008-009.xml4/